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Marché automobile français 2018 : L’heure du bilan

2018 est désormais désormais derrière nous. En ce début d’année 2019, il est l’heure du premier bilan et d’apporter quelques réflexions sur l’état du marché automobile français.
Pour faire une simple entrée en la matière et pour aller au plus vite nous dirons :
– Plus de ventes sur l’année 2018 malgré le plongeon du dernier quadrimestre 
– Moins de ventes de diesel mais aussi toujours de CO2 dans l’atmosphère 
– PSA fait la course en tête et peut dire merci à Opel (2019 serait surement d’un autre tonneau)
– Décembre est plombé (officiellement à cause des gilets jaunes…)
– Les acheteurs particuliers toujours moins nombreux mais les gestionnaires de parc ou de flotte automobiles se posent des questions pour 2019 
– Les marques étrangères reculent (notamment les allemandes)
– Les VE et les hybrides ne profitent pas du recul du diesel et ne voient leurs ventes que faiblement progresser (2019 sera un peu une année de vérité notamment pour ceux qui « greenwashiguent » à coups de milliards d’euros – on ose pas penser à quoi ressemblerait le marché du VE sans les aides diverses…) 

Les immatriculations de VN particuliers ont cru de près de 3% (2.97% exactement) sur l’année 2018, ce qui est en phase avec ce qu’annonçait le CCFA. Si on ajoute la hausse du marché des VUL à celui des VP, la hausse cumulée en France en 2018 est de 3.26%. 

2018, un bon cru pour les constructeurs français

Nos constructeurs nationaux, à savoir les groupes PSA (4 marques) et Renault (2 marques) ont vu leurs ventes globales augmenter de 8.32% sur 12 mois tandis que dans le même temps les marques étrangères ont vu leurs livraisons reculer de 3.44%.
Avec 2.173.481 immatriculations de voitures particulières sur l’année 2018, le marché est plutôt en forme et réalise un bon score global malgré l’entrée en vigueur de la norme Euro63d-Temp et du cycle d’homologation WLTP qui ont « massacré » le marché et l’offre constructeur depuis le 1er septembre dernier.

Le groupe PSA annonce 698.985 immats, soit une belle augmentation de 13,36% pour l’ensemble de ses marques. 
Si Peugeot et Citroën progressent bien, on gardera à l’esprit que cette nette hausse des mises à la route s’explique par l’intégration des ventes d’Opel, qui étaient jusqu’à fin 2017 comptabilisé dans les ventes de GM.
Le groupe automobile franc comtois peut ainsi s’annoncer comme n°1 dans notre pays avec une part de marché de plus de 32%. 
PSA va devoir confirmer en 2019 et ça ne sera pas forcément chose aisée car Opel va devoir tout exploser pour maintenir son effet « turbo »
Le groupe Renault progresse de 2.48% sur l’année mais il doit ce résultat positif à sa filiale roumaine toujours en bonne santé. En effet Dacia a vu ses livraisons progresser de 19.6% alors que dans le même temps, celles de Renault reculait de 2.48%.
Avec avec 406.228 véhicules livrés, Renault reste la 1ere marque en France mais la firme au losange est désormais à portée de tir de Peugeot qui a livré 389.518 autos. Environ 16.500 autos séparent les deux marques ce qui représente seulement 1.375 livraisons chaque mois. 

Pour rester dans les immats 2018, on constate que les firmes étrangères ont encore perdu un peu de terrain sur le marché hexagonal puisqu’elles annoncent une baisse de 3.44% des livraisons.
On notera toutefois des fortunes diverses selon les marques avec notamment la bonne tenue de certaines marques comme 
FCA , Hyundai, Kia, Volvo ou Toyota. 

Chez les constructeurs étrangers

Les faits marquants sont la baisse quasi généralisée des groupes allemands et la bonne position des asiatiques (sauf le groupe Nissan) notamment pour les groupes Toyota et Hyundai.

