Il ne devait pas y avoir l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre le n°1 de Renault, Jean-Dominique Senard et le n°2, Thierry Bolloré. On constate ce matin qu’il y avait depuis quelques temps l’épaisseur d’un mur en parpaings.
Nous sommes donc bien loin des discours officiels et ampoulés que savent distiller les communicants des entreprises.
Un conseil d’administration improvisé
Alors que le conseil d’administration de Renault devait se réunir le 18 octobre prochain, c’est finalement ce matin qu’il a été convoqué en urgence pour valider la révocation immédiate de Thierry Bolloré, directeur général de Renault depuis janvier dernier mais nommé début 2018 par Carlos Ghosn au poste de n°2 de la marque au losange.
Le CA de Renault SA, convoqué ce jour, a révoqué Thierry Bolloré, en fonction depuis janvier. Lors du tour de table, aucun des administrateurs n’a voté contre le départ du n°2 de l’entreprise automobile française.
Griefs et justifications de l’éviction
Le conseil d’administration de Renault justifie cette éviction par plusieurs éléments que voici :
- Médiocre performance financière de Renault SA sur les 9 premiers mois de 2019.
- Chute de 50% du bénéfice au premier semestre 2019 (2 milliards d’euros en 2018 / 1 milliard d’euros en 2019).
- 700 millions d’euros de trésorerie consommés en six mois en raison d’une importante hausse des investissements
- Les éléments financiers constatés depuis le mois de juillet 2019 ne sont en ligne avec les objectifs fixés
- Mauvaise gestion des cadres dirigeants et importants qui ont quitté Renault pour partir à la concurrence ou chez le pire ennemi, le groupe PSA
- Bolloré est un homme de l’ère Carlos Ghosn et ça doit se « payer »
Thierry Bolloré, malgré ses remarques et sa véhémence, quitte donc ce jour Renault avec perte et quelques fracas puisqu’il est la victime d’une sorte de psychodrame qui dépasse largement le cadre de Renault puisqu’il concerne le dossier judiciaire et les deux décennies sous la gouvernance Ghosn, la survie mais aussi la relance de l’Alliance [ndla : Saïkawa a été viré il y a trois jours] et JD Senard devait montrer ses muscles, pour plaire à l’état français et pour faire face à Nissan mais aussi pour faire oublier une mollesse apparente que nous avons pu apprécier depuis neuf mois.
Une directrice générale « maison » (une ex Ghosn…)
C’est l’actuelle directrice financière de Renault qui vient d’être nommée directrice générale de Renault par intérim en attendant l’arrivée d’un nouveau patron ou d’une nouvelle patronne dont le recrutement n’est pas encore lancé tant cette convocation du conseil d’administration de la marque au losange fut soudaine et organisée à la va-vite.
Via Renault, AP, AFP, LesEchos, La Tribune.