Alors que le Groupe PSA se montre serein et globalement en assez bonne santé financière, la situation est toute différente du coté de Boulogne Billancourt où la marque au losange est vraiment à la peine.
En effet, le groupe automobile présente ce matin une situation financière des plus fragiles dans tous les domaines. Le Groupe est notamment très impacté par le cas de Nissan qui plombe vraiment les résultats au point de croire que cela étaient voulu par les dirigeants japonais.
Renault ne va donc pas bien et le nouveau directeur général du groupe va avoir fort à faire pour relancer vite et bien la marque au losange qui a perdu de sa superbe depuis l’automne 2018.
Entre le 1er janvier et le 30 juin 2020, Renault a vendu 1.26 million d’unités vendues dans un marché mondial en recul de 28.3%.
Renault a vu ses ventes reculer de 34.9% par rapport à l’an passé sur la même période.
Un semestre très difficile d’un point de vue financier
Sur le premier semestre 2020, Renault a enregistré une perte nette pour le groupe de 7.386 milliards d’euros alors que l’an passé durant la même période, le constructeur au losange avait enregistré un bénéfice de 970 millions d’euros.
Le chiffre d’affaires du groupe automobile est de 18.4 milliards d’euros. Il est en chute de 34.3% sur un an en données brutes et de 32.9% à taux de change constant.
Le chiffre d’affaires de l’automobile hors Avtovaz (Lada) a perdu quelques 36.6% pour s’établir à seulement 15.7 milliards d’euros.
Toujours dans les détails financiers important, sachez que la marge opérationnelle du groupe s’est fixée à -1.2 milliard d’euros, soit 6.5% du chiffre d’affaires contre une marge opérationnelle positive de 1.65 milliard d’euros pour le premier semestre 2019. Le différentiel sur une année est de -2.85 milliards ce qui est juste… énorme.
Renault précise que la marge opérationnelle est en grande partie pénalisée par la baisse des volumes commerciaux et ainsi que la nette diminution des ventes aux partenaires (Nissan, Daimler notamment) qui ont eu un impact négatif de 2.08 milliards d’euros à hauteur de 72.98% de la diminution de la dite marge.
La perte d’exploitation est de 2.0 milliards d’euros contre un résultat d’exploitation positif de 1.5 milliard d’euros sur la même période (01/01 – 30/06) en 2019.
Enfin, le free cash-flow opérationnel lié à l’automobile a été négatif sur le premier semestre pour un montant de 6.4 milliards d’euros.
Ces mauvais résultats financiers sont encore pires que les plus mauvais chiffres attendus par les analystes qui envisageaient une perte nette aux environs de 5.1 à 5.3 milliards d’euros ainsi qu’une perte d’exploitation qui se situerait autour de 1.2 milliard d’euros avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 17.7 milliards d’euros.
Pour le coup, le constructeur a des records et les prévisions mais… dans le mauvais sens.
Dans son communiqué, le constructeur au losange précise qu’il ne peut pas fournir une prévision financière fiable pour l’exercice en cours (01/01 – 31/12/2020) au regard des incertitudes pesant sur la situation sanitaire mais aussi économique pour les prochains mois.
Renault poursuit en expliquant qu’il travaille depuis quelques semaines à un nouveau plan stratégique d’entreprise qui doit être présenté dans six mois environ.
Ce sera probablement au début de l’année 2021 lors de la présentation des résultats financiers 2020 par Luca de Meo.
Le constructeur assure qu’il sera en mesure, dès cette année, de réduire ses coûts fixes de 600 millions d’euros ce qui représente près d’un tiers du plan de réduction de coûts fixes de plus de 2 milliards d’euros sur trois ans présenté en mai dernier par C.Delbos et JD. Senard.
On se rappelle que ce premier prévoit notamment la suppression de 15.000 postes dans le monde dont 4.600 rien qu’en France.
Le tableau des résultats consolidés
Le commentaire du patron
Luca de Meo, le nouveau directeur général de Renault a dit dans le communiqué officiel :
« Si la situation est sans précédent, elle n’est pas sans appel.
Avec l’ensemble des équipes dirigeantes et les collaborateurs du groupe, nous nous mobilisons déjà depuis quelques semaines pour corriger notre trajectoire avec une stricte discipline qui ira au-delà de la réduction de nos coûts fixes (et probablement du plan printanier…).
Il nous faut préparer l’avenir. C’est aussi bâtir notre stratégie de développement, et nous y travaillons activement. J’ai toute confiance en la capacité du groupe à rebondir dans les prochains mois. »
La situation difficile de Renault met en lumière l’importance de l’impact de ce qui se passe chez Nissan mais aussi une gouvernance du groupe qui fut « flottante »depuis le début de l’automne 2019 et le départ de Thierry Bolloré.
Il n’est pas sur que la direction intérimaire et uniquement comptable portée par Clotilde Delbos et Jean-Dominique Senard durant 9 mois ait été d’une grande efficacité pour la marque automobile. L’automobile n’est pas seulement une affaire comptable mais un projet plus global avec une vision d’avenir et une capacité à anticiper les choses, c’est ce qui a probablement manqué à Renault depuis neuf mois… ou peut être un peu plus longtemps.
Une chose est sure, le prochain week end de repos de Luca de Meo n’est pas pour le mois prochain ni même avant la fin de l’année !
Via Renault, AP.