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Renault : Un plan économico-social drastique

C’est le 29 mai prochain que Clotilde Delbos, la patronne de Renault, présentera un plan d’économies d’au moins 2 milliards d’euros.
En difficulté depuis l’an passé, et avant même l’épidémie de Covid-19 qui a mis le monde automobile à l’arrêt tout en provoquant la chute du marché, Renault, en ce printemps 2020, est au plus mal et doit trouver les moyens de se relancer et d’exister.

Eviction de Ghosn + management mou + crise + épidémie + directrice financière = plan économico-social

Après avoir enregistré en 2019 ses premières pertes depuis dix ans, le groupe automobile de Boulogne-Billancourt est sur le fil du rasoir. L’an passé, la marque au losange a enregistré une perte de 141 millions d’euros alors qu’un an auparavant, elle engrangeait un bénéfice net de 3.3 milliards d’euros.
Depuis 18 mois, la crise du secteur automobile s’est invitée et la pandémie actuelle n’a fait que renforcer l’affaire puisque Renault aurait consommé 8 milliards d’euros (charges diverses) et l’entreprise ne vaudrait que 5.5 milliards d’euros soit exactement la valeur de la participation de Nissan dans Renault…
L’entreprise a d’ailleurs vu sa note dégradée par les agences de conseils financiers, notamment Standard and Poor’s, pour devenir « spéculative » ce qui n’est jamais bon signe.
Il cherche donc les moyens de perdurer et de se remettre dans une posture économique et financière plus favorable.

Au moins 4 sites et des milliers de salariés menacés

Le plan qui sera dévoilé en fin de semaine prochaine est rude pour l’entreprise mais aussi pour les salariés puisqu’il passerait par la fermetures d’unités de production. Selon les éléments rapportés par le Canard Enchainé, pas moins de quatre usines seraient concernées en France. Il s’agit des sites de Choisy-le-Roi, Dieppe et les Fonderies de Bretagne avant le morceau de choix, l’usine de Flins qui suivra un peu plus tard.
D’ailleurs, ce matin des sources proches du dossier expliquent que le site de Flins qui produit actuellement la Zoé ne sera pas fermé mais reconverti dans d’autres productions. L’usine fabrique les citadines Zoe et les Nissan Micra (dont les jours sont comptés). Elle a assemblé 160.000 véhicules en 2019 et emploie actuellement 2.600 salariés.

Il se pourrait que l’usine installée dans les Yvelines ne fabrique peut être plus de voitures à l’avenir. Certains évoquent une production de pièces détachées ou d’éléments de transmission.  

L’usine de Choisy-Le-Roi dans le Val-de-Marne et qui emploie quelques 263 personnes dans la réparation des moteurs et boîtes de vitesse utilisés comme pièces de « seconde monte » sont déjà dans le viseur de la direction de Renault tout comme la fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan) qui fabrique des pièces en fonte pour les moteurs, les châssis et les boîtes de vitesse. En Bretagne ce sont 385 salariés qui sont sur la sellette.
L’usine historique d’Alpine à Dieppe serait elle aussi annoncée dans ce futur plan de restructuration à cause de volumes de production bien trop faibles pour justifier le maintien en activité du site.
La disparition de l’établissement créé par Jean Rédélé ne devrait toutefois pas signifier la mort du coupé A110 puisque le modèle sera construit ailleurs.
Si la fermeture du site dieppois est confirmée c’est une partie de l’histoire de la marque au A que l’on fera disparaître au nom d’une rentabilité toujours plus importante devenue une sorte de Graal des directeurs financiers et des patrons d’entreprise qui souhaitent bien souvent maximiser les dividendes au détriment de tout le reste.
Fermer Dieppe, ce serait comme fermer Hethel chez Lotus, Zuffenhausen chez Porsche ou Sant’Agata Bolognese pour Lamborghini…
Une page importante de l’histoire serait refermée définitivement et les 386 salariés qui sont employés sur le site qui risquent fort d’être mis à la porte.

