Enfin une ‘’petite’’ voiture capable de nous réconcilier avec les SUV. La Yaris Cross est un petit outil intelligent, sobre et efficace qui permet au premier constructeur mondial de continuer à lutter à armes égales avec les deux constructeurs français maîtres du segment en France.
S’il est bien une marque en France qui fait son chemin sans casser les baraques médiatiques ou économiques, c’est bien Toyota.
Longtemps, l’entreprise japonaise nous a livré des produits irréprochables mécaniquement, au point de supplanter les allemandes dans la réputation de solidité mais tellement peu aguichantes !
C’étaient trop souvent des modèles achetés par des populations désireuses de rouler sans que la passion ne vienne embrumer l’esprit du conducteur, dans un confort bourgeois et mesuré. On a tous un oncle un peu ‘’popo’’ ou un cousin comptable qui roulait en Toyota Corolla. Le même qui ne se mêlait pas à nos conversations lorsque nous évoquions nos passions pour les trajectoires soignées, les appels contre appel et autre dérives (mal) maitrisées. Et puis il y eu une prise de conscience du côté du Soleil Levant.
Pour être un acteur majeur du marché en Europe, Toyota, comme tous ses concurrents asiatiques, se devait de comprendre la mentalité des clients du vieux continent. Pendant que la marque faisait des apparitions de plus en plus remarquées en sport automobile (les titres de Juha Kankkunen, Carlos Sainz et Didier Auriol avec des Toyota Celica redoutables) en championnat du monde des rallyes, une grande décision était prise à la fin des années 90 : Pour vendre aux Européens, il fallait des voitures fabriquées en Europe.
Hormis les économies réalisées en supprimant les affres du transport, une production locale permettait de s’adapter au plus vite aux demandes des acheteurs.
C’est à Onnaing, près de Valenciennes que démarra donc la production de ce qui sera un best seller dans son créneau très fréquenté en France, la Yaris, une petite citadine polyvalent rivale des Clio, des C3 et des 206-207-208. Peu à peu, les Japonais s’adaptèrent aux fonctionnements de la classe ouvrière française. Et réciproquement. Désormais, on peut parler d’un produit nippo-français tant la symbiose est complète. Fort de cette réussite, le style de la marque évolua plus encore. Avec deux centres de design très européen, l’un à Bruxelles, l’autre à Biot près de Nice.
C’est là que fut donc conçue la Yaris Cross, une évolution du modèle de base très en verve commercialement en ce moment. On peut donc parler d’un produit ‘’Made in France’’ même si cette appellation n’a plus la même signification en ces temps de grande globalisation mondiale… et de pénuries de pièces détachées pour cause de désindustrialisation de notre pays.
Une filiation affirmée avec le RAV 4
Avant de devenir le bodybuildé d’aujourd’hui, le Rav 4 imposa sa patte originale bien avant l’arrivée du Qashqaï de Nissan, autoproclamé ‘’ancêtre de tous les SUV’’. Il suffit de mettre l’un à côté de l’autre, le modèle originel du début des années 90 avec cette bonne bouille de Yaris Cross et la filiation devient quasi évidente. Reste que cette nouveauté sera classée comme B-SUV et elle viendra se positionner notamment en face des Puma, 2008, Captur, T-Cross et autre 500X.
Un peu plus haut sur patte qu’une Yaris ‘’basique’’, un peu plus large, un peu plus tout en fait et on se retrouve avec un véhicule qui réconcilie avec ce que les hommes de marketing s’ingénient à badger SUV alors qu’il ne s’agit en fait d’une petite berline passe-partout aux formes plus généreuses que l’origine et réhaussée comme le veut la tendance actuelle et comme le désirent ceux qui ont mal au dos.
Désormais une Toyota, ce n’est plus un petit pensum stylistique qui tente de se glisser dans le flot des automobiles anonymes, c’est un petit objet roulant qui laisse un peu de créativité à ses concepteurs que l’on sent libérés du joug de la planification industrielle chère aux Japonais.
C’est sans doute son plus grand atout. Il ne serait pas étonnant de voir les chiffres de vente déclencher quelques sourires du côté des patrons de la marque.
Pour mémoire, la Yaris Cross est fabriquée sur le site de Toyota Motor Manufacturing à Valenciennes. Un investissement de 400 millions d’euros y permet à la fois la construction de la Yaris et de la Yaris Cross. Cette augmentation de la capacité de production européenne de Toyota renforce la stratégie de localisation de la société et lui permet de se rapprocher du but de 1,5 million de véhicules vendus par an en Europe dès 2025.
Un moteur intelligent et une tenue de route efficace…
Esthétiquement, le test est réussi, Les volumes augmentés permettent de sortir du design quelquefois un peu trituré des actuelles productions de la marque. La Yaris Cross 2021 est bien charpentée, bien assise sur ses roues installées au 4 coins.
Avec ses 4.18 m de long, 1.77 m de large, 1.56 m de haut et son empattement de 2.56 m, la nouvelle Toyota affiche des dimensions sensées et offre suffisamment de place pour voyager à 4 tout en profitant d’un coffre suffisant de 397 dm3 (327 dm3 sur la version AWD).
Ce « city SUV » ou cette berline surélevée (c’est comme on veut !) repose sur la récente plateforme TNGA GA-B.
Côté motorisation, la Yaris Cross est dotée de la technologie hybride Toyota de quatrième génération, système inauguré sur la nouvelle berline Yaris. Son élément principal est le moteur trois cylindres 1,5 L Dynamic Force Engine, qui possède la même structure de base et fonctionne de façon identique à celui du deux litres installé sur les Corolla et Toyota C-HR. Le moteur thermique développe 91 ch.
La boîte-pont hybride compacte comprend aussi un moteur/générateur électrique qui fournit plus de puissance (60 kW ou 80 ch) et une meilleure réponse que le système Toyota de génération précédente. Le groupe propulseur hydride annonce une puissance cumulée de 116 ch et un couple de 141 Nm.
La batterie est une lithium-ion qui permet un gain de puissance à l’accélération par rapport à l’ancien modèle, un nickel-Hydrure métallique plus lourd. Evidemment, ce n’est qu’un 3 cylindres et il souffre un peu dans les bas régimes mais le tout est cohérent et efficace à condition que la route ne monte pas trop. Cette motorisation est associée à une boite de vitesse de type CVT.
Traction thermique, propulsion électrique, voici donc la Yaris Cross capable de motricer des 2 ou 4 roues. La version AWD est idéale sur le ‘’gras- mouillé’’ cette aptitude routière ne va pas jusqu’à permettre des franchissements véritablement tout terrain mais la tenue de route est intéressante lorsque l’on veut taquiner le petit SUV dans des portions de route montagneuses par exemple.
Un bon travail sur l’amortissement a été réalisé et la Cross est confortable en usage routier. Il faudra néanmoins essayer la deux-roues motrices puisque le modèle proposé au test par Toyota était exclusivement équipé de la transmission intégrale.
Confortable pour une voiture de ce segment, ne manquant pas de peps, la Yaris Cross est bien équipée et peut s’avérer une alternative des plus intéressante au moment de la comparer à ses rivales françaises du segment.
La Toyota Yaris Cross est proposée dans 6 finitions et en 2 ou 4 roues motrices à partir de 25.500 euros.
Revue des détails extérieurs et intérieurs
J’ai aimé :
Le style et les couleurs proposées avec une mention spéciale à la ‘’Bass Gold’’
La motorisation intelligente et efficace
La tenue de route
J’ai moins aimé :
Les ‘’petites’’ reprises du thermique 3 cylindres à bas régime
Photos : Toyota