La fameuse « votation » voulue par la maire de Paris, Anne Hidalgo, au sujet de l’avenir de la trottinette électrique dans la capitale a eu lieu ce week end.
Le moins que l’on puisse dire c’est que ce vote ou référendum en faveur ou contre l’usage des patinettes sur batterie n’a pas vraiment attiré les foules puisqu’environ 100.000 personnes se sont déplacées pour donner leur avis sur le sujet ce qui représente environ 7.46% des inscrits enregistrés sur les listes électorales.
Un résultat sans appel
Ainsi les parisiens ont voté pour l’interdiction des trottinettes en libre-service à près de 90% des voix durant la journée de dimanche 2 avril 2023.
La ville de Paris qui assure qu’elle va prendre en compte le résultat de cette consultation ne reconduira pas à la rentrée les contrats autorisant trois opérateurs privés qui sont Lime, Tier et Dott à redéployer chacun 5.000 trottinettes dès septembre prochain.
Présentes dans la ville de Paris depuis quasiment cinq ans, ces moyens de mobilité électrique réputés à tort ou à raison comme dangereux vont donc disparaitre de l’offre des moyens de déplacement en libre-service de la première ville française. On imagine sans mal, comme ce fut le cas avec le système Autolib’ de Bolloré que d’autres grandes villes du pays vont prendre le même chemin dans les prochains mois.
Les trois opérateurs de trottinettes électriques parisiens que sont Dott, Lime et Tier Mobility ont fait savoir hier soir par communiqué :
« Nous prenons acte du vote et nos services ne seront pas renouvelés à partir du 1er septembre 2023.
Nous notons que cette consultation inédite, dont la mobilisation aurait pu être plus large et représentative si les modalités de la votation avaient été différentes c’est à dire plus de bureaux de vote, la mise en place d’un scrutin électronique et une information municipale plus complète sur le sujet.
Seulement 6.7 % des parisiens inscrits sur les listes électorales se sont exprimés contre le maintien des trottinettes électriques soit 4.2 % de la population parisienne. Cela a conduit à creuser un fossé entre le pour et le contre, d’une amplitude rarement observée dans un vote en France qui reflète des conditions asymétriques. Le résultat de cette votation aura un impact direct sur les déplacements de 400.000 personnes chaque mois. Aussi à partir de maintenant, notre priorité en tant qu’employeurs responsables est d’assurer l’avenir de nos salariés. »
Si on en croit les opérateurs, ils sont plusieurs milliers en charge du déploiement, de la gestion et de l’entretien des trottinettes.
Pour ajouter à la voix des opérateurs, on notera que certains ont fait remarquer, probablement à juste titre, que l’électorat qui s’est déplacé hier dimanche est peu usager de ces moyens de mobilité qui souvent utilisés par les touristes, les personnes habitant en banlieue, les étudiants ne résidant pas le week end à Paris ou par ceux qui ont besoin de faire le dernier kilomètre
après un trajet en train ou en covoiturage.
Nicolas Gorse, directeur de Dott, s’exprimant au nom des trois opérateurs sur RMC a fait savoir que l’impact économique d’une telle interdiction ne sera pas négligeable puisque les trottinettes à Paris comptent pour 15% du chiffre d’affaires de l’enpreprise qui officie à Paris grâce à la présence de 800 salariés qui vont devoir être reclassés ou licenciés dans les prochains mois.
Cette mise à mort des service de partage et de location de trottinettes électriques ont subi depuis de très longs mois les assauts de leurs détracteurs qui leur reprochent d’être abandonnées n’importe où dans l’espace public, de circuler beaucoup trop vite sur les trottoirs, de mettre en danger les piétons, de ne pas respecter les règles de circulation et le Code de la route et d’avoir un bilan carbone peu flatteur à cause de leur provenance (Chine) et des nuisances environnementales qu’elles causent.
La mairie de Paris, c’est à dire Anne Hidalgo et son adjoint écologiste aux mobilités David Belliard, on a d’abord tenté de faire preuve de pédagogie et de bon sens mais ce fut en vain ce qui a conduit l’édile et son adjoint à être en faveur de leur interdiction depuis l’an passé.
Si la trottinette électrique va être interdite dans le cadre des systèmes de libre-service, les trottinettes motorisées que chacun peut posséder ne sont donc pas concernées par le résultat de ce vote du 2 avril 2023.
A l’avenir, les parisiens vont devoir se rabattre sur les vélos, tricycles, quadricycles, scooters électriques ou la marche à pied pour se déplacement dans la capitale quand il n’y a pas de moyen de transport en commun ou quand les VTC et Taxis sont bien trop chers pour la majorité des budgets des gens qui ont besoin de circuler dans Paris.
Une réglementation qui évolue
Ce choix parisien vient mettre une dose supplémentaire de contraintes sur les électro-trottinettistes après celles annoncées la semaine passées par le ministre des transports Clément Beaune.
Celui-ci a en effet expliquer avec quels moyens le gouvernement entendait réguler l’utilisation des trottinettes électriques dans les grandes villes de l’hexagone.
Il a ainsi précisé que désormais l’âge minimum pour utiliser une trottinette électrique sur la voie publique va être relevé de 12 ans à 14 ans minimum pour protéger les plus jeunes. L’état va réglementer l’usage des trottinettes en sanctionnant plus fortement les comportements dangereux ce qui veut dire que les amendes qui sanctionnent la circulation à deux sur un engin et sur les voies interdites passeront de 35 à 135€ dans les prochaines semaines mais l’affaire du port du casque obligatoire n’est toujours pas tranchées, ce serait pourtant une bonne chose en matière de sécurité pour les usagers.
On rappellera aussi qu’il faut une assurance Responsabilité Civile spécifique pour l’usage d’une trottinette électrique car celle qui est liée à l’habitation n’est pas prévue pour ce moyen de mobilité.
Au média 20 Minutes, le ministre a ajouté que les opérateurs allaient signer une charte de bonne conduite qui les engagera dans l’amélioration de la sécurité de tous les usagers, mais aussi la garantie d’un service respectueux de l’environnement avec effort tout particulier porté sur la durée de vie des batteries d’un minimum de cinq ans et pour le recyclage.
Enfin, on rappellera qu’à la fin du mois de novembre 2022, les opérateurs parisiens s’étaient engagés à contrôler l’âge des utilisateurs pour 100% de la flotte présente dans la capitale et qu’ils allaient poser sur leurs engins électriques à deux roues une plaque d’immatriculation afin de mieux aider à la verbalisation des utilisateurs qui ne respectent pas le code de la route, grillent les feux ou roulent à deux sur un même véhicule « de la nouvelle mobilité urbaine non polluante »…
Tout cela n’aura finalement pas suffi pour éviter l’éradication des trois services de trottinettes électriques en libre-service dans Paris.
Via AP, 20 Minutes, LeFigaro, Dott.