Cette édition du centenaire a évidemment tenu ses promesses. Ce fut évidemment très classique. Très convenu. Très bien fréquenté mais à vrai dire bien moins organisé que les vraies 24 Heures qui avaient vu, il y a à peine 15 jours plus de 300000 personnes se sortir somme toute pas trop mal de plans de circulations efficaces.
Là, comme le but du jeu de l’organisateur semble être de faire entrer le plus grands nombres de voitures certaines anciennes d’autres beaucoup moins, vers les lieux des clubs, on a rejeté vers l’extérieur les voitures des spectateurs sommés d’utiliser des navettes nombreuses sans doute mais beaucoup plus utilisées par les VIP que par les spectateurs lambda et les travailleurs permettant à tout ce petit monde (très) favorisé d’oublier que, pas très loin d’ici, les cités mancelles brûlaient. On ajoutera qu’une réquisition des navettes par le préfet le samedi soir a mis une belle pagaille lorsque les trams s’arrêtèrent. Beaucoup n’oublieront pas cette nuit mancelle agitée.
On l’a dit, l’organisation en plateau, elle est bien rodée et les vénérables ancêtres, comme d’habitude connurent des heurts et des malheurs. C’est la loi du genre et Le Mans Classic 2023 n’échappa pas à la règle puisque les fortunes « mécaniques » furent diverses.
Centenaire oblige, ceux qui n’avait pu assister au défilé des Légendes en juin purent applaudir ce week end celles qui ont connu la gloire sur le tracé manceau. Le Musée automobile du Mans a réussi là une prouesse en permettant la mise en piste de telles voitures exceptionnelles au grandiose palmarès.
Mais pour le vieux Manceau que je suis, ces plateaux n’avaient rien d’exceptionnel puisqu’on retrouve désormais les mêmes protagonistes d’une édition à l’autre. Alors si abondance de bien ne saurait nuire, elle use un peu le jugement et ce qui était d’une évidente rareté il y a vingt ans est devenu rendez vous convenu et un parfois presqu’ennuyeux.
Moi, ce qui m’a branché cette année, c’est une extraordinaire bagarre entre une Toyota GT One de 2001 et une Pescarolo de 2005. Deux malheureuses qui, toutes les deux, n’ont jamais pu décrocher le graal manceau.
C’était dans une course d’accompagnement qui réunissait les légendes de l’endurance. Pensez donc, on y retrouvait la Bentley victorieuse en 2003, une Audi, des Aston Martin GT1 d’une terrible efficacité, des Ferrari 512 LM toujours aussi belles, une Dome, des Courage, en fait toutes celles qui firent les plateaux de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème.
Du bord de la piste, le grand Henri (Pescarolo) pouvait enfin souffler : son beau proto bleu et vert faisait la nique à la japonaise et aux allemandes d’Ingolstadt. Et comme c’était le toujours très jeune Manu Collard qui matait François Perodo le riche pétrolier pilote du WEC, il flottait comme une petite brise de satisfaction sur ce moment où le sport retrouvait ses droits.
Et dans l’autre vraie course, celle des groupe C, ce fut une Peugeot 905 qui l’emporta, le petit bonheur d’être là devint plus agréable encore.
Deux françaises à la fête et en tête, il n’en fallait pas plus pour passer un bon moment.
Photos : PeterAuto, LeMansClassic, PierreFillon/ACO
(nos galeries seront publiées dans la semaine sur le site. merci)