Le président du Groupe PSA, Carlos Tavares, a profité de la quinzaine automobile genevoise pour donner des interviews mais aussi pour faire quelques « sorties médiatiques » dont il a le secret et qu’il maîtrise plutôt bien en associant esprit d’entreprise, lucidité professionnelle et d’ingénieur et bon sens.
Après le diesel et le « tout électrique », place à l’autonomie automobile
Le patron du groupe industriel franc comtois a donc profité du Salon de l’automobile de Genève pour annoncer officiellement que le groupe et ses 5 marques abandonnaient les développements relatifs au véhicule autonome au-delà du niveau 3 pour les voitures particulières.
Cette décision signifie qu’il n’est plus question pour les services de R&D de travailler sur des véhicules individuels capables de se passer de conducteur à certains moments et de se mettre en sécurité toute seule (Niveau 4), et encore moins sur une voiture totalement autonome capable de se déplacer toute seule à vide ou avec des passagers (Niveau 5).
En limitant les travaux de développement au Niveau 3, le Groupe PSA veut d’une part permettre, si le désir ou si le besoin s’en font sentir, aux conducteurs de pouvoir déléguer la conduite du véhicule dans certaines circonstances de roulage (autoroutes, embouteillages, déplacement sur un parking) mais le groupe automobile désire d’autre part que le conducteur reste responsable de sa voiture et il doit être en mesure de reprendre le contrôle à tout moment.
C.Tavares d’ajouter : « Entre le niveau 3 et le niveau 4, il y a une vraie divergence. Compte tenu du coût additionnel de la technologie, le coût de la voiture devient tel que celui qui peut se la payer n’est de toutes les façons pas derrière le volant, mais plutôt sur la banquette arrière. »
En clair, le patron de PSA fait bien comprendre que dans un monde automobile réel et non rêvé par certains idéologues, politiciens ou ingénieurs, les voitures de Niveaux 4 et 5 auront difficilement leur place et surtout leur marché.
Lucidité « tavaresienne » ?
On aura à l’esprit les propos de certains ingénieurs sensés qui assurent que les véhicules autonomes de Niveaux 4 et 5 ne seront vraiment fiables qu’entre 2040 et 2050 au mieux et que leur efficacité sur les routes de la planètes ne sera réelle que lorsque 100% du parc automobile mondial sera autonome ou au moins interconnecté.
Avec cette annonce, on découvre les vraies différences de point de vue sur le sujet qui existent entre les patrons des firmes automobiles, les ingénieurs ou informaticiens, les penseurs et les politiciens.
Il est encore un peu tôt pour savoir lesquels d’entre eux auront raison dans les prochaines années mais une fois encore on notera que le discours du patron de PSA est empreint d’une lucidité certaine à l’égard du marché, du secteur automobile ou de ce qui pourrait être fait dans un futur plus ou moins proche en matière de moyens de transport mais aussi d’énergie, d’écologie et de projet de société.
Avec cette annonce, on se rend aussi compte que le groupe automobile français a sensiblement fait évoluer sa position sur le sujet par rapport à ce qu’elle était en 2016 (Gd C4 Picasso Autonome) ou au printemps 2017 avec le 3008 AVA ou autonome présenté lors du tournoi de tennis de Roland Garros par JP Imparato, le directeur de Peugeot.
Pour compléter le sujet, revoici dessous les vidéos de présentation des Gd C4 Picasso et 3008 AVA.
Via PSA, LesEchos