L’affaire était une rumeur dès l’annonce du fameux record de vitesse à plus de 490 km/h. [ndla : record non officiel puisque réalisé dans un seul sens et non dans le cadre d’un A/R comme le veut le protocole d’homologation d’un record]
Elle est désormais une réalité puisque la Bugatti Chiron Super Sport 300+ ou la version de série du modèle du record a été officiellement annoncée hier par le patron de la marque, Stephan Winkelmann lors du Festival Bugatti qui se déroulait à Molsheim ce week end.
Officiellement présentée lors du repas du samedi soir
C’est samedi soir, durant le dîner et la soirée de gala que le patron de la firme automobile alsacienne a confirmé que la voiture du record existerait bien dans le cadre d’une série limitée (30 unités) qui est d’ores et déjà disponible à la vente.
Le premier exemplaire a d’ailleurs été vendu durant la soirée et le bon de commande signé sur l’aile de la voiture du record qui était exposée sur un podium dans la salle de réception.
Une Chiron SS 300+ proche de la voiture du record sauf pour la vitesse maximale
Si l’apparence et la motorisation W16 8.0 L Quatriturbo de 1.600 ch seront de la partie tout comme la carrosserie en fibre de carbone vernie, les jantes en magnésium et bien sur la carrosserie LT ou Long Tail, Bugatti s’est montré raisonnable en limitant la Vmax de l’hypercar.
Celle-ci sera en effet autolimitée à seulement 440 km/h et la Chiron Super Sport 300+ de série ne pourra donc aller chercher les 490 km/h du record.
La Bugatti sera proposée dans deux versions, une avec une seule place, un arceau cage, un harnais 6 points et quelques équipements intérieurs empruntés au monde de la compétition, l’autre sera plus classique avec deux places, un habitacle luxueux et elle pourra se dispenser des deux bandes décoratives centrales.
Les 29 exemplaires restants sont disponibles à la vente mais ils ne seront livrables qu’en 2021 c’est à dire à l’approche de la fin de vie de la Chiron.
La tarification de base, c’est à dire hors options, est fixée à 3.5 millions d’euros H.T ou 4.2 millions d’euros TTC, c’est à dire un peu plus cher qu’une « simple » Chiron de seulement 1.500 ch.
Début de polémique autour du record
Ce record de vitesse semble faire grincer quelques dents et agiter les esprits.
En effet, l’américain Hennessey Performance se montre très dubitatif sur le sujet et exprime clairement ses doutes sur la puissance du W16 préparé pour le record.
Selon le réputé spécialiste des voitures surpuissantes, la moteur de la voiture du record ne pouvait se contenter du W16 8.0 L Quadriturbo Evo (celui de la nouvelle Centodieci) et de ses 1.600 ch. Il explique que pour atteindre une telle vitesse il faut encore plus de puissance.
Ainsi, aux journalistes anglais de Top Gear qui l’interrogeaient sur le sujet, John Hennessey a fermement assuré que, par expérience, il faut aux environs de 2.000 ch pour approcher les 490-500 km/h, c’est à dire 400 de plus qu’annoncé par Bugatti.
Le constructeur automobile français n’a pour l’instant pas réagi à ce début de polémique.
Toujours est il que cette affaire de record de vitesse semble avoir réveillé l’appétit de quelques spécialistes du genre. Hennessey Performance vient de faire savoir qu’il lancerait sur la piste sa nouvelle F5 Venom pour faire mieux que les 490 km/h de la Bugatti et qu’il tenterait même le cap des 500 km/h.
Hennessey ne sera pas seul sur le coup, puisque le suédois Koenigsegg a lui aussi annoncé que sa nouvelle Jesko prendrait la piste dans quelques mois pour tenter de faire mieux que Bugatti et, peut être, aller chercher le record de vitesse toujours officiellement détenu par la Koenigsegg Agera RS
avec 446.97 km/h de moyenne sur un aller/retour et une vitesse de pointe maximale 457.49 km/h (436.44 km dans le sens aller puis 457.49 km/h dans le sens du retour).
La chasse au record de vitesse maximale terrestre, une composante de l’histoire automobile depuis ses débuts
L’affaire de la course à la vitesse maximale avec un véhicule terrestre n’est donc pas prête d’être finie.
On se rappellera qu’elle a commencé à la fin du XIXeme siècle lorsque Camille Jenatzi, au volant de la Jamais Contente (une voiture électrique) avait atteint, le 29 avril 1899, la vitesse folle pour l’époque de 105.88 km/h sur la route du Parc d’Achères.
Il avait alors « explosé » le record détenu par le comte Gaston de Chasseloup-Laubat, un des premiers grands pilotes français, qui avait établi le 1er record du monde de vitesse en fin d’année 1898 avec une Jeantaud Duc électrique à une vitesse maximale homologuée de 63.158 km/h.
Entre décembre 1898 et fin avril 1899, les deux pilotes se livrèrent une belle bagarre pour le record puisqu’avant le record fixé par la Jamais Contente, Chasseloup-Laubat tenait la victoire avec une Vmax record de 92.78 km/h établie le 4 mars 1899.
Pour rappel, et en dehors des voitures dites fusées, le record de vitesse est détenu par une voiture électrique, la Venturi BB3, qui a atteint 549.4 km/h en 2016 sur le Lac Salé à Bonneville aux USA. Reste toutefois à l’esprit que cette Venturi électrique de 2.205 kW (3.000 ch) ressemblait plus à une voiture uniquement dédiée aux records qu’à un modèle de série.
Via Bugatti, Venturi, Wikipédia.