Economie

Plan de sauvetage de l’automobile : Une affaire d’Etat…

Hier, le chef de l’état était en visite à l’usine Valéo d’Etaples dans le Pas de Calais.
Le président Macron était sur place pour découvrir l’usine des plus importants équipementiers automobiles du monde automobile mais aussi pour apprécier les mesures sanitaires qui ont accompagné la relance du site étaplois, aller à la rencontre des salariés et surtout y tenir une conférence à 17h00.
Celle-ci devait détailler une série de mesures prises pour venir en aide au secteur automobile, frappé de plein fouet par l’épidémédie de Covid-19 mais aussi par une crise qui s’est installée depuis 2019 et qui marque la fin d’une décennie de prospérité et d’argent presque facile.

La situation et l’état des lieux

Le monde automobile français est en cette fin mai 2020 en grande difficulté. L’affaire ne s’annonçait déjà pas très bien depuis la fin de l’année 2019. 2020 avait commencé avec un marché très fébrile pour ne pas dire à la peine, notamment à cause d’une conjoncture économique peu favorable, d’un moral de ménages en berne face à un avenir incertain et de l’affaire du Bonus/Malus écolo et sont passage en version WLTP.
En février, on commençait réellement à se préoccuper de la pandémie et les gens ont commencé à faire attention et à délaisser leurs envies de consommation, notamment automobile. Les annonces des annulations des salons automobiles, puis les consignes restrictives à l’intention de ceux qui voyagent ont déclenché une panique sous-jacente qui a commencé à perturber l gens et leurs projet.
Le 29 février, l’épidémie s’installe réellement en Europe et de nombreux pays sont touchés. Ils se mettent alors quasiment à l’arrêt général et les européens découvrent les affres du confinement qui a duré en France jusqu’à la mi mai.

A l’image de tous les autres secteurs économiques, celui de l’automobile est sévèrement touché pendant deux mois. Les ventes de voitures neuves ont chuté de 80 % sur la période.
Au moment de la relance du pays, on découvre qu’il y a en France quelques 400.000 véhicules en stock sur les parcs des constructeurs, des importateurs et bien sur des distributeurs dont la vente a été stoppée net par l’épidémie.
Gardons aussi à l’esprit le fait que la situation est encore plus préoccupante pour les stocks de véhicules d’occasion qui s’entassent, vieillissent, se déprécient et coûtent eux aussi beaucoup d’argent aux concessionnaires.
On se rappelle début mai 2020 que secteur automobile français compte 400.000 emplois directs et au moins autant en emplois indirects.
On se rend compte aussi que le système économique actuel néo-libéral qui privilégie les flux tendus à tous les niveaux ne permet pas aux entreprises, petites ou grandes d’avoir suffisamment de trésorerie, notamment pour passer les deux crises qui se cumulent en ce printemps.
2020 sera l’année des crises, qu’elles soient sanitaires, existentielles, sociales et désormais économiques.

Le plan d’état point par point

L’état français ne pouvant laisser à l’abandon ce pan de l’économie nationale, le chef de l’état, le premier ministre et le ministre de l’économie ont pris la décision de mettre en place, quasiment dans l’urgence, un plan d’aide et de sauvegarde du secteur automobile doté d’au moins huit milliards d’euros.
Ce plan d’état est fait de plusieurs points que nous allons maintenant détailler.

Au delà des différentes aides, des crédits accordés (ou en cours de validation) ou des reports de charges, l’état français veut agir sur le marché pour relancer le secteur automobile en France.

1- Des aides à l’achats

L’état veut redonner de l’air et surtout de la trésorerie aux concessionnaires pris à la gorge. Pour ce faire, l’état met en place une prime exceptionnelle pour les 200.000 premiers véhicules achetés. Cette prime sera effective dès le lundi 1er juin.
Son montant est fixé à 3.000€ pour les personnes qui se séparent de leur ancien véhicule pour l’achat d’une voiture plus propre, neuve ou d’occasion. Cette prime que l’on qualifiera de « prime au déstockage » peut atteindre 5.000€ si on fait le choix d’acquérir un véhicule électrique.
Ces primes d’aide à la conversion destinée aux ménages modestes seront désormais accessibles par trois quarts des Français seront éligibles. Cette prime dite « prime de relance » s’adresse aux français dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 18.000€ nets par an. Les véhicules essence et diesel de dernière génération ou hybrides ou électriques sont éligibles.

