Sport automobile

Les cinq championnats du monde de la FIA (part4)

Pendant l’hiver , le Rallycross Mondial a filé du mauvais coton.

Paul Bellamy, l’ancien directeur exécutif d’IMG la société en charge de la promotion du WRX, en a fait les frais. Le directeur exécutif de la série est reparti sous d’autres cieux. Remplacé par Torbe Olsen, l’Anglais paie là sans doute l’étrange intersaison 2018-21019. Désormais plus d’usines officiellement mais quelques solides équipes privées, plus d’électricité à l’horizon immédiat et un calendrier démentiel, voilà la nouvelle donne 2019.
Bien loin des espérances suscitées il y a trois ans lors du ‘’décollage’’ mondial de la discipline. La faute à de multiples raisons. La principale étant sans doute la défection des constructeurs trop obnubilés par l’alternative aventureuse du rallycross électrique. Mais pas seulement. Sébastien Loeb avait aussi pointé  »un manque de communication » faisant sans doute un peu référence à l’utilisation exclusive de l’anglais dans la com web du WRX.
Il est encore temps de se reprendre à condition de sortir des champs de certitudes dont se sont abreuvés les gestionnaires omnipotents de la discipline. L’ancien championnat d’Europe d’antan s’était trop laissé séduire par les Scandinaves. Le WRX moderne se doit de parler d’autres langages que l’anglais, celui de la com’ et d’improbable électrification. Un véritable championnat du monde n’est surtout pas la propriété d’un promoteur et de ses employés.

Une régression cuisante

La défection des marques Peugeot, Audi, VW, Ford a lourdement plombé l’intersaison 2018-2019. Mais pas seulement. Des choix ont été fait sans se préoccuper de la  »culture » profonde de la discipline. Il va falloir au nouveau patron d’IMG, mais aussi aux membres de la FIA, prendre en compte la nécessité de respecter la genèse de la discipline : sa popularité et ses spectateurs.
Il ne sert à rien de mettre en ligne, en streaming complet les épreuves si l’accueil réel n’est pas respecté sur les circuits. S’il est impossible pour le public de suivre  »en vrai » les épreuves sur un week end, inutile de croire que ce championnat se développera dans le virtuel. Revenez au réel, Messieurs, et que la fête du rallycross continue.

Forcément, le petit monde du RX n’en finit plus de frémir. Lors de l’ouverture de la saison 2019 à Abu Dhabi, les réseaux sociaux ont grouillé d’avis et remarques pas toujours très avenantes avec les responsables de la discipline.
Le début de saison sur ce circuit très F1 avait déjà fait couler beaucoup de bits et de pixels sur les réseaux sociaux. La stratégie monomaniaque d’IMG, le promoteur, visant à installer le WRX sur les circuits de F1 avait en effet de quoi interpeller. Pour Austin, ça a été vite plié. Le WRX n’y retournera plus. Silverstone n’a pas été franchement un succès l’an dernier tandis que Barcelone frôle en permanence la crise de gestion. Alors pourquoi un tel acharnement ? Sans doute pour satisfaire Monster (Coca Cola) qui tient à installer ses moches pubs sur les circuits de la F1. Un manque évident de culture sportive évidemment mais les petits marquis du marketing, même en casquette et en jeans à trous, ont une vision très réductrice du sport automobile.
Ces petits messieurs (et dames sans doute) n’ont qu’une volonté : faire la nique à Red Bull. C’est évidemment une erreur grandiose. Il suffit de faire le décompte entre le nombre des spectateurs à Holjes en Suède ou à Lohéac en Bretagne. Cette discipline s’assied sur une longue éducation de ses spectateurs. Il faut une dizaine d’éditions avant que naissent une culture RX.
En témoigne l’extrême difficulté qu’ont les organisateurs du WRX à Barcelone pour faire venir à Montmélo les passionnés de course auto que sont les Catalans. Les images télé étaient terribles à Abou Dhabi. D’imposantes tribunes, vides et tristounettes, une ambiance sympathique sans doute mais aussi feutrée qu’une partie de boules de fort (les spécialistes angevins comprendront).

Le WRX n’est pas la F1 ou un jeu vidéo

Mais plus grave encore lors de cette manche d’ouverture furent les aberrations installées sur le circuit. Comme ces vibreurs tremplins qui détruisaient les trains des autos, au mieux, ou au pire, qui les projetaient comme celle de Nitiss sur la Megane d’Anton Marklund.
Que dire de cette ahurissante sortie de tour joker qui venait couper la trajectoire des autres tours ? Le choc entre Andreas Bakkerud et Timmy Hansen fut terrible. Il était prévisible. Bon nombre d’observateurs avisés du WRX avaient pressenti ce qui aurait pu être bien plus grave encore. L’observateur de la FIA chargé du respect de la sécurité a dû sans doute être hypnotisé par l’ambiance F1. Il suffisait pourtant de regarder le plan pour voir le hiatus.
Pas la meilleure façon de débuter la saison. D’autant que si l’on peut se réjouir de la victoire de la Peugeot de Kevin Hansen, celle-ci ne fut acquise qu’après une pénalité infligée à Niclas Grönholm. Bakkerud, Timmy Hansen et d’autres éliminés prématurément qui n’avaient pu défendre leurs chances jusqu’au bout.
Une première édition à oublier sans doute et c’est avec beaucoup d’impatience que nous attendons la manche espagnole sur le circuit de Barcelone. D’autant que ce sera alors la première manche du championnat d’Europe et un rendez-vous sportive qui aura déjà un peu valeur de test.

Pour le reste, c’est désormais officiel, plus d’électricité en championnat du monde mais seulement une démonstration de ce qui pourrait être dans un avenir assez lointain une formule monotype sans doute assez fade qui n’intéresse évidemment plus du tout les constructeurs. La moins mauvaise des décisions. Avant sans doute que ne retombe le soufflé façon tout électrique.
D’autres constructeurs viendront. Quel bonheur de voir que des initiatives privées permettent à Hyundai, Skoda et d’autres bientôt de faire rouler quelques-uns de leurs modèles de gamme populaire adapté à la sauce WRX. Là est sans doute le véritable marketing.

La discipline est à la croisée des chemins. A la FIA de jouer son rôle et de retrouver des qualités sportives, techniques, organisationnelles et humaines qui, il n’y a pas si longtemps ont permis de faire décoller ce formidable WRX.

WRX 2019 : Un oeil sur la saison qui s’ouvre

Le calendrier

Les engagés

Les classements pilotes et écuries après la course d’Abu Dhabi

Crédits photos : FIA

Jean-Michel Le Roy

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