A Boulogne-Billancourt, ce vendredi 23 avril 2021 se tenait l’Assemblée générale annuelle du Groupe Renault durant laquelle les dirigeants du groupe automobile ont présenté aux actionnaires la raison d’être de Renault en 2021 ainsi que les grandes lignes des projets prévus pour demain et même après demain.
Si on en croit les éléments officiels, ce nouveau projet pour le Groupe Renault a été co-construit avec l’ensemble des salariés et en concertation avec les différentes parties prenantes avant d’être entérinée par le Conseil d’administration de l’entreprise française.
Toujours selon le communiqué, ce plan pour l’avenir exprime l’ambition et le dessein collectif du groupe en France et dans le monde.
Jean-Dominique Senard, Président du Conseil d’Administration de Renault a dit en préambule à l’assemblée générale :
« Chez Renault, la technologie et l’innovation sont toujours au service des personnes, et jamais l’inverse. Parce que le but ultime est de nous rapprocher. C’est la liberté qui rend la mobilité d’aujourd’hui possible, et plus encore demain.
La force d’une entreprise, son mouvement, sa dynamique à long terme, dépendent du bon alignement des valeurs, de la gouvernance et de la stratégie avec l’expression de la finalité. Cet alignement produit de la substance mais aussi le sens. Et le sens est la base de la confiance, de la fierté d’appartenance, de la motivation, de l’engagement des parties prenantes … et donc de la performance. »
Puis Luca de Meo prit la parole et il dit…
Le directeur général du groupe automobile français est lui aussi intervenu durant la réunion.
Etait ce pour faire de la com’ ? Pour se faire entendre et montrer qu’il est le boss ? Ou les deux ?
Toujours est-il qu’il avait décidé de marquer les esprits en faisant quelques annonces importantes.
Ainsi, Luca de Meo a annoncé que tous les véhicules fabriqués par Renault et par Dacia seront rapidement auto-limités en usine à la vitesse maximale 180 km/h. Cette décision entrera en vigueur dès janvier 2022. Le patron de Renault justifie cette décision par son choix d’améliorer la sécurité routière. Est ce la réalité ? On peut avoir quelques doutes au sujet de cette justification.
Cette décision concerne, au regard de la gamme actuelle, environ 13 modèles des gammes Renault et Dacia, les voici :
- Renault Mégane TCe 140 : 205 km/h
- Renault Mégane TCe 160 : 205 km/h
- Renault Mégane R.S. : 260 km/h
- Renault Scénic TCe 160 : 210 km/h
- Renault Scénic Blue dCi 150 : 210 km/h
- Renault Kadjar TCe 140 : 203 km/h
- Renault Kadjar TCe 160 : 210 km/h
- Renault Koleos TCe 160 : 200 km/h
- Renault Talisman TCe 160 : 207 km/h
- Renault Talisman Blue dCi 190 : 225 km/h
- Renault Talisman Blue dCi 160 : 216 km/h
- Renault Espace Blue dCi 160 : 200 km/h
- Dacia Duster 1.3 TCe 150 : 202 km/h
La marque Alpine, son coupé A110 et les futurs modèles de la firme dieppoise n’ont pas été mentionnés par Luca de Meo.
Sachez par ailleurs que la prochaine Mégane E attendue sur le marché en 2022 verra sa vitesse maximale limitée à 160 km/h. Nous ne sommes donc pas près de revoir une Mégane R.S. aux performances de vraie sportive !
En prenant une telle décision, Renault s’engage dans la brèche ouverte par Volvo qui ne produit plus depuis quelques mois que des véhicules dont la vitesse maximale est elle aussi bridée à 180 km/h.
L’annonce a essentiellement un impact psychologique puisque quasiment aucun conducteur ne roule à une telle vitesse en permanence s’il respecte les actuelles limitations qui sont fixées à 130 km/h sur autoroute, 110 km/h sur les routes à 4 voies séparées, 70 à 90 km/h sur les routes et 20 à 50 km/h en ville.
Toutefois avec ce choix qui parait plus politique (plaire à l’actionnaire principal de la marque) que réellement lié à la sécurité routière, Renault tente de remplacer la responsabilité individuelle de chacun quand il est au volant mais il prépare aussi l’avenir électrique (ou électrisant ?) de la marque au losange.
En effet, nous savons tous qu’en l’état actuel de la technologie, les VE n’aiment guère les hautes vitesses qui demandent beaucoup d’énergie électrique et qui font rapidement chuter l’autonomie des véhicules sur batterie.