2-Des aides revalorisées pour les véhicules électriques ou électrifiés

Le chef de l’état a dit que l’après dans l’industrie automobile, c’est le monde de la motorisation électrique, ce sont les véhicules autonomes alors que les motorisations c’est le monde d’avant, l’ancien monde même !
E. Macron croit donc dans l’explosion du marché des VE qui tarde pourtant à venir même si il est apparu plus dynamique au début de l’année 2020 qu’en 2019.
Le marché des véhicules électrique n’est donc pas encore mûr ni apte à vivre selon les lois du marché. Aussi pour dynamiser le marché du véhicule électrique, l’état a décidé le renforcement de la prime à l’achat pour les véhicules dit propres et ce qu’ils soient totalement électriques ou hybrides rechargeables.
La prime (ou bonus écolo) voit donc son montant augmenter de 1.000€ pour passer de 6.000 à 7.000€ maximum pour les acheteurs particuliers et c’est de le retour d’une aide à l’achat de 5.000€ pour les entreprises et et les collectivités. 
On note que les véhicules hybrides rechargeables voient la ré-instauration de leur bonus écolo supprimé il y a quelques années au prétexte que leur marché était « mature ».
Pour l’acquisition d’une véhicule de type PHEV, le bonus écolo est fixé à 2.000€.
Les véhicules hybrides classiques ne profitent d’aucune aide d’état et se retrouvent dans la même catégorie que les voitures à motorisation thermique.
Les différents paliers fixés pour les prix d’achat d’un VE restent d’actualité.

3-Le jeu des 100.000 bornes

Pour accompagner la « formidable » accélération du marché des véhicules électriques attendue dans les prochains mois, le chef de l’état a annoncé que déploiement des bornes électriques va être accéléré. Elles seront 100.000 dès 2021, et non dès 2022 comme annoncé initialement.
Si l’effort est louable, on est encore très loin du million de bornes de recharge promises pour 2020 par Ségolène Royale en octobre 2016. Ceci bien évidemment sans compter le coup « foireux » du groupe Bolloré qui était sur le coup à l’époque mais cela est de l’histoire ancienne !
Cette annonce vient compléter celle faite il y a quelques jours par le secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, qui a demandé l’installation de 100.000 bornes d’ici 2023 sur l’ensemble du réseau autoroutier français.

4-Des aides par secteur

L’état dans son plan d’aide de 8 milliards a prévu différentes aides pour un montant de 4.8 milliards d’euros.
Il y aura d’abord quelques 200 millions d’euros de subventions qui seront accordés pour l’accompagnement des équipementiers dans cette passe difficile.
A ce premier fond d’aide, viendra s’ajouter un fond d’investissement de 600 millions d’euros qui sera assuré pour 50% par l’Etat et pour les autres 50% par les constructeurs. Enfin, quelques 150 millions d’euros seront investis dès la rentrée 2020 en soutien de la recherche pour le véhicule du futur. 
Le président a même parlé de développement de la voiture autonome ce qui peut étonner à l’heure où les constructeurs ont un peu levé le pied dans ce domaine.

5-« L’Airbus de la batterie » décollera avec Renault à bord

Le président veut faire de la France la première nation de production de véhicules propres en Europe, avec plus d’un million de véhicules électriques et hybrides par an.
Pour atteindre cet ambitieux objectif qui doit angoisser Herbert Diess, le patron du groupe Volkswagen qui se veut être le chantre du VE à l’européenne, le président Macron a annoncé trois plans de soutien exceptionnel à la R&D à la française.
L’axe premier de ce projet est de pouvoir affirmer l’importance de la France dans la production d’automobiles moins ou peu polluantes.
Cela pourra paraître étonnant puisque globalement, avec leur petits moteurs et leurs diesels, les marques automobiles françaises sont aux avant postes en matière d’émission de CO2.

6-Relocalisation de la production de PSA et de Renault

Enfin, le chef de l’état souhaite une « relocalisation » rapide de la production automobile en France de la part des deux groupes automobiles nationaux.
E. Macron assure qu’il faut relocaliser la production à valeur ajoutée en France mais aussi consolider et maintenir la production déjà présente. Le pays doit avoir une ambition clairement défensive pour son secteur industriel qu’il soit automobile ou autre.
Profitant de cette journée « automobile », le groupe PSA se serait engagé à produire plus de 450.000 véhicules électriques à l’horizon 2022, notamment sur les sites français de Poissy en région parisienne et à Sochaux, qui est le berceau du groupe industriel dans le Doubs.
De son coté, Renault se serait engagé à tripler d’ici à deux ans sa production de véhicules électriques en France et à la quadrupler d’ici à l’année 2024, pour parvenir à 240.000 voitures sur batterie par an. 
La marque au losange pour être dans le bon tempo officiel et présidentiel a fait savoir qu’elle produira son futur moteur électrique d’une puissance de 100 kW (136 ch) destiné au groupe dans l’usine de Cléon en Seine-Maritime et non plus en Asie comme c’est actuellement le cas pour la Zoé.
Enfin, un peu poussé par l’état et la promesse de la signature d’un prêt de 5 milliards d’euros garanti par la France, le constructeur a fait savoir qu’il rejoignait le programme européen de batterie électrique dit « Airbus de la batterie ».
On se rappellera que le lancement et la pose de la première pierre de cet ambitieux projet qui doit nous permettre de ne plus être soumis à la Chine en matière d’accumulateur d’électricité remonte au début de cette année à Nersac en Charente.

Il faudra patienter quelques mois encore avant de percevoir les effets de l’ensemble de ces mesures et aides d’état.
Le premier signe de relance de la filière automobile sera à guetter dès la fin juin avec les chiffres des immatriculations de voitures neuves, de véhicules utilitaires et de voitures d’occasion.

Via Gouv.fr, AP, AFP.

Frédéric Euvrard

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