Groupe Volkswagen (-1.1%) :
VW : +0.68% (140.313 immatriculations) 
Audi : -21.48% (51.582 ventes)
Porsche : -16.3% (4.567 immatriculations) 
Skoda : +17.25% (31.423 voitures)
Seat : +26,3% (31.219 livraisons)

Groupe BMW (-3.21%) :
BMW : -6.15% (57.535 livraisons)
Mini : +3.58% (27.378 livraisons) 
Rolls-Royce : non significatif 

Groupe Daimler : 
Mercedes-Benz : -3.23% (65.808 ventes)
Smart : -8.77% (7.446 livraisons) 

Nissan : 
Nissan : -16.63% (59.606 livraisons)
Infiniti : -52.39% (945 livraisons) 

Ford : -2.07% (82.633 immatriculations) 

Groupe Hyundai Motor : 
Hyundai : +20.2% (35.542 mises à la route) 
Kia : +13.64% (42.313 livraisons) 

Toyota : +9.93% (97.286 ventes) 

Volvo : +13.13% (18.349 livraisons)

FCA (Fiat-Alfa-Jeep-Maserati) : +14.71% (78.226 livraisons) 

Décembre 2018 : Sévère revers et gilets jaunes 

Si l’année 2018 se termine par une évolution globale positive, elle le doit essentiellement au 1er semestre et au sursaut d’avant WLTP/Euro6d.
Sans cela, le marché français aurait très probablement été en baisse comme c’est le cas sur de nombreux autres marchés automobiles européens. 
Ne rêvons pas, 2018 fut une belle année pour les marques automobiles, le millésime 2019 risque fort d’être d’une autre qualité, probablement inférieur et le mois de décembre mais aussi ceux de septembre, octobre et novembre n’étaient qu’un avant goût.

En décembre 2018, les livraisons de VN ont lourdement chuté puisqu’elles sont en baisse de 14.5% par rapport au même mois en 2017. Seulement 165.390 voitures neuves ont pris la route le mois dernier.
Cette tendance lourdement « baissière » vaut aussi bien pour les constructeurs français (-10.59%) que pour les voitures étrangères (-18.77%).
En décembre, seul groupe VW grâce aux livraisons de Seat (+18.51%) et Skoda (+16.36%) progresse, pour les autres c’est la chute ! 
Mais d’où vient ce gadin ? 
Les analystes du CCFA nous suggèrent que cette baisse est due essentiellement aux gilets jaunes. En effet, si on peut imputer une petite partie de cette baisse à la gène occasionnée par des blocages de ronds points, on a du mal à croire que tous les ronds points implantés devant les concessions étaient bloqués.
Pas sur que les Gilets Jaunes de France soit essentiellement la raison de la baisse du marché. On verra ici une raison plus politique – c’est du moins mon avis – que réelle même si le business a été un peu perturbé en décembre [ndla : c’était aussi le cas en novembre et nous n’avons pas entendu cette justification].
Bref, et pour faire simple, le marché est en berne, tout comme les budgets des acheteurs. On ajoutera les très très nombreux retards d’homologation des voitures aux nouvelles normes et on aimerait en connaitre la raison même si on peut évoquer des hypothèses:
– puissance et arrogance : nous sommes forts et l’UE pliera 
– des mises aux normes retardées le plus possible en R&D
– les clients adorent nos autos et ils achèteront ce qu’il y a 
– des budgets déplacés vers les nouvelles énergies et non remplacés (il faudra bien donner des dividendes importants aux actionnaires) 
– la non adaptabilité des moteurs actuels et leur non remplacement

On ajoutera que la hausse des taxes, des différents tarifs liés à l’automobile, les contraintes toujours plus pesantes (bien qu’obligatoires pour vivre et travailler pour 60% des français) n’incitent pas au changement de voiture malgré le développement à qui « mieux-mieux » des vignettes Crit’air. 
Et enfin ,ce ne sont pas les maigres reculs gouvernementaux et le climat sociétal actuel fort pesant qui changeront la donne.
Décembre a été mauvais et il nous faut ouvrir les yeux, il n’annonce pas du mieux pour janvier 2019 ni même pour l’année sauf embellie générale que nous ne sommes hélas pas prêts de voir venir. 

Argh : Gasp, le diesel est encore en chute !

