Chez d’autres ce serait le souffre ou le sapin !
La fameuse Machina, la grande berline française fonctionnant à l’hydrogène est en manque d’air et va devoir céder la place à d’autres projets chez Hopium.
Hopium a dû faire des choix et tailler dans ses projets. L’affaire est tout sauf une surprise au regard de la très difficile situation financière qui prévaut au sein l’entreprise depuis 2022.
Ce n’est pas une présence remarquée au Mondial de l’auto Paris 2022 avec une visite du président de la République sur le stand, quelques sourires, une franche poignée de mains et une pseudo commande du Credit Agricole qui auront changé la donne. Quand ça veut pas, ça veut pas !
De la voiture à la pile
Si la Machina avait plu en se présentant au public et aux investisseurs avec une technologie innovante et une allure plutôt réussie, cela n’a pas suffi. Crier haut et fort pour avoir un gros relais médiatique qu’on est le »Tesla français » de l’hydrogène ne suffit pas et surtout cela n’a pas convaincu ceux qui ont mis de l’argent dans le projet et qui attendent un retour sur investissement non pas aux calendes grecques mais dans 3 ou 4 ans seulement.
L’ancien ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari qui se voyait déjà en grand Khalif de l’hydrogène n’a rien réussi ni vraiment lancé ce projet, d’ailleurs en avait-il les moyens et les compétences ? Pas sûr.
C’est donc très normalement qu’il en a fait les frais et même si très officiellement, il est parti pour un autre projet personnel et professionnel « super motivant et intéressant », il a simplement été viré de chez Hopium. Président du conseil d’administration depuis 2022, il a été remplacé en mars par Alain Guillou, l’ancien PDG de Naval Group qui apportera surement plus à ce qui reste d’Hopium et à son repositionnement industriel.
Dans un entretien accordé à l’AFP, Sylvain Laurent, ancien du groupe Dassault et nouveau directeur d’Hopium, assure :
« Hopium vise la rentabilité d’ici à quatre ans. L’entreprise veut dorénavant apporter plus de sécurisation, de rigueur et de crédibilité sur un certain nombre de démarches structurelles. La Machina nous a permis de contraindre les équipes et d’avoir une avance technologique en un temps record sur le système de pile à combustible ou plus simplement la pile à hydrogène et ses sous-systèmes de gestion. Ces future piles permettront de valoriser rapidement le savoir-faire d’Hopium, avec des acteurs de l’automobile, mais aussi du secteur naval. »
Quel avenir pour la Machina ?
Malgré un discours officiel qui se veut bordé dans son calendrier, on peut avoir de sérieux doutes sur l’avenir du projet et sa viabilité industrielle et financière. Toutefois chez Hopium, on persiste et on assure que l’usine devrait ouvrir en Normandie à la fin de l’année 2024 avec seulement une quarantaine de salariés qui devront oeuvrer pour produire et commercialiser les premières piles à hydrogène dans le courant de l’année 2025.
Pour ce qui est de la grande berline à hydrogène vendue quelques 120.000€, la nouvelle direction d’Hopium continue d’y croire et elle fait savoir qu’un premier prototype roulant devrait prendre la route à la fin de cette année 2023 ou durant 2024. A voir.
Rien ne dit actuellement que cette Hopium Machina forte d’une puissance de 368 kW (500 ch) et capable de parcourir un millier de kilomètres sans refaire le plein d’hydrogène verra réellement le jour surtout que si le marché de la voiture à hydrogène venait à devenir une réalité, l’entreprise normande va se heurter à des « poids lourds » du secteur automobile qui travaillent sur le sujet depuis déjà très longtemps, qui ont des bureaux de R&D compétents et puissants mais surtout qui n’ont pas de problèmes de trésorerie pour financer ce genre de projet. On pensera notamment à TMC et à BMW Group qui sont tout sauf des petites pointures dans le monde de l’auto.
On ajoutera que l’avenir de l’hydrogène ne passe pas forcément par la pile à combustible mais par un usage à la façon d’un carburant et hélas, Hopium n’est pas présent sur ce créneau de la recherche et du développement.
Images souvenirs du Mondial de l’Auto Paris 2022…
On aura enfin une pensée presqu’émue pour la région Normandie qui vient d’ailleurs d’accorder un prêt exceptionnel de deux millions d’euros à Hopium.
Le pire est à craindre mais la région et son président, Herve Morin persistent et veulent croire en ce projet en continuant à accorder sa confiance dans le nouveau modèle économico-industriel de l’entreprise créée par Olivier Lombard.
Tout cela nous rappelle une histoire qui appartient désormais au passé, celle de la société MIA dans les Deux Sèvres, financée à coups de millions d’euros et à perte par l’ancienne région Poitou-Charente et sa fameuse présidente, Ségolène Royal qui croyait en ce projet qui devait, selon elle, changer la face du monde automobile et écologique.
Mais au fait où en est le projet de SUV NamX et ses recharges en forme de cartouches remplies d’hydrogène ?
Via AFP, Le Figaro, La Tribune, LeRevenu.
Photos : Hopium