… Ou quand Matthieu Turel nous fait voyager et découvrir l’aventure sous le signe des chevrons de Paul Malafosse et de sa famille depuis le début des années 1920.
L’histoire débute avec les Année folles. La marque automobile Citroën n’a que trois ans d’existence et doit se développer sur le territoire national.
Chez Citroën, le patron qui a un sens aigu des affaires et du marketing sait que le développement de son entreprise automobile passe par le bouche à oreille, de la réclame mais aussi par un réseau de vendeurs implantés partout en France.
C’est pour cela et pour ne pas se laisser distancer par les autres constructeurs nationaux, qu’André Citroën envoie dans les départements, « les petits pays » des inspecteurs en charge de vendre le panneau Citroën et de recruter des garages.
Ceux-ci auront la tache de vendre des Type A, puis des Type C, de les entretenir (oui il faut vendre de la pièce et de l’huile !) et de fidéliser les acheteurs.
Nous sommes dans le département de la Lozère, entre Mont Aigoual et Sévérac-le-Chateau, le décor est planté et l’aventure du garage Malafosse-Giraud peut commencer.
C’est ce que Matthieu Turel, agréable plume du Parisien et amateur/connaisseur de Citroën va nous proposer au fil des pages d’un livre qui est bien plus une histoire humaine et automobile qu’un froid inventaire des événements de la vie d’un concessionnaire.
Une saga lozérienne
1922, Paul Malafosse signe avec Citroën son premier contrat pour vendre des véhicules de la marque dans son garage installé à Meyrueis. Le courant passe entre la firme du Quai de Javel et son vendeur perdu dans le département le moins peuplé de France.
L’Agence Citroën Malafosse accueille d’ailleurs par deux fois, à la fin des années 1920, la marque et ses ingénieurs qui viennent discrètement faire des essais des autochenilles qui feront l’expédition que fut la Croisière Jaune [ndla : Croisière Jaune ou Mission Centre-Asie] qui se déroulera entre avril 1931 février 1932.
Au fil du livre, on découvre que le garage avait le statut de concession alors que la ville, pour ne pas dire le bourg, de Meyrueis ne comptait que 900 habitants.
A travers les 128 pages et les documents rassemblés par l »auteur, on voyage dans le temps, parfois révolu, et c’est une aventure familiale sur 3 générations de « citroënistes » que l’on vit entre 1922 et les premières décennies du XXIeme siècle.
Le livre fourmille de détails sur la vie dans un garage, d’anecdotes des clients ou de documents internes comme on les faisait dans « l’ancien temps ».
Matthieu Turel nous apprend notamment comment dans cette région « rude et reculée, le prix de l’essence était fixé par l’Etat jusqu’au milieu des années 80 ou comment les véhicules neufs étaient acheminés, non pas par la route et les camions porte-autos, mais par la route depuis la région parisienne ou par le rail jusqu’au garage.
On découvre aussi l’évolution de la concession, ses mises aux normes ou son déménagement ainsi que de belles performances commerciales qui ont, entre autre, permis au Garage Malafosse-Giraud d’avoir le meilleur taux de pénétration de France sur son territoire dans les années 80-90.
Le livre est rempli de bons mots et d’explications qui permettent de passer un bon moment en s’imaginant un passé automobile presqu’oublié mais qui nous touche aujourd’hui.
L’histoire racontée est celle d’une entreprise familiale qui aurait pu fêter ses 100 ans en 2022 si elle n’avait pas été vendue il y a quelques années.
Elle permet d’apprécier un siècle de transformation de la profession de garagiste qui a accompagné les mutations économiques, sociétales et automobile au XXème siècle et au début du XXIème.
Un livre à mettre dans sa bibliothèque
Ce livre, qui est tout sauf un catalogue raisonné, offre un ou plusieurs bons moments qui permettent d’aller à la rencontre du monde de la vente et de la réparation automobile mais aussi de la marque aux chevrons.
Avec un vrai goût de « Reviens-y », ce livre accessible à tous permet de se faire plaisir et de vagabonder sur les routes de Lozère en Rosalie, en Traction, en DS, en Ami6 ou même en… GS sans avoir à quitter son fauteuil ou son bureau. Et ça c’est très bien.
Avec 128 pages, un format à l’italienne (24 x 16 cm) et de nombreuses photos et un prix raisonnable de 16.95€ on profitera au mieux du livre écrit par Matthieu Turel.
Le livre est disponible directement chez l’éditeur Citrovisie (lien ici) et chez tous les bons libraires, surtout ceux qui aiment l’automobile et les Citroën.
On attend désormais les suites à ce livre. Elles pourraient s’appeler « Du LHM dans le Cantal », « Les agences Citroën à Tulles et dans ses environs » ou « Voyage dans le Charolais en Ami 6 avec une carte Michelin »… A suivre.
Crédits photos (hors livre) : Nuancierds.fr
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