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Nissan ne réduit pas la voilure, il l’abat

Nissan a présenté aujourd’hui ses résultats financiers pour l’année 2019 ainsi qu’un plan d’une durée de trois-quatre ans pour atteindre une nouvelle croissance durable, une vraie stabilité financière et revenir à la rentabilité d’ici la fin de l’exercice 2023.

Une année 2019 très difficile

Le constructeur japonais a annoncé ce matin sa première perte d’exploitation depuis 2008/2009 (années de la crise financière). Celle-ci se situe aux environs de 40.5 milliards de yens soit environ 340 millions d’euros.
La perte nette annuelle s’élève à 671.2 milliards de yens (~5.7 milliards d’euros), et elle est très nettement supérieure aux prévisions car amplifiée par les coûts de restructuration et les dépréciations déjà passées en comptabilité. Pour l’exercice précédent 2018/2019, Nissan avait engrangé un bénéfice net de 319 milliards de yens en 2018/19 (~2.68 milliards d’euros)

Nissan est bien loin des années radieuses passées sous la présidence Ghosn mais dont la direction souhaite faire table rase après le fiasco de l’affaire judiciaire au Japon, les errements d’Hiroto Saïkawa dans la gouvernance de l’entreprise et veut, au moins officiellement préparer l’avenir au sein de l’Alliance et de ses nouveaux projets.

Rationalisation et moins de production

Le constructeur japonais annonce vouloir prendre des mesures décisives pour transformer ses activités. Les dirigeants de l’entreprise ont expliqué qu’ils voulaient rationaliser et diminuer les opérations et les postes (au sens large) qui ne sont pas rentables et qu’il allaient s’attaquer aux installations industrielles et techniques excédentaires qui influent lourdement sur la rentabilité de la société et qui peuvent aussi peser sur sa réactivité.
Nissan va aussi procéder à des réformes structurelles ou pour faire simple, restructurer ses services, sa R&D et son administration.
Le constructeur va réduire ses coûts fixes en rationalisant ses capacités de production, mais aussi sa gamme mondiale et ses dépenses en général

L’entreprise japonaise va principalement baisser sa capacité de production de 20%. Celle-ci devrait chuter de 6.8 millions à 5.4 millions d’unités par an ce qui correspond à une perte de 1.4 millions de véhicules par an dès 2022/23, pour une capacité de production maximale de l’ordre de 6 millions d’unités.
La gamme mondiale sera réduite de 20% pour passer de 69 à 55 modèles d’ici à fin 2022.
Les coûts fixes de l’entreprise doivent impérativement baisser de 300 milliards de yens et enfin il va falloir fermer des usines.
Au final, Nissan vise à atteindre une marge bénéficiaire d’exploitation de 5.0% et espère s’assurer une part de marché mondiale de 6.0% d’ici la fin de l’exercice 2023, c’est à dire dans trente mois environ et pour y parvenir il va falloir avancer vite et bien pour ne pas dire à marche forcée.

Moins de marchés, plus d’efficacité

Enfin, Nissan va concentrer ses activités principales sur les marchés japonais, chinois et nord américains, de la Chine et de l’Amérique du Nord.
La marque annonce aussi son départ de la Corée du sud et ce, assez rapidement. L’Europe et son grand marché automobile est préservée mais Nissan va se réorganiser et revoir son offre.
Nissan Europe et ses filiales sont préservés mais Nissan ne va plus proposer sur nos marchés que des SUV/Crossovers et des véhicules électriques (et probablement une voiture « image »).
C’en sera donc fini des citadines, des compactes et probablement des VU à motorisations thermiques.
Pour la France, c’est essentiellement la Micra qui va disparaître puisque les Note et Pulsar ont déserté notre marché hexagonal depuis déjà quelques années. Le van NV200 n’est pas concerné puisqu’il n’est plus proposé qu’en version électrique.

Nissan va rester en Europe mais…

… il va sacrifier une de ses usines.
On craignait pour l’usine de Sunderland au Royaume Uni et finalement, malgré les gestes et aides annoncés par le gouvernement espagnol depuis quelques jours, Nissan a pris la décision de fermer son usine installé en Catalogne dans la « Zona Franca » de Barcelone.
Cette usine ouverte en 1967 par Motor Iberica, reprise en 1981 par Nissan dans le cadre de la prise de contrôle de l’entreprise espagnole va donc vivre ses derniers mois ou deux dernières années d’activité industrielle.
Sur ce site, Nissan produit des pick up Navara et y assemblait aussi ses ex dérivés que sont le Mercedes-Benz Classe X et le Renault Alaskan qui auront eu des carrières commerciales très courtes sans jamais avoir rencontré leur clientèle.
La fermeture de cette usine espagnole va entraîner la mise en place d’un plan social et le licenciement de 3.000 salariés.
Cette fermeture vient s’ajouter à celle annoncée en mars dernier et qui concerne une usine implantée en Indonésie.

Au final, ce ne sont pas 12.500 salariés dont Nissan va se séparer mais au moins 15.500 et on évoque même depuis quelques jours le chiffre de 20.000 licenciements.
A vérifier mais à la vue de l’importance du plan de restructuration, c’est une donnée envisageable.

La conférence en mode confinement

Au delà du plan dédié à la relance de Nissan mais aussi son activité industrielle et commerciale, la conférence du constructeur japonais s’est faite en mode « Pandemie de Covid-19 et confinement ».
Ce matin, au Japon, nous étions loin des habituelles ambiances qui prévalaient jusqu’à maintenant lors des grandes conférences ou présentations chez les grands constructeurs automobiles.
Distanciation sociale et même éloignement, des draps blancs, pas de décoration ou d’animation, un seul cameraman à la prise de vue et plus loin en arrière dans la « petite » salle seuls quelques journalistes et correspondants chargés de prendre les informations et les communiquer. L’ambiance était à la fois austère et triste même si on peut le comprendre à la lecture des résultats de l’entreprise et de son plan d’avenir.

Ci-dessous quelques photos de la conférence Nissan.

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Via Nissan.
Crédits photos : Nissan.

Frédéric Euvrard

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