Economie

Marché automobile français (Juin 2019) : Le plongeon

Plouf ! En ces temps de canicule et de fortes températures, le marché automobile français a choisi de se mettre au frais et de piquer une tête.
Avec près de 230.967 voitures particulières neuves mises à la route en France durant le mois de juin dernier, contre 252.216 unités en juin 2018, le marché automobile français marque un net recul en matière de livraisons.

Le marché automobile français a ainsi baissé de 8.42% sur un an en juin (avec deux jours ouvrés de moins qu’en juin 2018).
Depuis le 1er janvier 2019, c’est à dire sur 6 mois, le marché recule de 1.83% et atteint « seulement » 1.166.445 immatriculations.
On prendra toutefois en compte la remarque de François Roudier, le directeur de la communication du CCFA, qui nous rappelle que le mois de juin 2018 avait été un mois « très fort » en terme d’immatriculations. Si cela ne change rien à l’affaire, le propos permet d’adoucir la baisse qui est engagée depuis un semestre.

Les groupes automobiles français à la peine (relative)

Les deux constructeurs français ont connu en juin un net des replis de leurs volumes de livraisons.
Le Groupe PSA qui paraissait quand même comme un solide leader du marché français chute et même assez lourdement. En effet le groupe franc comtois voit ses mises à la route baisser de quelques 10.9% entre juin 2018 et juin 2019. PSA n’a livré que 69.288 voitures le mois dernier.
La baisse des ventes et livraison de PSA est à porter au crédit de Peugeot qui voit ses livraisons chuter de 14.7% ou 36.595 unités, mais aussi d’Opel qui perd 14.5% et seulement 6.225 voitures mises à la route.
Citroën est aussi en baisse avec -6.2%. Au final, seule la firme DS Automobiles progresse (+12.6% et 3.591 livraisons)mais ces volumes plutôt faibles ne peuvent impacter positivement ceux du groupe PSA.
Pour Peugeot et Opel, on pourra expliquer le recul par le fait que les acheteurs des nouvelles 208 et Corsa sont dans une posture attentiste puisque les autos arriveront en concession à la rentrée. Pour ce qui est de DS Automobiles, il faut voir dans cette jolie progression l’effet livraison du SUV DS 3 Crossback.

Pour Renault, les mois se suivent et se ressemblent. Après un repli assez marqué en mai dernier, le constructeur au losange perdure dans une tendance baissière. En juin 2019, Renault SA a vu ses ventes diminuer 11.7% avec une chute de 13.1% (51.671 voitures livrées) pour Renault et une baisse de 7.4% (15.330 immatriculations) pour la filiale roumaine Dacia.
Bien que nettement moins importantes en volumes, les ventes d’Alpine sont au mieux puisque la firme dieppoise voit ses livraisons progresser de 85.7% (234 mises à la route en juin).

Effet Diesel gate, quel effet Diesel gate ?

Alors qu’en France et ailleurs, en 2015 et 2016, certains annonçaient la mort et le dépècement du Groupe Volkswagen, on constate la belle forme du groupe industriel allemand qui
voit ses immatriculations repartir à la hausse en France mais aussi presque partout ailleurs.
Sur notre marché, le groupe VAG progresse de 4.9% en juin avec 30.591 voitures immatriculées. Ses chiffres sont tirés vers le haut grâce à la marque anneaux qui voient ses livraisons progresser sensiblement. Audi a livré 6.905 autos soit une augmentation 17.5% entre juin 2018 et juin 2019. Seat repart de l’avant avec +12.3% et 3.809 voitures livrées. Enfin la maison mère Volkswagen redevient stable avec un petit +0,5%, et 15.964 unités mises à la route. Les chiffres de Skoda n’ont pas été communiqués pour l’instant.

Parmi les marques en forme en juin 2019, on note une progressions des immatriculations chez Toyota/Lexus avec un joli +6.1% ou 10.535 autos mises en livraisons en juin qui conforte le groupe TMC sur ses positions.
Le groupe Daimler AG (Mercedes-Benz et Smart) progresse de 7.2%, essentiellement grâce à Mercedes-Benz et le bon accueil de ses derniers modèles par le marché.
Enfin, Ford fait un beau bond en avant et voit ses ventes augmenter de 8%. Est-ce du à l’effet Teddy Riner combiné à une belle campagne de promotions ?
C’est de l’ordre du possible car la firme à l’ovale bleu semble lâcher actuellement les remises aussi facilement que les emplois…
Au chapitre des bonnes surprises mais avec des petits volumes, on note un regain de forme pour Mitsubishi qui voit ses ventes augmenter de 12.5% (710 livraisons). Il faut reconnaître que depuis longtemps Mitsu’ est nettement en dessous de ses capacités sur le marché français et ces 12.5% ne sont qu’un petit correctif.

La grosse surprise dans les gadins est à chercher du coté de Munich et de BMW Group qui voit ses livraisons chuter de 24.9% ce qui n’est pas rien d’autant que les deux marques principales sont concernées par la baisse.
FCA s’enfonce dans le marasme avec une baisse globale des ventes chiffrées par AAAData et le CCFA à 18.8% avec un replis sensible de Fiat qui perd 17% (8.717 autos). Jeep résiste un peu mieux mais Alfa Romeo poursuit sa chute qui semble ne plus vouloir finir.
Enfin, la baisse la plus forte en juin est attribuée sans surprise au groupe Nissan qui plonge encore et atteint une baisse alarmiste de 38.2% pour seulement 4.122 unités mises à la route. Le constructeur japonais va devoir réagir vite et bien face à cette dégringolade qui n’est pas le fait d’un seul mois mais celui d’un mouvement engagé depuis l’automne 2018… Faudrait-il voir dans ces contre-performances un « second effet Ghosn » comme certains l’affirment ? Rien est moins sur.

Le tableau des immatriculations au 30 juin 2019

Le TOP 100 des ventes de voitures neuves depuis le 1er janvier 2019

Vous remarquerez que le TOP10 est tenu par 4 Peugeot, 2 Citroën, 2 Renault et 2 Dacia. La Renault Clio mène le bal devant la 208 et la C3. La Sandero est à la 6eme place.
On notera que 60% du TOP10 est composé de SUV… ce qui est la confirmation d’une tendance lourde, sans SUV point de salut sur le marché.

Rien ne va plus !

Cette tendance qui s’installe dans le paysage économique français devrait orienter sensiblement le marché à la baisse d’ici à la fin de l’année et non à la stagnation comme l’avait annoncé le Comité des constructeurs français d’automobiles.
La fin de l’année et surtout le dernier quadrimestre 2019 risque d’être difficile avec des restructurations de gamme chez les constructeurs, l’annonce en septembre du malus écolo 2020 [ndla : cette taxation pseudo écologique a une réelle influence sur l’état du marché], ceci sans compter l’avènement des 95 grammes de plafond moyen des émissions de CO2 en Europe à la fin de l’année 2020.
On ajoutera une ambiance générale morose, peu propice au business et au commerce ainsi qu’une écologie punitive et autophobe en mouvement qui ne favoriseront surement pas la relance sur la seconde moitié de l’année 2019 mais aussi pour l’année 2020 qui s’annonce déjà comme difficile pour le monde merveilleux de l’automobile.
Et n’oubliez pas que ce ne sont pas les VE qui sauveront le marché comme on tente de nous le faire croire.

Via CCFA, AAAData, AP.

Frédéric Euvrard

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