Les immatriculations de voitures neuves au mois de mai en France ont reculé de 10%. C’est le douzième mois de baisse consécutif pour un marché qui semble comme bloqué sur une pente descendante pour de nombreuses raisons.
Ainsi en mai 2022, les immatriculations de VN en France ont diminué de 10.09 %. Il s’est vendu seulement 126.813 véhicules particuliers le mois dernier contre 140.040 en mai 2021 sachant que le mois de mai avait cette année deux jours ouvrés de plus que celui de mai 2021. Si on ose la comparaison avec l’avant crise sanitaire, sachez qu’en mai 2019, avec 193.948 immatriculations, le marché français des voitures particulières neuves était en hausse de 1.2% . Ainsi et sur le seul mois de mai, entre la dernière année « hors crise » et ce même mois de 2022, la perte est de 67.135 ventes ce qui est tout sauf négligeable.
Sur les cinq premiers mois de l’année, le recul est important avec une baisse des ventes de -16.92 %, soit seulement 600.897 véhicules neufs vendus en France.
Si on ose une projection empirtique pour cette année 2022, on parvient à un marché sur 12 mois qui est inférieur à 1.45 million d’unités vendues. D’ailleurs ce chiffre pourrait bien être supérieur à la réalité du marché qui va subir de plein fouet l’inflation généralisée, la baisse du pouvoir d’achat des ménages mais aussi une vraie baisse de la consommation et du moral des français. Et si le pire etait à venir ?
Un oeil sur la situation des groupes dits « nationaux »
Dans le détail, on notera que le groupe Stellantis était à la peine durant ce mois de mai 2022 avec une baisse globale de ses ventes de -9.82%. Si des marques comme DS Automobiles, Fiat, Jeep et Opel sont dans le vert, les poids lourds du groupe sont à la peine puisque Peugeot voit ses ventes baisser de -8.32%, celles d’Alfa Romeo perdent -38.99% (97 immatriculations) et on se demande bien si le nouveau SUV Tonale pourra sauver la firme de Milan en quasi perdition sur le marché français mais pas seulement.
Citroën est aussi très nettement en perte de vitesse puisque les ventes de la marque aux chevrons passe de 12.304 exemplaires en 2021 à seulement 8.672 en mai 2022 ce qui représente une baisse de -29.52%. Maserati est aussi dans le trou avec 5 ventes et un recul des ventes de -16.67%. La marque au trident ne redémarre pas et on finit par se retrouver avec des volumes commerciaux qui nous rappellent les pires années de la firme de Modène.
Renault Group est aussi à la baisse mais avec un repli plus modéré de -7.48% essentiellement du à Renault qui perd 12.15% alors que sur le même mois Dacia progressait de +4.2% et Alpine explosait tout avec une augmentation des ventes de +164.38% et 193 immatriculations.
Les deux groupes automobiles liés à la France subissent la crise comme tous les autres, reculent sur le marché, plient devant la crise mais ne rompent pas… du moins pas pour l’instant !
Cela va t-il mieux pour les marques étrangères ?
On serait tenté de dire OUI sauf pour le groupe Volkswagen qui est en très forte baisse avec une diminution des ventes de -29.35% pour l’ensemble des marques. D’Audi à Volkswagen en passant pas Porsche, Seat et Skoda, toutes ces marques sont en nettes baisses puisque comprises entre -16.99% (Audi) et -56.11% (Seat).
Au sein du groupe de Basse Saxe, seules les constructeurs « secondaires » (en terme de volume) sont à la hausse. Ainsi Bentley voit ses ventes augmenter de +133.33% (7 ventes), Lamborghini progresse de +125.00% (9 ventes) et Cupra croit de +57.81% (677 ventes)… On ajoutera que la locomotive Porsche est en panne depuis quelques temps et reste orientée à la baisse avec des ventes quasiment divisées par 2 (-49.41%).
Le groupe VW semble payer en partie la politique imposée depuis quelques années par un Herbert Diess obnubilé par le tout électrique trop cher et par de gros problèmes d’approvisionnement liés au fameux « Just-In-Time » ou production en flux tendu… même trop tendu, pour le groupe automobile de Wolfsburg.
Les autres allemands s’en sortent bien mieux puisque les groupes Mercedes-Benz et BMW voient leurs ventes augmenter respectivement de +7.52% et +5.18%. On notera toutefois que chez Mercedes-Benz, c’est la marque à l’étoile qui progresse alors que chez BMW, les trois marques progressent ensemble.
La marque à l’ovale bleu fait un bel effort en mai et continue de récupérer le terrain perdu puisque Ford voit ses livraisons augmenter de +8.87% en mai 2022. Cela est probablement du à la conjonction de produits, de prix et de technologies adaptés à l’état actuel du marché.
Coup de moins bien persistant chez Volvo puisque la filiale suédoise du groupe automobile chinois Geely voit ses ventes reculer très nettement avec un -62.36% plutôt rude mais qui sanctionne peut être une politique tarifaire déraisonnable et des produits désormais trop électrifiés et trop contraints électroniquement. C’est une supposition et il faudra surveiller les prochains mois pour confirmer ou infirmer cette probabilité. Oui, il est déjà bien loin le temps des agréables et performants moteurs 5 cylindres !
Autres victimes de l’état du marché, les deux marques du groupe dirigé par Thierry Bolloré, Jaguar-Land Rover. Avec une baisse globale de -56.98% et seulement 308 immatriculations, Jag’ et Land’ continuent de s’enfoncer sur le marché.
