Ici et là on parle de Gigafactory de la batterie à la façon française… Remettons d’abord l’usine au milieu de sa zone industrielle en rappelant que les Gigafactories sont une appellation liées aux usines du constructeur américain Tesla. Ici, nous avons simplement à faire à une grande usine ou importante unité de production mais pas à une gigafactory puisque Tesla n’est pas partie prenante dans ce projet.
Un événement d’importance
Ce jour est donc une journée importante puisqu’on inaugure la première usine de batteries pour véhicules électriques dans le nord du pays. Ce sera un moment presque solennel qui doit montrer l’implication de la France dans le développement des énergies d’avenir et la promotion d’un « savoir faire à la française » dans le monde du stockage de l’énergie pour les moyens de transport.
Cette nouvelle usine est la première d’une série de quatre qui ont été annoncées depuis le premier quinquennat du président Macron.
Ce mardi, c’est donc dans la région des Hauts-de-France, à Douvrin très exactement que l’on inaugure la première grande usine de batteries électriques en France. Avec cette ouverture, le pays veut tenter de rattraper son retard dans la course à la souveraineté industrielle mais aussi énergétique.
Etonnamment ce n’est pas le chef de l’état qui va inaugurer l’usine. En effet, il sera absent il laisse l’honneur de représenter l’état français à l’homme qui roule en Peugeot e208, à savoir le ministre de l’économie Bruno Le Maire qui sera accompagné de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher et du ministre de l’Industrie, Roland Lescure
Par ailleurs, la France a invité pour l’occasion des ministres italiens et allemands comme pour montrer qu’il existe une solide unité européenne derrière ces projets industriels français, ce dont on peut parfois douter car ces deux autres grands pays européens ont un avis sur la question et des projets nationaux.
Les dirigeants des différentes entreprises partenaires du projet devraient eux aussi être de la fête électro-nordiste de ce 30 mai 2023.
Une très grande usine pour de grands enjeux industriels et économiques
Ce projet est mené par la société ACC, une co-entreprise qui associe le grouge pétrolier TotalEnergies aux groupes automobiles Stellantis et Mercedes-Benz.
Cette usine se veut être d’importance quasi vitale pour faire face à la concurrence venue d’Asie. Les services de l’état assurent qu’à l’horizon 2030, cette grande unité de production sera en capacité de fabriquer quelques 40 GWh de batteries par année ce qui devrait permettre de fournir des moyens de stockage d’énergie pour environ 500.000 voitures électriques.
Le site d’ACC à Douvrin est installée sur un terrain qui couvre 35 hectares et il annonce une superficie couverte de 61.000 m² carrés pour quelques 644 m de long et 100 m de large mais aussi des hauteurs comprises entre 10 et 34 m.
L’usine d’Automotive Cells Company est adossée à celle de la Française de Mécanique qui est implantée à Douvrin depuis 54 ans.
ACC est donc implantée au sein du Parc des industries Artois-Flandres à Douvrin/Billy-Berclau dans le Pas-de-Calais.
On nous explique qu’il a fallu moins de dix mois pour que le bâtiment principal sorte de terre, et qu’il sera finalisé à l’automne prochain. A partir de cet été, des cellules prismatiques, dédiées à équiper des batteries de véhicules électriques sortiront de l’unique chaine de fabrication qui sera active en 2023. Cette ligne de production représente un tiers des capacités du site, c’est à dire 13.3 GWh. Les deux autres chaines de fabrication seront installées dans les prochaines années et probablement en fonction de la demande.
Fin 2023, le site comptera environ 350 salariés pour répondre aux besoins en main-d’œuvre et en 2025, ce seront plus de 1.200 employés, essentiellement des conducteurs d’installation de machines et des techniciens de maintenance qui officieront dans l’usine ACC.
Les dirigeants et les communicants d’Automotive Cells Company aiment à nous rappeler ces derniers jours que la ligne de fabrication a été installée en quelques semaines seulement puisque les premiers équipements sont arrivés le 26 décembre 2022 dans le port de Dunkerque. On notera toutefois que cette chaine de fabrication est installée à partir de systèmes, de robots et de matériels divers qui viennent essentiellement d’Asie.
Ainsi, on compte actuellement entre 700 et 750 salariés venus de Chine et de quelques autres pays d’Asie qui travaillent en association avec 150 salariés d’ACC.
Le coût financier de cette première ligne (hors bâtiments) est estimé entre 700 et 800 millions d’euros.
Pour ce qui est de la construction, le principal prestataire est la société Eiffage via ses trois entités que sont Eiffage Métal, Eiffage Énergie Systèmes et Eiffage Route. Trois autres partenaires sont de la partie, il s’agit de Moretti Constructions, Bemaco et Exyte. Le montant global des travaux de construction et de voirie s’élève à près de 75 M€ dont 48.7 M€ pour Eiffage soit environ 10% du budget d’une ligne de production.
Quand il sera fini et opérationnel, le site de Douvrin aura nécessité plus de 8 milliards d’euros d’investissements, ce qui est tout sauf négligeable pour ce premier « étage de l’Airbus de la batterie » comme l’appelle certains politiciens.
L’usine doit officiellement ouvrir durant l’été mais il faudra attendre novembre ou décembre pour voir sortir les premières cellules commercialisables. La direction de l’entreprise compte sur le savoir faire asiatique pour bien former les salariés nordistes qui ne devront pas avoir un taux de rebut supérieur à 5% dès le début de la production.
La « Vallée de la batterie » est lancée
Après ACC, trois autres usines de batteries vont sortir de terre dans la région pour créer ce que certains appellent déjà « Battery Valley » ou la Vallée de la batterie, surement un hommage à la Silicon Valley américaine !
Sont attendues dans la région l’usine Renault/Envision à Douai en 2024, l’usine Verkor en 2025 à Dunkerque (principal client Renault Group) et la dernière, l’usine du taïwanais ProLogium qui devrait s’installer elle aussi à Dunkerque.
Pour rester un instant avec les dirigeants de ProLogium, sachez qu’ils prévoient d’investir 5.2 milliards d’euros d’ici 2030 dans cette première usine implantée à l’étranger. Ils annoncent la création d’au moins 3.000 emplois et l’arrivée en France d’une technologie dite de la rupture, à savoir les fameuses batteries solides.
Ce dernier projet a simplement été annoncé au milieu de ce mois et demande toutefois à être finalisé, signé et financé.