Economie

Marché secondaire de l’automobile : Comment choisir entre réparation à l’atelier ou mises à jour à distance, quels freins ?


La tribune de Jeff Kavanaugh, rédacteur en chef de l’Infosys Knowledge Institute.

Dans l’éventail des solutions de réparation à distance de véhicules, les mises à jour à distance (Over The Air) demeurent un problème épineux. En atelier, les mises à jour sont réalisées manuellement, sur des véhicules à l’arrêt, dans un environnement contrôlé. Mais lorsque la mise à jour d’un composant du système de sécurité est effectuée sur un véhicule en mouvement, c’est une toute autre histoire.


Comment choisir entre mises à jour à distance et réparation en atelier ?

– Architecture des véhicules et gestion des versions
L’architecture d’un véhicule haut de gamme comporte plus de 100 unités de commandes électroniques (UCE), mises en réseau sur différents protocoles, et intégrant de nombreux logiciels allant de quelques kilo-octets à plusieurs giga-octets. De plus, les voitures sont de plus en plus personnalisées, multipliant les versions d’un même véhicule sur un marché donné, sans compter les personnalisations demandées par les clients et les ajouts d’accessoires.
Dans ces conditions, les constructeurs doivent pouvoir fournir pour chaque voiture personnalisée un logiciel complet incluant toutes les versions adaptées à l’ensemble des UCE.
– Fiabilité
Pour pouvoir être appliquées à un véhicule, les mises à jour logicielles à distance doivent être fiables. Il faut commencer par valider l’intégralité du processus de téléchargement du logiciel et lui attribuer un indicateur de fiabilité.
Face à la multiplicité des éléments — UCE, signaux, réseaux et des centaines de composants logiciels — il est difficile de recenser tous les scénarios et conditions de test possibles. C’est pourquoi le secteur de l’automobile opte généralement pour une vérification basée sur l’endurance et l’analyse statistique de la fiabilité.
– Aide à la décision
Dès lors, pour savoir choisir entre réparation en atelier ou à distance, il est essentiel de disposer de données de fiabilité, de données de test et de l’historique des pannes, mais aussi être en mesure de trancher.
Par exemple, pour la mise à jour du logiciel de freinage d’un véhicule, est-il préférable d’utiliser le mode à distance et de gérer les problèmes potentiels, ou de laisser les conducteurs utiliser leur véhicule jusqu’à leur prochaine visite à l’atelier

Par ailleurs, toute initiative comportant un risque pour la sécurité fait l’objet d’une vigilance particulière de la part des autorités de réglementation et des compagnies d’assurance. Les constructeurs doivent en tenir compte et inclure ces parties prenantes dans le remaniement de leurs processus.
La technologie à distance peut être un facteur de réduction des coûts, de limitation des risques et de renforcement de la sécurité globale, à condition qu’elle soit bien expliquée aux parties prenantes pour remporter leur adhésion.

Éliminer les freins à l’adoption

Le fait que le secteur automobile n’aborde pas le problème de façon globale crée un frein au déploiement intégral des mises à jour à distance. Les constructeurs ont doté les véhicules de fonctions technologiques supplémentaires sans se soucier de l’intégration avec les processus du marché secondaire. Force est de constater aujourd’hui que cette approche crée une scission entre les parties concernées.
Les feuilles de route de transformation doivent donc inclure des solutions pour combler ce fossé. En impliquant toutes les parties prenantes dans la refonte des processus du marché secondaire – et en les encourageant à travailler ensemble – il sera possible de tirer pleinement parti de ces nouvelles technologies prometteuses.
Pour que le taux d’adoption des diagnostics à distance augmente, leur valeur ajoutée doit être explicitée à toutes les parties. Les fournisseurs du marché secondaire doivent comprendre qu’un gain d’efficacité leur permettra de générer des revenus supplémentaires. Les constructeurs doivent savoir que les mises à jour à distance leur permettront de gérer les rappels à grande échelle en quelques semaines au lieu de plusieurs mois, et donc d’économiser des millions (voire des milliards) d’euros.
Le marché secondaire de l’automobile demeure très attractif, et les fonctionnalités connectées comme à distance créent des enjeux et de réelles opportunités. Les entreprises prêtes à les saisir et à transformer leurs modèles économiques et de fonctionnement seront les premières à en récolter les fruits.

Article écrit par Jeff Kavanaugh

Frédéric Euvrard

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