Ce ne sont l’arrivée d’un nouveau patron ou le changement du siège social de la marque de Milan à Turin qui changeront quelque chose à l’affaire, Alfa Romeo va mal sur ses marchés européens depuis le début de l’année.
Avec une gamme famélique constituée de deux modèles du segment D, la berline Giulia et le SUV Stelvio, le prestigieux constructeur milanais est vraiment à la peine et clôture le premier quadrimestre de l’année 2021 dans une posture dangereuse tant pour son outil de production que pour sa trésorerie.
Le péril italien
En ce mois d’avril 2021, Alfa Romeo est encore passé sous le niveau des 1000 ventes en un mois sur son marché domestique puisque la marque a seulement livré 970 véhicules durant le quatrième mois de cette année. Depuis le 1er janvier, c’est la troisième fois que la marque touche presque le fond en Italie.
Les optimistes diront que c’est beaucoup mieux qu’en 2020 puisqu’Alfa Romeo est passé de 147 livraisons à 970 ce qui représente un bond de 556% d’une année sur l’autre.
Les réalistes rétorqueront qu’en avril 2020, l’Italie était totalement confinée et que la comparaison est impossible. Ils auront raison et c’est bien avec avril 2019 qu’il faut comparer et là ce n’est plus la même affaire.
Il y a deux ans, Alfa Romeo avait livré 2200 voitures dans la péninsule ce qui représente une baisse des ventes de près de 56% ce qui n’est pas rien.
En deux ans et sur la même période, la part de marché d’Alfa en Italie est passé de 1.27% du MTM à seulement 0.67%. Autant dire que la marque est en grande difficulté et ne semble plus séduire les acheteurs italiens. Il est désormais bien loin l’heureux temps des 147/156/166/GT ou même l’époque des 159/MiTo/Giulietta.
Si on regarde la situation italienne au travers du prisme qu’est le premier quadrimestre de cette année 2021.
En Italie, Alfa Romeo a immatriculé seulement 4013 automobiles.
Ainsi sur quatre mois et par rapport à celles de 2020, les ventes d’Alfa Romeo sont en baisse de 2.64% mais c’est surtout par rapport à 2019 que l’affaire n’est guère encourageante puisque la firme milanaise a vu ses ventes fortement chuter de 57%.
On constate donc que malgré de confinement « dur » du printemps 2020, Alfa fait encore moins bien en 2021 sur son marché intérieur ce qui laisse présager de lendemains difficiles en Italie mais encore plus sur les marchés d’exportation.
En France aussi, c’est la cata !
En France, la situation d’Alfa Romeo n’est pas plus reluisante qu’en Italie puisque la marque s’effondre de mois en mois.
Ainsi si on visualise les immatriculations du constructeur en avril 2021, on constate que ce sont seulement 50 unités qui ont été mises à la route. Si on veut schématiser, Alfa a vendu une seule voiture dans seulement la moitié des départements de l’hexagone, autant dire que l’affaire frise la correctionnelle et il faudra des mois pour ne pas dire des années pour la marque au biscione retrouve des niveaux de ventes décents, si cela est encore possible.
Pour mémoire, en avril 2019 qui n’était déjà pas un gros mois, Alfa Romeo avait tout de même livré 292 autos.
Sur les quatre premiers mois de 2021, Alfa Romeo France n’a vendu que 370 véhicules soit une moyenne de 92.5 unités par mois ou 1 véhicule par département. Pour comparaison, sachez qu’en 2019, de janvier à avril, 1196 voitures avaient été vendues ce qui n’était déjà pas exceptionnel.
Enfin, au 1er quadrimestre 2019, le constructeur représentait encore 0.16% de MTM français alors qu’en 2020, il ne vaut plus que 0.06% de notre marché automobile, c’est à dire quasiment rien. En 24 mois, la marque s’est littéralement effondrée et a perdu 69.12% de sa part dans les ventes en France.
Sachez toutefois qu’au sein du groupe Stellantis, Alfa Romeo n’est pas la firme qui perd le plus puisque Maserari à chuté en deux ans de près de 81% et n’a vendu que 24 voitures en quatre mois soit six unités chaque mois, autant dire une misère qui nous rappelle les années 90 de la marque au trident.
A ce rythme là, les voitures milanaises vont devenir des vraies raretés sur les routes !
Jean Philippe Imparato en homme providentiel ?
Il est encore un peu tôt pour le dire mais il y a le feu chez le constructeur milanais qui ne pourra survivre très longtemps avec une gamme faite de seulement deux modèles difficiles à vendre et dont les nouveautés sont sans cesse reportées pour des raisons diverses et variées qui finissent par manquer de crédibilité aux yeux des alfistes mais aussi et surtout des acheteurs.
Ainsi, le Tonale est encore reporté parce que son système d’hybridation (celui de la Jeep Compass) n’est, parait-il, pas assez performant. On espère que ce C-SUV quasi vital pour la marque arrivera bien sur le marché dans la première moitié de l’année 2022 et non plus tard pour d’obscures raisons camouflées par des problèmes techniques et de mise au point.
La situation est un peu la même avec le futur petit SUV urbain de la marque qui vient de voir sa présentation reportée à 2023 et son entrée en production, dans l’usine polonaise de Tychy, décalée au mieux au mois d’octobre 2023 ce qui laisse à penser que le Brennero n’arrivera pas sur le marché avant le millésime 2024.
Ce futur B-SUV reposera sur une évolution de la plateforme PSA e-CMP qui sera propulsé par le nouveau moteur électrique NIDEC alimenté par de nouvelles batteries CATL dont l’autonomie et la puissance doivent être revues à la hausse si on en croit les propos du patron d’Alfa Romeo
Et encore, il faudra attendre le second semestre 2024 pour voir les versions « light hybrid » sous 48V avec le nouveau L3 1.2 L PureTech avec transmission e-DCT by PSA/Punch Powertrain arriver en production.
L’avenir de la berline Guilia et du SUV Stelvio au delà de 2023/2024 est encore très flou pour ne pas dire incertain.
Nous savons que la plateforme Giorgio ne sera pas reconduite et que les successeurs de ces véhicules reposeront sur la plateforme Stellantis STLA Large qui fait partie d’une lignée de 4 plateformes compatibles avec une électrification totale ou partielle.
La marque est au plus mal. Carlos Tavares ainsi que Jean-Philippe Imparato vont devoir accélérer le mouvement, faire vivre la toute petite gamme, animer la communication mais aussi le réseau de distribution s’ils ne veulent pas voir les clients oublier Alfa Romeo avant que les nouveaux modèles tant attendus arrivent sur le marché.
Si tel était le cas, l’avenir de la firme automobile de Milan serait rapidement abrégé faute d’acheteurs sur un marché hyper concurrentiel mais aussi en pleine mutation et pas celle qui va vers le plaisir automobile mais simplement vers la mobilité.
Via AP, AAAData, CCFA, ANFIA.