Oui ça tangue dangereusement du coté de Yokohama au Japon. Non pas à cause d’un tremblement de terre ou d’un tsunami mais parce que la situation actuelle du constructeur japonais est difficile pour ne pas dire mauvaise avec peut être même un arrière goût de 1999.
Nissan est en grande difficulté
Hier, une personne proche de la direction et du conseil d’administration du groupe déclarait à l’Agence Reuters : « La situation est critique. C’est ça ou mourir. «
Nissan, qui a déjà annoncé en juillet dernier la suppression de 12.500 emplois à travers le monde d’ici la fin de son exercice 2022-2023, prévient dès ce début d’année que son redressement prendra beaucoup plus de temps que prévu après le plongeon de son bénéfice depuis le premier trimestre 2019.
Pour se redresser, avant de se relancer, Nissan doit encore agir et faire des coupes tant dans son budget, que son personnel et sa gamme de véhicules.
Des mesures drastiques pour tout et tous
Le constructeur automobile japonais va donc se lancer dans la suppression d’au moins 4.300 postes.
Par ailleurs, Nissan fermera deux usines dans le cadre d’une nouvelle stratégie qui doit permettre d’économiser au moins 4.4 milliards de dollars (4.0 milliards d’euros). Nissan fait aussi savoir que son budget publicité et communication sera réduit de manière conséquente pour être ramené au strict nécessaire.
Si nous ne connaissons pas encore quelles sont les usines condamnées à disparaître, nous savons que les réductions d’effectifs vont principalement toucher les bureaux des filiales de la marque japonaise en Europe et aux Etats Unis.
La fermeture des deux usines va accompagner le plan de réduction de la production sur 14 autres sites industriels de Nissan.
La direction de l’entreprise explique par ailleurs que de nombreux modèles récents n’atteignent pas leurs objectifs de vente et qu’ils ne les atteindront jamais.
Les actuels dirigeants de Nissan estiment que près de 40% des capacités de production mondiales du groupe sont sous-utilisées ou pas utilisées du tout et cela ne peut pas durer.
On se rappellera aussi que la gamme de produits mis sur le marché va être réduite d’au moins 10% d’ici la fin de l’exercice 2023. Cette décision signifie que dans chaque usine Nissan dans le monde , il y aura dans les deux prochaines années la suppression d’une ligne de fabrication.
Nissan, c’est une gamme de plus de 70 modèles différents avec une moyenne de ventes annuelles aux environs de 75.000 exemplaires/modèle.
Le constructeur veut revenir à une gamme de 60 véhicules différents mais veut que chacun des modèles se vende plus. L’objectif fixé est que les futurs 60 modèles de la gamme soient vendus chacun à au moins 87.000 unités/an ce qui représente près de 15% de ventes supplémentaires par ligne de produit.
La critique est facile mais…
S’il y a bien un domaine dans lequel Nissan ne fera pas d’économie c’est bien celui de la critique à l’attention de l’ancien patron, Carlos Ghosn.
Pour l’actuelle direction de Nissan, c’est à cause de la stratégie expansionniste héritée de l’ancien président (désormais en fuite) que la marque patauge. L’expansion mondiale voulue par Ghosn apparaît désormais comme une très mauvaise décision qui a miné Nissan de l’intérieur pour en arriver à la situation actuelle.
Étonnamment, nous n’avons pas souvenir de critiques particulières venues des dirigeants de Nissan depuis quelques années, ceci sans oublier que depuis le début du printemps 2017, le capitaine du vaisseau Nissan/Infiniti s’appelait alors Hiroto Saïkawa.
L’homme n’avait, semble t-il pas la carrure pour diriger la firme japonaise à l’échelle mondiale et n’a rien pu ou su faire pour assurer les positions et la production du n°2 de l’automobile japonaise.
JD Sénard va t-il passer à l’action ?
Jean Dominique Senard doit partir au Japon dans les prochains jours. Ce voyage sera peut être pour lui l’occasion de remettre de l’ordre à Yokohama et de reprendre la main sur la gouvernance de l’Alliance mais aussi de Nissan en imposant ses vues et ses projets.
La crise actuelle qui sévit chez Nissan va nécessiter une ferme mise au point de la part du français qui pourrait arriver en terre japonaise en s’imposant et, qui sait, en préparant la venue d’un fameux « cost killer » qui aura la charge de remettre le constructeur automobile dans le bon sens de la marche, n’en déplaise pour le coup aux japonais.
Via Reuters, L’UsineNouvelle, Nikkei.
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