Il y a 36 heures, nous annoncions la suppression de quelques 10.000 emplois chez Nissan et des restrictions budgétaires drastiques pour tenter de remettre le constructeur japonais sur les bons rails.
L’annonce vient d’en être faite, c’est encore plus dur qu’annoncé aussi bien pour les salariés que pour les résultats financiers.
Le constructeur automobile a annoncé ce jeudi matin la suppression de 12.500 emplois ou un peu plus de 9% de l’ensemble des salariés du groupe.
La majorité des postes supprimés le sera hors du Japon et plus surement en Amérique du sud ainsi que dans d’autres pays pas encore annoncés.
Les fermetures de postes ne sont pas tout puisque en même temps, Nissan fait savoir qu’il va réduire, entre 2019 et 2022-début 2023, sa production de véhicules de 10%. Ce sont ainsi quelques 550.000 à 600.000 autos de moins qui seront fabriqués par le n°2 du secteur automobile japonaise.
Jusqu’à la lie ou presque
Non content d’avoir annoncé fin mai une baisse de son bénéfice net de 57.3% (319 milliards de yens ou 2.5 milliards d’euros), la firme industrielle annonce une grosse baisse de son chiffre d’affaire.
Pour le premier trimestre de l’exercice 2019/2020, la chute des ventes s’établit à -12.7% au niveau mondial, ce qui est tout sauf négligeable.
On aussi appris que pour la même période, le bénéfice net s’est rétracté de 95% pour atteindre seulement 6.4 milliards de yens soit 52 millions d’euros.
Les analystes financiers japonais avait annoncé une baisse du bénéfice mais le chiffre avancé était 6 fois supérieur à la réalité, c’est dire l’importance du problème.
Sur la même période, le bénéfice d’exploitation s’est effondré de 98.5% au premier trimestre de l’exercice 2019/2020 pour s’établir à un tout petit 1.6 milliard de yens (13.3 millions d’euros).
Carlos Ghosn serait la cause de tous les maux
La direction du groupe automobile ne sait pas comment se justifier et semble avoir trouvé un bouc émissaire, l’ancien patron de la marque et l’Alliance.
Toujours assigné à résidence dans son appartement tokyoïte, Carlos Ghosn serait donc le grand fautif et le principal responsable de la grosse baisse de forme actuelle de Nissan. C’est toutefois oublier qu’Hiroto Saikawa est aux commandes de la marque depuis le 1er avril 2017, c’est à dire près de deux ans et demi.
Le patron de Nissan a dit que le groupe n’a pas d’autres choix car il est acculé par la stratégie d’expansion à marche forcée menée par Carlos Ghosn.
L’excuse et facile et sans beaucoup de panache mais dans la situation actuelle de la marque, une restructuration de grande échelle de l’ensemble de l’entreprise, et pas seulement des usines, est inévitable explique un analyste japonais à l’AFP.
Nissan pourrait donc très vite se retrouver dans une situation catastrophique et une vraie surproduction invendable notamment à cause de la baisse des ventes sur le marché chinois. Cette chute des ventes en Chine ne fait en réalité qu’amplifier la mauvaise passe que connait Nissan partout dans le monde depuis 9 à 12 mois…
Saikawa reste accroché à son poste et ne compte pas s’en aller demain puisqu’il a déclaré qu’il assumerait la responsabilité de devoir atteindre les objectifs du groupe en 2022/2023. Par ailleurs, il a assuré qu’il travaillait à la préparation d’une nouvelle génération de dirigeants qui sera prête à prendre « efficacement » les rênes du groupe quand il s’en ira.
C’est en tout cas le propos du patron de Nissan car, dans les bureaux feutrés du siège social de Yokohama, on discute actuellement à la succession, que l’on voudrait rapide, du tombeur de Carlos Ghosn.
On imagine aussi que Jean Dominique Senard, le patron de Renault, est aussi à la manœuvre et que, face aux mauvais résultats de la marque, il pèsera réellement dans le choix d’un successeur à Saikawa qui semble s’être habillé d’un costume un peu trop grand.
Carlos, Carlos, au secours !
L’entreprise semble donc d’avoir besoin d’un « cost killer » et de son associé comme l’était Ghosn et Saikawa au début des années 2000 juste après le sauvetage de Nissan par Renault.
Sans vouloir jeter l’opprobre sur Hiroto Saikawa, on peut se poser la question de savoir si l’homme a la capacité de diriger seul et dans le bon sens une telle entreprise ou s’il a besoin d’être managé par une instance supérieure ?
Mitsubishi aussi…
L’autre membre de l’Alliance, Mitsubishi Motors Corporation (MMC) s’annonce lui aussi en difficulté.
Si la situation n’est pas aussi tendu ou catastrophique que chez Nissan, la situation n’est pas reluisante puisque le bénéfice net trimestriel de l’entreprise est en chute de 67 % et ses ventes en diminution.
L’année s’annonce donc très mal pour Nissan et surement un peu pour Mitsu’. Cette situation va inévitablement conduire l’Alliance à perdre sa place de n°1 mondial du secteur automobile au profit du groupe Volkswagen (VAG) ou de la Toyota Motor Corporation (TMC).
Les belles années « Ghosn » sont désormais du passé et on serait curieux de connaitre le point de vue de l’ancien patron sur la situation des marques japonaises à l’approche du 8eme mois de 2019.
Via AP, AFP, Reuters, Nikkei, LeMonde.