Selon le coté où l’on se place on verra ce recul comme un bienfait ou comme une chose pas si bénéfique que ça notamment pour l’atmosphère qui se recharge depuis bientôt 4 ans en dioxyde de carbone. 
Haro sur le diesel !
Le CCFA annonce qu’en 2018, les moteurs diesel représentent à peine 40% des immatriculations contre encore 47.3% en 2017. Un sacré coup de bambou sur ce type de motorisation qui représentait 75% des ventes il y a seulement 6 ans. 
Au delà d’un greenwashing sociéto-politico-écologique, on se dit que cette baisse des ventes de près de 47% n’est peut être pas la panacée. 
François Roudier d’expliquer : »Avec les dernières normes, les véhicules diesel et essence sont aujourd’hui au même niveau d’émission de particules, mais cela renchérit le coût des diesels qui sortent ainsi de l’entrée de gamme. »
C’est une explication mais on se rappellera aussi que les firmes automobiles nous ont vendu depuis un an au moins, le fait que WLTP et Euro6d allaient renchérir le prix des voitures thermiques… essence ! 
L’anti-dieselisme ambiant n’est pas sans nous rappeler le pro-dieselisme des années 80-90 dont le chantre français s’appelait Jacques Calvet, PDG de PSA, qui vantait les bienfaits et avantages d’une « ouature diesel » par rapport à une essence.
Bien sur, on pourra arguer du fait que la situation écologique actuelle et la prise de conscience générale des risques pour l’avenir mais est ce réellement une raison pour brûler sans réflexion ce qu’on a apprécié il y a un quart de siècle.
Que dira t-on si dans 15 ou 20 ans, on nous révèle que tous ceux qui ont vécu près d’un VE ou travaillé à sa production sont malades ou morts ? On brûlera de nouveau… Tout est finalement un peu comme la mode. 
L’écologie c’est bien mais elle doit être pragmatique, prendre en compte le monde et pas seulement les avis de certains salons bien causants et bien pensants. 

En effet, durant cette période et surtout en 2018, les ventes de VE (subventionnées par le bonus écolo et souvent une prime complémentaire) et d’hybrides n’ont toujours pas décollé puisqu’elle progressent gentiment de 6%. 
Le patron de la communication du CCFA de dire : « Cela reste encore faible, mais l’offre va réellement arriver sur le marché en 2019 et 2020 ». Ce sera à vérifier, car avec plus de VE sur le marché, les véhicules électriques et de nouveaux modèles hybrides ou PHEV dès cette année, le maintien du bonus 6.000€, le marché doit exploser sur les deux prochaines années sinon ça va couiner dans les états majors des marques qui se seront bien trop investies sur un marché peu porteur.
Sans jouer les rabats joie, on gardera à l’esprit une certaine inadaptabilité des VE au quotidien des automobilistes, des prix élevés, une électricité pas toujours aussi propre qu’on nous le dit (cf les cas allemands et chinois), les pb écologiques liés à l’extraction des minerais nécessaires aux batteries ou l’affaire du recyclage. 
On ajoutera l’absence d’infrastructures et l’idée qu’avaient bcp de gens que l’énergie pour les VE serait éternellement gratuite ou à 2€ le plein… 
On note toutefois que les véhicules hybrides semblent reprendre du poil et on espère voir le mouvement s’amplifier en 2019 car ils apparaissent, pour l’instant en tout cas, plus adaptés à nos modes de vie et de déplacement. 
Bref, au 31 décembre 2018, moins de diesel mais toujours pas plus de VE. 

Les Utilitaires en 2018 en France

Le marchés des VU/VUL allait plutôt pas mal en 2018. Ainsi avec quelques 459.130 immatriculations, le marché français des véhicules utilitaires légers neufs a progressé de 4.67%. Ce qui bon signe et montre que les entreprises ont besoin de matériel roulant pour travailler dans l’hexagone. 

L’état du marché automobile français en 2018

Le top 100 des ventes sur le marché automobile français 2018

A suivre donc attentivement en 2019 même si certains pensent que le doublement de la prime à la conversion (2.000€ => 4.000€) pour les ménages non imposables qui mettront cette année à la casse une vieille auto essence ou diesel et qui habitent à plus de 30 km de leur travail va booster le marché auto.
S’il n’y a pas d’argent dans les ménages peu aisés financièrement pas sur qu’ils soient en mesure d’investir dans une auto neuve ou récente sauf, peut être à ne plus se chauffer ou à manger un jour sur deux !
Rien n’est donc gagné pour 2019 et si le marché se maintient ou ne chute pas de plus de 5% ce sera un « joli » succès.

Via CCFA, AAAData, AP.

Frédéric Euvrard

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