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Moskvitch : Renaissance sous assistance chinoise et CKD

Rappelons nous d’abord ce qu’est la CKD.
CKD veut dire Complete Knock Down. Cette abréviation désigne une pratique industrialo-commerciale qui consiste à exporter un véhicule en kit puis à l’assembler dans le pays d’importation.

Avec la guerre russo-ukrainienne, l’essentiel des acteurs du monde automobile a déserté la Russie ce qui a d’une part entrainé l’effondrement du marché automobile russe de près de 60% en 2022 et d’autre part vidé les usines où les constructeurs occidentaux et asiatiques (sauf la Chine) avaient installé leur production.
Parmi eux, il y a eu Renault Group, le désormais ancien actionnaire majoritaire d’AvtoVAZ (Lada). Après le départ du constructeur automobile français, les actifs ont été cédés pour une misère à l’état russe et une marque morte il y a 22 ans, Moskvitch L’état russe voulait alors relancer les usines qui étaient la propriété de l’entreprise française.
Pour aider à la remise en marche des sites industriels, l’état à mis en place un partenariat industriel avec le réputé constructeur russe de camions, Kamaz. Toutefois, chez le constructeur, on est plus habitué à travailler dans le lourd que dans le léger et les voitures particulières.
Pour aider à remettre sur pied un semblant de production automobile, un accord a été signé avec le chinois JAC Motors pour installer une production automobile dans l’ancienne usine moscovite de Renault où était fabriqué jusqu’en début 2022 le SUV Kaptur.

Il y a communication et production !

L’accord entre Kamaz et Jac Motors définitivement acté et signé, l’état russe a commencé à faire la promotion du retour d’un industrie automobile nationale forte, moderne et performante. On allait voir ce qu’on allait voir l’unité nationale allait faire merveille et surtout faire oublier les voitures d’origine occidentale. Nous avons même eu droit l’an passé à la présentation d’une Lada Largus électrique aux performances de premier plan. Médias nationaux, invités passionnés était de la fête et tous ont pu apprécier un exemplaire roulant à petite vitesse et un autre, dénudé, exposé dans une salle de réception où se tenait la conférence de presse pour la présentation de cette Largus EV qui doit tout exploser sur le marché russe mais qui finalement tarde à venir.

Du coté de Moscou et de l’usine Moskvitch, la situation est surtout une affaire de communication officielle et d’état. Le patron de Kamaz et ses directeurs, le ministre en charge du dossier et même le président russe se lancent dans une session qui veut vendre aux russes que la vraie industrie automobile nationale est de retour… ou presque.
Durant l’automne, Kamaz et son partenaire chinois, après avoir nettoyé le site industriel, s’attachent à donner un coup de neuf et de modernité en passant quelques coups de Karcher, en appliquant avec soin de la peinture grise et jaune sur le sol, les murs et la chaine de fabrication.
Dans le même temps, on pose quelques beaux panneaux tout neufs « Moskvitch », deux trois enseignes rouges affichant en grand le nom du constructeur revenu à la vie et Kamaz passe commande de nouvelles tenues pour les salariés qui sont encore en activité.
La fin novembre 2022 arrive et Moskvitch se lance dans le grand bain avec une session de présentation du premier SUV de la marque produit en Russie sous la présidence Poutine.
Des grands panneaux noirs brillants un peu partout, des jeux de lumières, de la musique qui va bien et d’un coup d’un seul apparait le modèle du renouveau de la marque née en 1930 sous l’ère soviétique. Voici le SUV Moskvitch 3, nouveau fleuron de l’industrie automobile…

Une fois les fumées estompées, les effets du cocktail servi aux invités évaporés et les lumières blanches allumées, on découvre un véhicule connu depuis deux ans, le Jac Sehol X4 juste rebadgé et donnée d’un carnet de bord écrit en russe.
Entre le 22 novembre, date de la présentation et le 26 décembre 2022, jour de l’annonce de la mise sur le marché du SUV, il semble qu’entre la Chine et la Russie on se soit activé pour installer une production de type CKD et non complète comme on pouvait le penser si on se réfère aux propos officiels.
Durant cette période de fin d’année, Moskvitch s’active pour présenter une ou plusieurs galeries du SUV sur la chaine de production (on devrait dire d’assemblage) entouré de quelques ouvriers bien propres sur eux et de beaucoup de vide en arrière plan…

L’affaire est finalement toute simple. Moskvitch importe depuis les usines chinoises de JAC Motors des Sehol X4 en partie démontés avec toutes les pièces nécessaires pour en faire des véhicules prêts à rouler. Malgré les annonces, les images et la renaissance de l’automobile russe, le doute n’est pas permis, Moskvitch n’est pour l’instant qu’un « finisseur » de voitures pré-assemblées à plusieurs milliers de kilomètres.
Si le SUV est de son temps, il n’annonce pas le retour de l’industrie automobile russe !

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Montre moi ton Sehol X4, je te dirai quel Moskvitch 3 tu es

Le nouveau Moskvitch est un SUV compact qui mesure 4.41 m de long, 1.80 m de large pour 1.66 m de haut et il repose sur une plateforme avec un empattement de 2.62 m.
Il est motorisé par un classique L4 1.5 L Turbo sans la moindre hybridation qui annonce la puissance de 150 ch et 210 Nm de couple. Ce moteur est associable avec une BVM6 ou une BVA CVT. Ce moteur est aux normes Euro5… Il n’y a donc aucune chance de le voir arriver sur notre marché européen dans cette version, sans oublier les sanctions prises à l’encontre de la Russie.
Il est annoncé avec un poids de 1.375 kg en version thermique. Une version atmosphérique à moteur L4 1.6 L de 109 ch est attendue dans les prochains mois et servira de modèle d’accès à la gamme.
Le Moskvitch 3 sera surement le 1er véhicule « électrique russe » puisqu’il doit être proposé dans le courant de cette année en version Moskvitch 3 EV.
Ce modèle électrique disposera d’un moteur électrique synchrone à aimant permanent d’une puissance de 110 kW (150 ch) alimenté par une batterie d’une capacité maximale de 55 kWh ou 66 kWh qui permet une autonomie de 420 km ou 502 km selon le cycle d’homologation chinois.

Moskvitch prévoit d’assembler chaque années quelques 50 000 exemplaires de ce SUV et annonce que 20% de la production sera constituée de modèles à motorisation électrique.
Le constructeur russe a par ailleurs le sourire en ce mois de février puisqu’il annonce avoir vendu 3000 exemplaires du modèle à la société Yandex.
Cette entrreprise, très présense sur le net, dispose d’un service d’autopartage et de taxis/VTC qui n’est pas sans rappeler l’offre d’Uber. Les 3000 SUV Moskvitch 3 qui seront livrés dans les prochaines semaines et prochains mois sont destinés à entrer en service dans la capitale russe Moscou aini que dans plusieurs régions de l’ouest de la Russie.

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Une aventure industrielle russe à suivre.

Via Moskvitch, AP, Radar Armenia,

Frédéric Euvrard

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