Nous avons appris ce jour le décès de Carl Hahn à l’âge de 96 ans. Si le nom ne vous dira peut être rien immédiatement, sachez qu’il fut un des hommes qui ont compté dans le développement de la marque Volkswagen dès les années 60 et jusque dans les années 90, au moment de son remplacement au poste de PDG de Volkswagen par Ferdinand Piëch en 1993.
Proche du monde automobile grâce à son père mais loin par ses études
Carl Hahn était né le 1er juillet 1926 à Chemnitz dans le land de Saxe. Il était issu d’une famille assez aisé et proche du monde de l’industrie de la moto et de l’automobile puisque son père était ingénieur de développement chez DKW Motos puis cofondateur d’Auto Union en 1932, qui devint par la suite la firme Audi.
C. Hahn fit d’assez longues études en administration des affaires, économie, science politique et même en art dans plusieurs grandes universités européennes.On découvre même qu’il est allé étudier l’histoire de l’art en Italie car il voulait aller faire du bénévolat au sein du groupe turinois Fiat.
Un des hommes du succès de Volkswagen
Sa carrière dans le monde automobile débute en 1954, lorsqu’il rejoint Volkswagen en tant qu’assistant du président Heinrich Nordhoff. Un an plus tard, il est nommé dirécteur de la promotion des ventes au département export de VW. Les choses se passent bien pour Hahn qui est nommé président de Volkswagen of America. C’est d’ailleurs sous sa présidence que les pubs les plus étonnantes, les plus percutantes mais aussi efficaces publicités pour la Cox’ et le Combi seront lancées et apporteront le succès et la reconnaissance à la marque outre Atlantique.
Après plus de cinq années de succès, il rentre à Wolfsburg car il a été nommé membre du conseil d’administration de VW à la fin de l’année 1964. Il restera au diirectoire du constructeur allemand jusqu’en 1973, année où il prend la direction du manufacturier allemand Continental dont le siège est à Hanovre. Il assurera la direction de l’entreprise jusqu’en 1982, année de son retour à la maison, chez Volkswagen, pour en devenir le président.
Sous sa gouvernance, Volkswagen se développe, progresse, connait le succès avec la Golf 2 mais aussi avec la Polo (l’époque de la fameuse Fourmi), la Passat et quelques autres modèles de niche. En 1985, Carl Hahn, grâce à ses choix industriels et commerciaux parvient à faire s’envoler les bénéfices de Volkswagen de plus de 140% à 225 millions de dollars, un record à l’époque.
Dans les années 80, on lui doit quelques choix très importants et même encore aujourd’hui.
Il est l’initiateur dès 1984, de l’engagement de Volkswagen sur le marché automobile chinois encore presqu’embryonnaire. Avec cette décision, il devance par exemple Citroën de plus de six ans.
Sous sa présidence, Volkswagen a conclu un premier accord de coopération avec la marque SEAT dès 1982 avant que le groupe ne prenne une participation majoritaire en 1986 et finisse par acheter la firme de Martorell en 1990.
En 1991, après la fin du bloc de l’est, Volkswagen conclut une joint-venture avec la firme tchèque Skoda que le groupe allemand chipe au nez et à la barbe de Renault qui finira par se retourner vers le rachat de Dacia.
A cette époque VW va bien et assure son statut de grand du monde automobile mais Carl Hahn ne parvient pas vraiment à maitriser les coûts de la R&D ainsi que ceux de la production. Cela plombe un peu les résultats du groupe industriel de Basse Saxe et en 1993, Ferdinand Piëch revient sur le devant de scène. Boosté par ses différents succès avec Audi, Piëch lui succède à la tête de Volkswagen.
Le nouveau patron de VW lui est reconnaissant pour ses succès durant la décennie précédente et le nomme membre du conseil consultatif du groupe.
Avec Ferdinand Piëch, il mettra à jour des pratiques commerciales douteuses et un système de fraude au change au sein du groupe qui coutera alors quelques 300 millions de dollars à la marque tout en faisant s’effondrer les bénéfices.
Il y restera en poste jusqu’en 1997 et quittera l’entreprise à l’âge de 71 ans.
Au fil des ans, il s’était éloigné du monde automobile et vivait une retraite paisible en Basse Saxe à Wolfsburg.
Carl Hahn s’est éteint paisiblement si on en croit le communiqué.
Via AP, Volkswagen, DieWelt.