Que ce soit dans son fonctionnement général ou en Formule 1, le prestigieux constructeur britannique n’est pas au mieux.
La firme automobile cherche actuellement les moyens de se désendetter pour se donner un peu d’air, financièrement parlant, afin de perdurer dans de bonnes conditions, notamment pour préparer l’avenir et le passage à l’électrification de sa gamme même si cela est un peu moins pressé que pour d’autres constructeurs puisqu’Aston Martin est largement en dessous des règles européennes récemment adoptées.
On pensera ici à l’amendement « Ferrari » adopté le 8 juin qui prévoit que les constructeurs dont la production se situe entre 1.000 et 10.000 voitures/an n’auront pas à se conformer à l’objectif intermédiaire de 2030 (réduction des émissions de CO2 de 55% par rapport à 1990, année de référence). Ces marques devront toutefois s’aligner à l’obligation de neutralité carboneà partir de 2036, soit un an après le terme fixé pour le reste de l’industrie automobile qui veut vendre des automobiles dans l’Union Européenne.
Aston a donc un peu de répit mais a toutefois besoin d’argent frais pour améliorer sa situation comptable. Pour ce faire, Lawrence Stroll et Amedeo Felisa ont du se transformer ces dernières semaines en VRP de la marque pour partir à la recherche d’investisseurs argentés mais aussi fiables.
Les saoudiens entrent chez Aston Martin et Mercedes-Benz AG augmente sa participation
Il y a quelques jours, vendredi 15 juillet très exactement, le Public Investment Fund ou fonds souverain d’Arabie Saoudite (PIF) a officiellement fait savoir qu’il venait de participer à une augmentation de capital d’un montant de 766 millions d’euros.
Cette participation dans le capital d’Aston-Martin lui permet d’acquérir 16.7 % du capital de la société grâce à un apport de 78 millions de Livres Sterling. Il devient ainsi le deuxième actionnaire de la marque, derrière le canadien Lawrence Stroll (18.3 %) mais devant le groupe allemand Daimler (9.7 %).
L’arrivée de l’argent du PIF va notamment permettre de développer de nouveaux projets et d’alléger le poids de la dette qui s’élève à 957 millions de Livres Sterling (1.117 milliard d’euros).
On ajoutera que l’affaire a du être facilitée par le sponsor titre d’Aston Martin F1, Aramco, qui appartient à l’état d’Arabie Saoudite et au fonds d’investissement saoudien.
Une somme de 335 millions de livres sur le total de l’augmentation de capital sera apportée par le fonds souverain saoudien, le Yew Tree Consortium (groupe d’investisseurs dirigé par Lawrence Stroll) ainsi que par Mercedes-Benz AG.
Cette nouvelle répartition du capital d’Aston Martin modifie les éléments, notamment du coté de Mercedes-Benz qui voit sa participation passer d’un coup d’un seul de 11.7% du capital à seulement 9.7%. Toutefois la situation ne serait que provisoire puisque le constructeur stuttgartois va remettre la main au portefeuille lors d’une toute prochaine augmentation de la participation de l’ordre de 55 à 60 millions de Livres Sterling (65.5 à 70 millions d’euros).
Aston Martin Lagonda précise par ailleurs que cet argent frais permettra notamment de soutenir l’investissement dans un environnement opérationnel qui reste difficile, impacté par la guerre en Ukraine, les confinements liées au Covid-19 en Chine et les perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement notamment pour ce qui est des semi-conducteurs et de certains composants « high tech ».
Lawrence Stroll parle
Le propriétaire d’Aston Martin qui est aussi le 1er actionnaire s’est dit heureux de cet accord financier avec les saoudiens et de préciser :
« L’annonce d’aujourd’hui marque le dernier succès dans l’évolution d’Aston Martin, c’est à dire la restauration de l’entreprise et du bilan dont nous avons hérité, et l’accélération de notre potentiel de croissance à long terme.
Il transforme notre bilan, nos liquidités et notre profil de flux de trésorerie et apporte une plus grande clarté sur notre parcours pour devenir durablement positif en termes de flux de trésorerie disponible et créer une valeur significative pour les actionnaires de l’entreprise. »
Le féroce appétit de Geely
La firme de Gaydon fait aussi savoir qu’elle a refusé une offre de prise de participation « hostile » née de l’association de Geely Group et du fonds Investindustrial. Cette participation était conçue sur un premier investissement de 203 millions de Livres Sterling destiné au capital du constructeur anglais et cette entrée au capital devait être associée quelques mois plus tard, suivi d’une émission de 1.1 milliard de Livres Sterling en titres participatifs.
La direction d’Aston Martin et ses conseils ont repoussé cette offre comme une tentative d’acquérir une position de contrôle et potentiellement majoritaire au sein de l’entreprise.
Cette augmentation du capital et l’arrivée ou le développement d’actionnaires sérieux ont fait plaisir à la bourse puisque dans la foulée des annonces, le titre prenait quelques 20.66% mais il est toutefois encore en baisse de plus de 65% par rapport à la valeur qu’il avait au début de cette année 2022.
Via Aston Martin, AFP, ZoneBourse.