Après de longues semaines (presque deux mois) de mise à l’arrêt forcée, le monde automobile européen durement impacté par l’épidémie de Covid-19 se devait de se relancer rapidement.
En agissant de la sorte, on évite que certains des grands noms de cette industrie ne périclitent en prenant la direction de la banqueroute ou de plans économiques et sociaux encore plus drastiques que ceux qui nous attendent dans les prochains mois.
Petit à petit, l’Europe et pas seulement l’Union Européenne se remet en marche et l’industrie automobile commence à reprendre ses activités. Cela passe d’abord par la relance de l’outil de production, c’est à dire les usines.
Un secteur industriel clef malmené par deux mois d’inactivité
Depuis des semaines, aussi bien l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles) que le CCFA (Comité des constructeurs français d’automobiles) faisaient « triste mine » en voyant l’état du paysage automobile européen et se désespéraient de constater que tant d’usines étaient sans activité depuis « si longtemps ».
Les choses ont changé depuis le début de cette semaine puisque les entreprises ont commencé à relancer leurs activités de production.
Certes, nous sommes encore très loin du plein régime des années 2017 à 2019 mais avoir mis leur unités de production en sécurité et en conformité avec les règles sanitaires, le monde automobile se réveille.
Même si certaines règles, certaines productions vont devoir évoluer dans les prochains mois ou prochaines années, la relance d’un secteur économique vital était importante.
N’oublions pas que ce secteur industriel représente environ 11,4% des emplois industriels de l’UE mais aussi près de 14 millions d’emplois directs ou indirects.
L’automobile (VP, VUL, PL) c’est 7.0% du Produit Intérieur Brut européen mais aussi et surtout 6.1% des emplois dans l’Union Européenne.
Il est donc hors de question de laisser ce pan de l’économie à l’abandon ou à la dérive.
Objectivement, oublier ce secteur serait prendre le risque d’une crise économico-sociale de grande envergure et aux conséquences inconnues sur l’Europe et son avenir mais aussi nos vies.
Trois cent sites sont rélancés
Cette semaine, les organismes consulaires européens mais aussi nationaux avaient les yeux rivés sur les réouvertures d’usines du secteur.
Après un tour d’horizon des différents pays producteurs d’automobiles, l’ACEA annonce que près de 300 sites ont rouvert et relancé (plus ou moins vite), leur production.
Ainsi 142 sites dédiés à la fabrication de voitures particulières sont repartis, 38 qui produisent des VUL ont relancé leurs activités, 71 usines de production de moteurs et dérivés sont au travail.
Du coté des véhicules dits lourds, ce sont 58 usines de fabrication de camions et 58 de bus ou autocars qui ont relancé leurs chaines.
Au 8 mai 2020, ce sont donc 298 sites industriels liés au monde automobiles qui ont repris leurs activités.
Avec l’allègement du confinement en cours dans de nombreux pays (sauf peut être en Russie ?) européens, la semaine qui s’annonce devrait apporter son lot de réouvertures.
Reste qu’au delà de la réouverture des usines des grands groupes automobiles, il faudra avoir un oeil attentif mais aussi attentionné sur les sous-traitants.
Ils sont un maillon essentiel du tissu industriel mais après deux mois d’arrêt forcé beaucoup sont en difficulté financière et cette période de relance devrait inciter à l’aide, à l’entraide plutôt qu’au massacre entreprenarial ou à la pression sans fin sur les prix… mais aussi les salariés.
Cet important dossier sera bien sur à suivre durant les prochains mois mais aussi les prochaines années notamment à cause de la crise économique, sociale et environnementale générale qui commence à s’installer.
