Pour sortir du déconfinement, les boss de la Nascar avaient choisi évidemment un circuit des états du Sud. On connait l’attachement que cette discipline porte aux valeurs sulfureuses de cette partie des USA. Le public de la Nascar, c’est la base même de l’électorat de Trump, c’étaient les Bush naguère. Les présidents, pas les pilotes. Quoique…
La Caroline du Sud, de tout temps, n’a jamais brillé par son progressisme, son attachement à l’humanisme et aux valeurs démocratiques. Elle fut le premier état à faire sécession en 1860 et jusqu’à aujourd’hui, il ne fait pas bon être descendant d’esclave dans cette partie du monde. C’est la terre de la Nascar. Blanche, trumpiste donc un peu réactionnaire ou très marquée par l’esprit conservateur. La majorité des écuries de la série y a ses attaches.
Les écuries sont au rendez-vous, Mack aussi mais pas les spectateurs
Alors, dans un climat très clivé, le symbole est fort. Il y aurait dorénavant deux Amériques : celle de la peur et de l’angoisse, et celle du travail, de la santé et de la reprise. Trump et ses amis n’hésitent devant rien au moment où on recense plus de 28000 morts à New York, 10 000 dans le New Jersey, 6000 dans le Masachussetts, véritables noyaux de la pandémie américaine tandis que la Caroline du Sud ne dénombre que 385 morts.
Alors, la droite de la droite américaine a beau jeu de revendiquer la reprise économique, donc sportive, à tout prix au moment où le pays traverse sans doute la pire crise d’unité de son existence en tant que confédération après la guerre de Sécession évidemment.
Pour faire bonne mesure, l’épreuve était dédiée aux ‘’héros anonymes’’, les mêmes qu’en France, avec sans doute à la clefs le même traitement : des applaudissements et des médailles et pas grande considération des politiques et des décideurs au final.
Ce furent eux qui, par vidéo interposée, donnèrent du fameux ‘’Gentlemen, start your engine’’. Tout pouvait recommencer.
En Amérique, quand la Nascar roule, tout doit rouler.
Pas de public dans les tribunes, les teams limités à dix huit personnes par équipe, les masques obligatoires pour les mécaniciens, les techniciens et les officiels, cela avait la forme de la Nascar, l’image de la Nascar mais pas de vibration, pas de passion. Pas de ces étonnants moments voués au public et ses adorations des héros des ovales. Mais le message avait été envoyé.
Trump pouvait souffler, l’Amérique, grâce à la Nascar n’était pas sur le flanc. Pour faire sobre, les masques n’étaient pas trop floqués aux couleurs des annonceurs.
Sauf pour Fox TV, mais on s’en serait douté. Pour les teams, seul un discret ‘’Team Penske’’ ornait ceux des membres de l’équipe de l’état voisin de North Carolina.
Quarante voitures au départ, quelques rookies à Darlington, un temps idéal mais pas un motorhome autour du circuit, moins de mille personnes au total sur cette ovale de 2.1 kilomètres et surtout une ambiance plombée.
Cela faisait deux mois que personne n’avait réalisé le moindre tour de piste et on n’en menait pas large avant le baisser du drapeau.
A la fin, c’est Ford qui l’emporte
Côté sportif, il fallut donc un peu de temps à tout ce petit monde pour reprendre le rythme.
Stenhouse ne fit même pas un tour. Si on pensait que les Chevy Camaro allaient tout rafler en début de course, elles durent assez rapidement subir la loi des Ford. Jimmie Johnson tapait le mur en doublant un retardataire.
Seul devant, Bowman résistait à l’assaut des voitures du team Stewart- Haas emmené par un Kevin Harvick des grands jours. Belle remontée de Kurt Bush qui termine devant Chase Elliot.
Les Toyota Camry ont été à la peine, Hamlin et Truex terminent à la cinquième et sixième place.
Retour vidéo sur la « Course des héros » à Darlington
Crédits photos : Nascar, Ford Performance, Darlington Raceway, Youtube.