Les raisons sont à chercher du coté des prix exagérés, de certains produits datés et du malus écologique qui frappe durement et durablement les Land Rover et Range Rover. A la lecture des chiffres du groupe Tata/JLR, on constate que désormais il se vend en France deux Land Rover pour une seule Jaguar. La marque au félin, laissée en quasi jachère jusqu’en 2025 risque de prendre cher dans les mois à venir.
Gasp ! Argghh ! Que se passe t-il chez le texan Tesla qui voit ses ventes s’effondrer une nouvelle fois. Le constructeur de voitures électriques voit ses ventes d’écrouler de -92.80% avec seulement 152 ventes le mois dernier. Des prix de plus en plus élevés, des prix qui font le « yoyo », deux modèles datés (Model S et Model X) et une qualité médiocre sont probablement une partie des raisons de cette baisse mais aussi d’autres précédentes depuis quelques mois.
Du coté de l’Asie, on costate la bonne santé du groupe coréen HMG puisque les marques Hyundai et Kia progressent respectivement de +30.15% et +15.11%. Toujours actives, avec des offres (diversifiées) en phase avec le marché, les deux constructeurs séduisent toujours un peu plus les acheteurs français mais pas seulement !
Du coté du Japon, c’est un peu la soupe à la grimace avec Suzuki qui marque le pas avec une baisse de ses immatriculations de -23.91% et seulement 1.200 unités mises à la route.
Le Groupe Toyota est aussi orienté à la baisse (-7.66%) avec un correct -6.18% pour la maison mère mais avec un gros plongeon pour Lexus qui annonce une baisse de ses vente de -36.57%.
Mitsubishi est la marque automobile qui progresse le plus en mai dernier avec une progression de +256.96% ou 282 immaticulations. La marque aux trois diamants doit-elle ce regain d’activité à la citadine Space Star, au SUV hybride Eclipse Cross PHEV ou au pick up L200 ?
Enfin chez les « petits constructeurs » (Honda, Mazda, MG et quelques autres), les ventes progressent par rapport à celle de mai 2021 avec +7.77% et des ventes qui passent de 2.149 à 2.316 véhicules en mai 2022.
Le détail des éléments (PFA/AAA Data)
Voici quelques documents officiels pour vous aider à mieux appréhender l’état du marché automobile français, puis le TOP 100 des ventes de Véhicules Particuliers et de Véhicules Utilitaires depuis le début de l’année.
Les TOP 100 des ventes.
Pour ce qui est du détail des ventes, vous noterez que les groupe Stellantis et Renault se partage à égalité (5 modèles chacun) le TOP 10 de ventes depuis le début de l’année 2022. Quatre citadines se partage les 4 premières places du marché, 5 SUV dans le TOP 10 et la seule berline est la Peugeot 308 qui se hisse à la 7eme place entre deux SUV. Au sein du groupe Stellantis, on notera qu’ilse vend quasiment 3 Peugeot 308 pour une Citroën C4 !
On notera aussi la présence su SUV hybride rechargeable MG EHS à la 91eme place qui se vend autant que la… Peugeot 508.
Là, on va surement être mal patron !
La crise ou les crises sont bien là et semble s’installer dans la durée ce qui risque fort de pénaliser durablement le marché automobile français mais aussi européen.
Comme nous le disons depuis des mois, la crise des semi-conducteurs, la guerre en Ukraine, la pression verte imposée par l’Union Européenne et les préoccupations environnementales, la forte hausse des prix des véhicules neufs, la réduction de l’offre, un bonus écologique moins intéressant pour les acheteurs de VE (qui chassent plus l’aubaine financière que le gramme de CO2 en moins), les politiques anti-voiture (thermiques et électriques) dans les grandes villes du pays, l’inflation, la baisse réelle du pouvoir d’achat et le mauvais moral des ménages qui continue de se dégrader en mai ne vont pas arranger le marché automobile et l’ensemble des achats de produits manufacturés. [ndla : Selon l’Insee, leur moral s’est dégradé au cours du mois, s’établit à 86 c’est à dire 14 points en dessous de la moyenne de long terme, basée sur la période comprise entre janvier 1987 et décembre 2021. Les français ont actuellement un plus mauvais moral qu’au plus fort de la crise sanitaire]
La crise, la pression écologique officielle ou des ONG, la marche forcée vers le VE n’aident pas et les automobilistes préfèrent actuellement garder leur voiture, l’entretenir et la faire durer le plus longtemps possible, ce que l’on peut aussi considérer comme une démarche écologiquement acceptable, plutôt que d’acheter une voiture neuve hors de prix et ce, qu’elle soit thermique ou électrique.
Par ailleurs, les français font des arbitrages depuis le début de l’année et ils préfèrent se nourrir et se loger plutôt que d’acheter une belle auto électrique neuve alors que leur familiale d’a peine 10 ans et moins de 110.000 km peut, avec un minimum d’entretien faire le double…
Les mauvais indicateurs sont dans la place et semblent vouloir y rester. L’affaire pourrait d’ailleurs très rapidement impacter le secteur automobile qui pourrait voir disparaitre des entreprises mais aussi plusieurs dizaines de milliers d’emplois d’ici à 2025 si on en croit quelques analystes et la PFA.
Oui, patron, on est mal mais ce ne sera pas l’affaire de quelques semaines ou quelques mois mais plutôt de quelques années si tout ne s’est pas écroulé d’ici là.
Via PFA.