Nous savons tous que depuis le 19 novembre 2018, date de l’arrestation de Carlos Ghosn à Tokyo, les choses sont un peu tendues entre Nissan et Renault. L’arrivée de nouveaux dirigeants à la tête de l’entreprise il y a quelques mois devait apaiser les choses et permettre à l’Alliance de repartir sur de bonnes bases.
Si de sages décisions ont été prises ces dernières semaines, l’affaire originelle, c’est à dire la fusion entre Renault et Nissan revient sur le devant de la scène médiatique en cette fin de mois de mai.
Jean-Dominique Sénard monte en puissance ?
Président du constructeur automobile français depuis le 24 janvier dernier, président de l’Alliance RNM depuis le 12 mars et vice président de Nissan depuis le 8 avril 2019, Jean-Dominique Senard semble prendre ses marques chez Renault SA mais aussi au sein de l’Alliance.
Sous sa présidence, l’Alliance a décidé de faire table rase de la structure passée et a mis en place le 12 mars un « conseil opérationnel » qui doit permettre aux trois entreprises de travailler sur une base du consensus et de collaboration.
Fort de ses positions, face à un Hiroto Saïkawa qui pourrait être mis en difficulté voire même contesté mi juin, Jean-Dominique Senard pose petit à petit ses jalons qui doivent permettre à l’Alliance de trouver son énergie, sa volonté d’avancer dans le respect des cultures spécifiques des uns et des autres.
Comme pour rassurer les parties concernées il assure qu’il n’y aura pas d’évolution dans l’avenir de la nouvelle structure sans ce respect des partenaires et une vraie concertation entre les marques mais…
Une clarification radiophonique
Interviewé ce matin sur France Inter, le patron de Renault est revenu sur l’idée de fusion entre les marques et de dire : »
Le débat autour d’une éventuelle fusion entre Renault et Nissan a pris une tournure « dramatique » qui n’était pas nécessaire, même si la question se posera sans doute à l’avenir.
On a beaucoup évoqué ces jours-ci cette question de fusion, en faisant en quelque sorte un petit peu peur à tout le monde.
Ces discussions autour d’une fusion capitalistique ont été ressorties récemment un peu de façon dramatique. Je pense que ce n’était pas nécessaire.
Jean-Dominique Sénard de poursuivre et d’expliquer : « La réalité est plus simple que cela. Chaque entreprise dans le monde, quelque soit son activité, doit réfléchir au meilleur moyen de se renforcer et, notamment lorsqu’il s’agit d’une alliance, vérifier comment on peut l’optimiser.
J’assure que c’est le devoir de toute entreprise de réfléchir à son avenir. Je pense que, dans la suite des évènements, tant Renault, que Nissan, que Mitsubishi réfléchiront à ce sujet dans la sérénité. »
Des tensions franco-japonaises toujours palpables
En agissant de la sorte, le président de l’Alliance, tacle plus ou moins l’administratrice indépendante japonaise de l’Alliance
Keiko Ihara qui a déclaré à Reuters en milieu de semaine qu’une fusion n’était pas à l’ordre du jour, et que la priorité du groupe Nissan devait essentiellement se concentrer sur l’amélioration de ses résultats financiers en 2019 et 2020.
K.Ihara avait même ajouté sur le ton de l’agacement : »Nous n’avons pas le temps de ressentir la pression qui semble venir de l’extérieur.
Si un nouvel administrateur souhaite faire du rapprochement des deux groupes un sujet de discussion, nous ne sommes pas au courant. »
Dans l’affaire, JD Senard se rapproche de la position défendue par le ministre de l’économie français qui avait dit dans la semaine que l’actuelle situation, proche d’un statu quo plus ou moins imposé par le constructeur japonais pouvait fragiliser dans un avenir proche la situation et la puissance de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et qu’il n’était pas possible de perdurer dans ce sens sauf à tout y perdre ou presque dans les prochains mois ou prochaines années.
Un rapide coup d’oeil sur l’Alliance
Une chose est sure, les marques de l’Alliance vont devoir s’entendre et trouver des solutions. En effet, Renault est en petite forme depuis le début de l’année et du coté de Nissan gagne moins d’argent que par le passé.
Le constructeur japonais a fait savoir qu’il envisageait une chute de plus d’un quart, 28% très exactement, de son bénéfice opérationnel à quelques 230 milliards de yens (1.9 milliard d’euros) sur l’exercice qui s’achèvera en mars 2020, contre 318 milliards de yens (2.6 milliards d’euros) sur l’exercice qui a été clôturé au 31 mars dernier.
La bourse confirme d’ailleurs la situation difficile de Nissan puisqu’au cours du jour, le titre perdait 0.59% alors que Renault était stable à +0.03% et que Mitsubishi gagnait 0.90%.
On ajoutera que Nissan tarde à renouveler sa gamme et perd pied sur certains marchés, notamment en Europe où la marque accuse le coup… en étant intégrée dans l’Alliance.
Via France Inter, Reuters, TradingSat, L’Alliance, AFP, Le Parisien.
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