Le tableau proposé par l’ACEA pour la reprise en Europe
Pays/production | VP | VUL | PL | Bus & Cars | Moteurs | Total |
Autriche | 1 | – | 2 | – | 2 | 5 |
Belgique | 3 | – | 4 | 2 | – | 8 |
Croatie | 2 | – | 2 | – | – | 3 |
République Tchèque | 4 | – | 1 | 3 | 2 | 9 |
Finlande | 1 | – | 1 | 1 | 1 | 3 |
France | 13 | 4 | 5 | 4 | 9 | 31 |
Allemagne | 25 | 5 | 3 | 3 | 12 | 42 |
Hongrie | 4 | – | – | 1 | 2 | 6 |
Italie | 11 | 4 | 2 | 1 | 8 | 23 |
Pays-Bas | 4 | 1 | 3 | 2 | 1 | 10 |
Pologne | 3 | 2 | 2 | 4 | 6 | 16 |
Portugal | 1 | 2 | 1 | 1 | – | 5 |
Roumanie | 2 | – | 1 | 1 | 3 | 3 |
Slovaquie | 4 | – | – | – | 1 | 4 |
Slovénie | 1 | – | – | – | – | 1 |
Espagne | 9 | 4 | 2 | 5 | 3 | 17 |
Suède | 3 | – | 2 | 3 | 5 | 10 |
UNION EUROPEENNE | 91 | 22 | 31 | 31 | 55 | 196 |
Belarusse | 2 | – | 2 | 1 | – | 4 |
Kazakhstan | 3 | 5 | 5 | 4 | – | 7 |
Russie | 16 | 2 | 8 | 6 | 5 | 31 |
Serbie | 1 | – | 1 | 2 | – | 3 |
Turquie | 5 | 7 | 5 | 7 | 3 | 17 |
Ukraine | 4 | 1 | 2 | 2 | – | 6 |
Royaume-Uni | 19 | 1 | 2 | 4 | 7 | 30 |
Ouzbekistan | 1 | – | 2 | 1 | 1 | 4 |
EUROPE | 142 | 38 | 58 | 58 | 71 | 298 |
Un peu de com’ ne saurait nuire
Après les données statistiques et chiffrées, il est de revenir vers la réalité et la communication.
Durant 6- 8 semaines au moins, chaque firme automobile ou presque y est allé de sa session MVR (Masque-Visière-Respirateur) mais il est désormais l’heure de la relance et d’un mode de communication plus classique et plus proche de la réalité économique.
Depuis 5-7 jours environ, chaque entreprise nous dévoile via des photos ou des vidéos le retour à l’activité industrielle et à la mise en sécurité des salariés, à moins que ça ne soit l’inverse !
Il est désormais venu le moment de montrer au plus grand nombre que l’on sait toujours fabriquer des voitures et ce, même après deux mois d’arrêt imposés par la pandémie de Covid-19.
Vous trouverez ci-dessous une galerie de photographies qui nous montrent le redémarrage des chaînes de fabrication (non définitive et non exhaustive car toutes les marques n’ont pas encore communiqué sur leur reprise d’activité).
Si la relance de l’activité industrielle est très importante pour le monde de l’automobile, nous allons aussi suivre de près dans les prochains jours et prochains mois la reprise de l’activité commerciale.
En effet, c’est à partir de la semaine qui vient que les concessionnaires vont rouvrir et tenter de se remettre en place sur un marché automobile qui était déjà difficile en tout début d’année avant l’épidémie et dont on ne sait pas comment il va réellement évoluer dans les semaines à venir.
Même s’il faudra les prendre en compte au bilan de l’année, les chiffres de ventes des mois de mars, avril et probablement mai de cette année seront à « relativiser » ou à mettre entre parenthèses. Cela vaut d’ailleurs pour le secteur automobile comme pour l’essentiel des secteurs d’activité qui font vivre la France mais aussi l’Europe.
Ci dessous l’état du marché automobile français au 31 mars 2020 puis 30 avril 2020 avec les chiffres des immatriculations de véhicules particuliers fournis par le CCFA.
Il n’est pour l’instant pas évident de savoir comment les acheteurs de voitures neuves mais aussi d’occasion, aussi bien particuliers que professionnels vont se positionner sur le marché et face à l’offre actuelle. Celle-ci est en effet tiraillée entre plusieurs facteurs que nous connaissons tous.
Ceux-ci sont d’ordre financier, technique (thermique, hybride, électrique), social et politique (taxe, stabilité, écologie) et aussi en lien avec le fameux moral des ménages qui n’est pas au mieux en ce milieu de printemps 2020.
Un long dossier s’ouvre devant nous et pour plusieurs années.
Une sortie de crise et de restructuration du secteur automobile fixée par certains analystes et spécialistes à 2024 ou 2025 parait désormais des plus crédibles. Les quatre ou cinq années qui viennent risquent d’être pénibles surtout si les entreprises vivent en se retournant sur leur passé (en ce disant que c’était bien entre 2009 et 2019…) et non en regardant vers l’avenir qui est encore à inventer ou au moins à adapter.
Via CCFA, ACEA.