On se rappelle tous du « Dieselgate » qui fut révélé en septembre 2015 lors de l’ouverture du salon automobile de Francfort. L’affaire a provoqué un scandale mondial et il a mis à la réputation et la probité de l’industrie automobile, notamment celle des marques allemandes et même plus particulèrement celles du groupe Volkswagen alors dirigé d’une main de fer par Martin Winterkorn.
En 2015, à la suite d’accusations portée par l’agence environnementale américaine (EPA), Volkswagen avait reconnu avoir équipé quelques 11 millions de moteurs de type EA 189 sur ses véhicules diesel ou TDI d’un logiciel capable de diminuer les niveaux de pollutions lors de tests en laboratoire et sur routes notamment pour les homologations.
Les marques Volkswagen et Audi furent notamment lourdement impliquées dans cet épineux dossier écologico-industriel qui a mis sens dessus dessous durablement le secteur automobile et l’a précipité vers le tout électrique comme pour se repentir d’avoir été mauvais, tricheur et pollueur.
On se souviendra que le groupe Volkswagen a déà dû payer plus de 30 milliards d’euros en remboursements, dédommagements et frais judiciaire dont la plus grosse partie aux États-Unis.
Condamnés mais pas emprisonnés
Ce jour, en Allemagne, le tribunal de Munich rendait son verdict pour trois dirigeants de la firme aux anneaux, Audi.
Ainsi Rupert Stadler, l’ancien PDG d’Audi entre 2007 et 2018 était le premier dirigeant du groupe Volkswagen jugé dans cette affaire du Dieselgate. Les juges ont jugé et il a été condamné à une peine de prison avec sursis assortie d’una amende grâce à des aveux trè tardifs sur le rôle qu’il a joué dans le scandale des moteurs diesels truqués.
Il a donc été condamné à 21 mois de prison avec sursis ainsi qu’à une amende de 1.1 million d’euros par le tribunal régional de Munich qui le jugeait depuis septembre 2020, c’est à dire près de trois ans.
Stadler avait toujours contesté les faits reprochés avant d’accepter, en mai, de faire des aveux complets pour le délit de fraude par omission qui lui était reproché, grâce à une proposition du tribunal bavarois. Ce choix lui évite une peine d’emprisonnement qui aurait pu aller jusqu’à dix ans. Surement n’avait-il pas envie de retourner en prison après y avoir goûté durant 4 mois en 2018 dans le cadre d’une détention provisoire (ou préventive) en 2018.
Sans vouloir pleurer sur le sort du dirigeant allemand âgé aujourd’hui de 60 ans, on aura à l’esprit que Rupert Stadler a trouvé un accord avec Volkswagen il y a deux ans, pour renoncer à certains de ses bonus afin de régler quelques 4.1 millions d’euros de dommages au groupe automobile.
Le tribunal régional de Bavière jugeait en même temps que l’ancien patron d’Audi, deux autres membres du directoire du constructeur d’Ingolstadt, messieurs Hatz et Pamio.
Les deux coaccusés ont été condamnés à de la prison avec sursis et à une amende.
Cette condamnation à du sursis est assortie d’une amende de 400.000€ pour Wolfgang Hatz et Giovanni Pamio est soumis à 21 mois de prison avec sursis et il devra payer une amende de 50.000€.
L’AFP signale par ailleurs que ce premier procès du Dieselgate aura nécessité plus de 170 jours d’audience, plus de 190 témoins entendus et plus de 1.400 documents lus durant les audiences.
Après Audi, au tour de Volkswagen
Si l’affaire semble se terminer pour Audi, elle est loin d’être à son terme pour le groupe VW puisque quatre anciens hauts responsables de Volkswagen, accusés eux aussi de fraudes diverses et variées, sont jugés depuis 2021 par le tribunal de Brunswick en Basse Saxe, à une grosse trentaine de Wolfsburg, siège du puissant groupe industriel allemand.
Les audiences lancées il y a deux ans devraient encore durer jusqu’en 2024 mais hélas, elles se déroulent toujours sans le principal accusé, Martin Winterkorn, l’ancien grand patron du premier constructeur européen à l’époque du scandale.
En effet, l’imposant et ex puissant patron de Volkswagen aurait quelques petits ennuis de santé. Cela lui permet de présenter régulièrement des certificats médicaux qui le dispensent d’être présent au procès pour répondre de ses agissements et décisions.
L’homme manquerait-il de courage pour assumer ses errements et sa politique de triche afin d’imposer au plus grand nombre le moteur TDI traficoté ?
Via AFP, FAZ, Süddeutsche Zeitung