Trois petits mois et puis s’en va !
Nommé il y a peine trois mois vice président en charge de la relance de Nissan, Jun Seki, un temps pressenti pour devenir le nouveau directeur général de Nissan, a annoncé qu’il quittait quasi immédiatement ses fonctions de vice-directeur général délégué pour aller voir si ailleurs l’herbe n’était pas plus verte.
Un départ surprise
Jun Seki, âgé de 58 ans, ingénieur de formation, soutenu en interne au Japon mais aussi fort d’une belle expérience en Chine où il a obtenu d’excellentes performances, était annoncé comme le possible patron de Nissan, hélas pour ceux qui croyaient en lui, l’aventure dans le cadre du triumvirat à la tête du constructeur japonais s’arrête là.
Jun Seki a annoncé qu’il rejoignait l’équipementier Nidec Corp.* dont il va prendre la présidence en janvier prochain.
S’il n’était pas le « chouchou » de Renault parce que le patron, JD Senard, le trouvait trop nationaliste et pas assez ouvert à une collaboration internationale, le départ soudain de Jun Seki marque un premier et rude coup d’arrêt au plan de relance de Nissan.
Si on en croit des sources proches de la direction de Nissan, le nouveau directeur général Makoto Uchida, le directeur général délégué Ashwani Gupta et Jun Seki ont déjà manqué de réussite et d’entente pour commencer à fonctionner en équipe depuis leurs nominations en octobre dernier.
Il se dit que le courant ne passait pas entre les trois dirigeants et que la confiance n’existait pas.
Dans ce cas, une direction tricéphale ne pouvait mener une grande entreprise comme Nissan. On ajoutera que chacun des trois hommes se voyait devenir le grand patron du constructeur automobile. Il doit donc y avoir de l’amertume et de la rancoeur chez ces trois hommes.
Jun Seki n’ayant été nommé que numéro trois de Nissan en octobre dernier, on imagine que l’homme vivait sa nouvelle situation professionnelle comme une défaite.
Une affaire d’homme et non d’entreprise
Cette affaire de pouvoir et d’ego semble se confirmer dans le court entretien qu’a accordé Jun Seki à l’agence Reuters.
L’ex numéro 3 de Nissan a expliqué : « J’adore Nissan et je me sens mal de partir alors que l’effort de relance n’est pas encore abouti mais j’ai 58 ans [ndla : dont 30 ans chez Nissan] et c’est une offre que je ne pouvais pas refuser. C’est aussi probablement ma dernière chance de pouvoir diriger un groupe industriel. Il ne s’agit pas ici d’une question d’argent. En réalité, cela aura même un impact financier négatif pour moi car Nissan nous paye bien.«
Renault, actionnaire principal de Nissan a par ailleurs joint Jun Seki afin de savoir s’il quittait Nissan parce qu’il n’était pas devenu le grand patron ou pour une autre raison. Jun Seki aurait simplement répondu par la négative. Cela est d’ailleurs confirmé par les propos que le japonais a tenu aux journalistes de Reuters.
Ni les firmes Nissan, Nidec ou messieurs Uchida et Gupta ne se sont rendus disponibles pour commenter cette démission.
Tout est à refaire ou presque
Alors que le plan de relance de Nissan était acté et en passe d’être mis en place, ce départ sonne comme une nouvelle alerte pour la marque automobile.
Une nouvelle fois le partenaire de Renault semble dans une impasse qui va nécessiter de nouvelles discussions ou négociations, des réunions afin de trouver un n°3 en phase avec n°1 et n°2 actuels qui se retrouvent désormais esseulés dans le projet de remise en mouvement de l’entreprise de Yokohama.
Dans prochains jours ou prochaines semaines, il va donc falloir trouver un successeur à J. Seki et l’affaire pourrait ne pas être aussi facile qu’on pourrait le penser car il va falloir contenter toutes les parties, qu’elles soient japonaises ou françaises.
Affaire à suivre.
ndla : Nidec Corporation est un des grands spécialistes mondiaux pour le développement et la fabrication de composants électroniques automobiles et de moteurs électriques de précision.Le siège social de Nidec est installé à Kyoto.
Via Reuters .
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