A ces éléments, on ajoutera « l’avis éclairé » de certains conseils et analystes qui font savoir que Renault emploierait au moins 4.000 personnes en trop dans les services de R&D, c’est à dire essentiellement au Technocentre de Guyancourt.
Si cela ce confirme, ce sont entre 35 et 35% des salariés du centre de développement de la marque au losange qui pourraient être dans le collimateur de la direction générale du groupe. A ce jour, ce sont quelques 10.800 personnes qui travaillent sur le lieu et qui participe au développement de la société automobile.

Enfin, on peut aussi avoir quelques craintes pour la survie de Renault Sport F1 Team et son engagement en Formule 1 car si ce sport est une vitrine, il coûte aussi très cher sans vraiment rapporter.

La confirmation de la vente des concessions RRG

Annoncée avant l’épidémie, Renault avait parlé de la vente ou de la fermeture prochaine de plusieurs points de vente gérés par sa filiale de distribution RRG (Renault Retail Group) en France.
Ainsi, ce sont au moins dix établissements qui seront vendus d’ici 2024 mais de nouvelles concessions pourraient être mises sur le marché afin d’alléger la charge financière de ces entités commerciales.
On ne sait pas si RRG qui compte 275 sites dans 14 pays d’Europe (94 concessions en France) vendra d’autres concessions installées à l’étranger ou si cela se limitera à notre pays.
Renault veut aussi réorienter certaines ressources financières liées à la distribution vers la vente via le web. La marque devrait donc développer son activité commerciale sur la toile au cours des années à venir sans toutefois que l’on sache de quelle manière et si cela sera plus profitable qu’avec les concessions.
Une chose est sure, Renault cherche à se « matérialiser » dans certains domaines afin de minimiser ses charges et d’augmenter sa rentabilité et ses profits. Une autre est beaucoup plus aléatoire est de savoir si les clients répondront présents notamment pour les ventes de véhicules d’occasion qui sont une source de profit non négligeable pour les distributeurs.

Et l’état actionnaire dans tout ça ?

Comme le rappelle Les Echos sur son blog, l’Etat français n’a été que rarement appelé à la rescousse de Renault depuis sa nationalisation au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
Il y a eu la difficile passe des années 1980, la crise de 2008, et celle d’aujourd’hui.
Trois aides d’état en 75 ans, ce n’est pas extraordinaire au regard de l’importance de l’entreprise dans le paysage industriel français, sachant qu’entre 1945 et 1996 Renault (RNUR) était une entreprise nationalisée ou d’état.
Pour détendre l’atmosphère, sachez que durant la période 1945-2020, Renault a bénéficié de trois aides de l’état mais a changé dix fois de logos…

L’état ne dit mot et consent

Après le plan d’aide et le crédit de 5.5 milliards accordé (avec la garantie de l’état) à Renault, le gouvernement français, par la voix de Bruno Le Maire le ministre de l’économie, a fait savoir que ce plan était vital pour Renault et qu’avec lui se jouait la survie de l’entreprise.
On aura d’ailleurs à l’esprit que le plan de soutien mis en place par l’état ne remet pas en cause le plan d’économies de Renault, ni les éventuelles suppressions d’emplois et fermetures d’usine puisque la seule condition fixée par le gouvernement est le renoncement aux dividendes versés aux actionnaires pour cette année.  
Le locataire de Bercy poursuit en précisant que ces fermetures et ces restructurations vont entraîner des licenciements, surtout que les usines ne vont pas être les seules touchées. C’est un vrai plan global et il serait irresponsable de conditionner l’aide de l’état à zéro licenciement.
Une chose est certaine, l’état entérine la décision prise la direction du groupe automobile et de fait le plan économique et social.
La direction de Renault n’a pas souhaité faire de commentaires sur ce dossier tout comme le ministère de l’économie.
On souhaite du courage à Luca de Meo qui arrivera chez Renault au mois de juillet puisqu’il va devoir mettre en application ce plan économico-financier ainsi que la casse industrielle et sociale qui va avec.

Un dossier économique à suivre avec attention dans les prochaines semaines car il risque de devenir brûlant à l’approche de sa mise en place.

Via LeCanardEnchainé, AP, AFP, Les Echos, le Figaro, L’Expansion.

Frédéric Euvrard

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