Hier vendredi, dans la soirée, à l’heure où il n’y apresque plus personne pour suivre les débats à l’Assemblée Nationale, les députés ont adopté un amendement qui autorise le versement d’une prime à la conversion pour l’achat d’un vélo à assistance électrique ou VAE en échange de la mise à la destruction d’une voiture dite « polluante ».
Tous en vélo
L’amendement déposé par le député LREM des Bouches du Rhône Jean-Marc Zulesi, qui est aussi le rapporteur de la loi Climat et résilience, veut lancer un signal fort et enclencher le passage de l’auto au vélo.
C’est bien, la loi est votée. Toutefois, cet amendement semble avoir été écrit sans aucune analyse ni anticipation puisqu’au delà des idées générale, aucun élément tangible et pratique n’est proposé par le texte législatif.
Ainsi on ne sait pas à combien s’élève le montant de cette prime ni quelles éventuelles conditions de ressources nécessaire pour en bénéficier même si on se doute qu’une fois encore ce sont les plus pauvres ou ce qui fut dans le passé la classe ouvrière qui sont visés par cette loi et cette prime.
En agissant de la sorte et sous un pseudo prétexte d’écologie, on tente de priver discrètement une partie de la population d’un moyen de déplacement ou même de vie au quotidien.
Si on en croit Le Parisien qui est allé à rencontre de Pierre Serne, président du Club des villes et territoires cyclables et conseiller régional EELV d’Ile-de-France tout est à faire. L’élu de préciser :
« L’idéal serait au moins d’avoir une prime qui couvre entre 40 et 50% du prix d’un VAE, ou une aide financière comprise entre 500 et 1000€. »
L’élu vert va plus loin en ajoutant qu’il faudrait mettre en place une prime familiale à la conversion qui permettrait de financer plusieurs vélos dans un foyer qui se débarrasse du véhicule familial.
Les familles vont être heureuses de passer d’un monospace avec 6 places à 6 vélos… Ce sera l’idéal au quotidien mais aussi pour aller faire les courses, emmener les enfants à leurs activités ou partir en vacance à la montagne ou dans la famille à 350 km.
Certains adeptes du dogme vert, de la décroissance et de l’immobilité verront dans cette idée une véritable avancée qui fera rester sur place ou régresser des centaines de milliers ou quelques millions de familles qui auront été « subjuguées » par cette idée lumineuse.
Via Olivier Schneider, président de la FUB (Fédération Française des Usagers de la Bicyclette)
Et si le vélo ne suffit pas, il y a le bus…
Pour accompagner l’amendement Zulesi, les associations pro vélo et écolos sont montées au créneau en apportant leur lot de propositions et parmi celles-ci, une a retenu l’attention de l’élu du sud de la France.
Et si cette prime à la conversion au vélo à assistance électrique permettait aussi de financer un ou plusieurs abonnements aux transports en commun ?
Un rêve pour les adeptes de la décroissance qui voient dans cette idée une moindre production (polluante) de bicyclettes équipées de batteries..
Jean-Marc Zulesi assure que l’idée, qui ne lui avait pas traversé l’esprit, est une très bonne proposition qui a sa place dans la loi sur le climat et surtout… sur la résilience de la population.
Il ajoute que l’idée peut être encore ajoutée mais que c’est tout le service d’après vote qu’il faudra assurer afin que la volonté du législateur soit bien respectée. Attendons nous donc au possible ajout d’un alinéa créant la prime à la conversion vers le bus et le métro puisque le train semble exclu de cette écologique idée.
On attend désormais l’idée de la prime à la conversion vers l’achat de trois paires de chaussures fabriquées localement et sans matières animales !
Pierre Serne, l’élu écologiste président du Club des villes et territoires cyclables précise toutefois qu’avec cet amendement, le législateur part un peu vers l’inconnu car il n’y a aucune étude, ni estimation qui a été faite jusqu’à maintenant sur le sujet.
Au mieux, on peut se référer à une étude de l’Ademe qui note que dans certains cas et dans certaines zones urbaines ou péri-urbaines l’abandon de la deuxième voiture a entraîné un passage au vélo électrique.
Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, a toutefois assuré que des crédits étaient déjà disponibles pour toutes ces aides d’état, que des budgets étaient en cours de mise en place pour la prime à la conversion mais qu’ils n’étaient pas encore utilisés. Enfin, aucun montant global des aides ni aucune durée d’application n’ont été révélés par la ministre ou le rapporteur de la loi qui semblent l’un et l’autre être dans le flou.
Vous n’avez plus de monospace ou de fourgon/ludospace, pensez au vélo-cargo !
L’amendement Zulesi est à tiroirs et quand on le détaille, on en découvre que la prime à la conversion mène à tous ou presque.
Le texte législatif propose aussi de de financer les bicyclettes à forte valeur ajoutée c’est à dire les vélo-cargos « professionnels » ou VCU (Vélo Cargo Utilitaire) qui permettent aux professionnels de transporter jusqu’à 250 kg de marchandises, de matériaux ou de matériel. Les particuliers ne sont pas oubliés puisque les particuliers qui envisageront l’achat d’un vélo cargo destiné au transport des enfants et/ou aux courses familiales pourront être subventionnés s’ils mettent au rebut leur automobile de plus d’une dizaine d’années.
Dans cet amendement qui ressemble à un amendement « fourre tout », on évoque aussi une possible adaptation de la prime à la conversation au rétrofit et le financement des dispositifs dits « anti-angle mort » sur les poids lourds qui doivent permettre de sauver la vie de plusieurs dizaines de cyclistes ou piétons tués accidentellement.
Le dossier est à suivre car aucune date de mise en application de cette nouvelle aide ou prime n’est annoncée mais il n’est pas évident qu’elle remporte l’adhésion de la population qui peut avoir des envies d’écologie réelle et durable mais pas d’une écologie dogmatique et bien trop contraignante.
Via AN, LeParisien, AFP, Twitter, LeFigaro, Olivier Schneider, FUB.