Poursuivant son discours, Luca de Meo a précisé que le premier modèle concerné par cette mesure sera la nouvelle Mégane électrique (prévue pour l’an prochain) dont le régulateur de vitesse sera limité en usine à 160 km/h. Cette limitation de la Vmax s’appliquera ensuite au fur et à mesure du renouvellement des modèles des gammes Renault et Dacia.
Limitation de la vitesse maximale + Safety Coach
Renault ne se limite pas à la vitesse maximale de ses futures voitures puisqu’il annonce l’arrivée d’un nouveau système de régulation de vitesse baptisé « Safety Coach ».
Ce nouveau système doit servir à réduire la vitesse dans les zones « annoncées » comme dangereuses comme les ronds-points, les virages et les routes « étroites ». Ce Safety Coach se réglera automatiquement en fonction des limitations de vitesse locales puisqu’il lira les panneaux et disposera des données de géolocalisation des véhicules en temps réels qui préciseront la vitesse maximale autorisée.
Le Safety Coach by Renault pourra aussi se substituer au conducteur en se basant sur les données du véhicule, croisées avec celle de la météo, de l’importance du flux routier et de la mesure de l’attention du conducteur. Luca de Meo explique que si les capteurs détectent que les mains ne sont plus sur le volant, le véhicule se mettra automatiquement en sécurité et réduira d’autorité la vitesse.
S’il pleut et/ou si la luminosité diminue, le « Coach dédié » pourra là encore imposer ses choix sur la route.
Dame Perrichon voit ainsi son fameux Lavia entrer sous le capot des autos arborant le losange et doit se satisfaire de cette décision de la firme automobile qui répond ici de manière plus ou moins opportunistes aux appels du pied faits par certaines associations et la déléguée interministérielle à la sécurité routière.
Renault ne précise pas si ce système SC sera « impératif » ou connectable/déconnectable selon le bon vouloir du conducteur.
Ce système d’auto-contrôle de la conduite et des voitures prendra également compte du profil de la route et à terme il sera présent sur l’ensemble des modèles de la gamme Renault mais pas Dacia pour des raisons de coût financier.
Limitation de la vitesse maximale + Safety Coach + Safety Score
Plus fort que le Safety Coach, voici le Safety Score.
Les prochaines Renault seront donc équipées d’un système appelé Safety.
Développé sur le même principe que les fameux éco-scores qui pullulent sur les tableaux de bord des véhicules hybrides, hybrides rechargeables et électriques, Renault va installer dans ses prochains modèles des capteurs qui vont enregistrer les données de conduite de chaque conducteur.
La compilation et l’analyse des éléments recueillis vont permettre de juger si vous êtes un conducteur prudent, un éco-conducteur ou un fou furieux adepte de la surconsommation d’énergie. Luca de Meo précise que ce système analyse finement les habitudes de conduite et permettra d’identifier les écarts et dépassements des conducteurs de la bonne conduite préfinies par Renault et les assurances.
Le constructeur automobile de Billancourt explique par ailleurs que ce système Safety Score va être mis en place en partenariat avec des compagnies d’assurance ce qui laisse augurer des primes stables ou à la baisse [ndla : on peut en douter sérieusement] si vous conduisez de façon éco-responsable, en bon père de famille et que vous ne parcourez pas beaucoup de kilomètres chaque année.
Par contre, si vous ne rentrez pas dans les bonnes cases définies par les algorithmes et les assureurs, votre prime d’assurance automobile pourrait augmenter plus ou moins fortement.
Limitation de la vitesse maximale + Safety Coach + Safety Score + Rescue Code
Les prochaines Renault et Dacia seront par ailleurs équipées de série d’un système appelé « Rescue code ».
Ce système intégré à l’électronique des véhicule doit permettra aux secours d’être plus efficaces en accédant directement au détail des équipements et de la structure en cas d’urgence.
Le système Rescue Code proposera en plus un Accès Pompier vers le pack de batterie du véhicule, notamment pour permettre aux secouristes de la noyer rapidement en de cours circuit ou d’incendie.
Voilà comment se dessine l’avenir de Renault. C’est finalement un peu un futur automobile à la façon Big Brother-Perrichon en version automobile que nous prépare la marque au losange.
Cela n’a rien de réjouissant ni d’encourageant et cela pourrait pousser les acheteurs à se détourner du constructeur français qui semble désormais vouloir tout contrôler de nos vies d’automobilistes même s’il s’en défend et assure que ces nouveautés « castratrices ou liberticides » nous sont vendues dans le cadre d’engagements environnementaux, sociétaux et de sécurité routière voulus par le groupe automobile et son nouveau directeur général qui parait d’un seul coup bien moins cool qu’à son arrivée en juillet 2020.
Via Renault.