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Les cinq championnats du monde de la FIA (part3)

Le WRC garde la forme

Après la F1 et le WEC, nous continuons notre état des lieux des championnats du monde FIA. Alors que la F1 et l’Endurance semblent à la recherche d’un nouveau souffle, les rallyes ne semblent pas vraiment touchés par la crise d’identité technique qui étreint le sport automobile depuis cinq ans.
Il est en effet difficile de transposer les fantasmes d’autonomie électrique à une discipline qui réclame une liberté totale d’évolution des modèles en lice.

L’hybridation n’a pas encore été ‘’visitée’’ par les ingénieurs rallyes, sans doute contraints par la nécessité de l’agilité et de la légèreté. Alors ne boudons pas notre bonheur de voir s’affronter trois, et même presque quatre, imposantes marques généralistes, à savoir les Japonais de Toyota, les Coréens d’Hyundai et les Français de Citroën.
Pour Ford, même si nous sommes persuadés que le département sport de l’Ovale continue à assister Malcom Wilson, il est certain que l’investissement n’est pas à la hauteur des trois premières entités sportives. Il faut au passage féliciter ce bon Malcom de porter à bout de bras l’image sportive d’une marque décidément gérée sur un mode quasiment autodestructeur en Europe tout du moins.

Avec la nouvelle règlementation inaugurée en 2018, plus d’appui, plus de puissance, le WRC a retrouvé les allures de Groupe B d’antan. Pourtant, il semble bien que l’extrême agilité de ces ‘’nouveaux monstres’’ change la donne. 400 chevaux, (officiellement 350 mais…), on ne peut qu’être admiratif devant l’évolution du niveau de pilotage de ces dernières saisons.
Désormais, toutes les spéciales, quelle que soit la surface, sont traitées sur un rythme époustouflant, les écarts désormais se comptent en petites secondes à la fin des épreuves, de quoi rendre haletant championnat WRC.
Depuis le début de saison, les vainqueurs se succèdent et si Toyota semble désormais la marque la plus performante, la prestation des Citroën sur d’autres surfaces que l’asphalte, la compétitivité des Hyundai et la belle santé des Fiesta nous promettent une saison 2019 sous haute tension et de toute beauté.

Les Toyota Yaris favorites

Sur la totalité de la saison, il semble évident que désormais, la force one à abattre sera la marque japonaise. Avec Tänak, Meeke et Latvala, les Yaris WRC peuvent compter sur un trio tout terrain. Avec un avantage certain à l’Estonien qui est passé très près du titre en 2018. Cette année, l’homme de l’île de Saaremaa remet sur le métier son ouvrage. Il pourrait bien être le premier à briser la suprématie française dans une discipline dominée par la paire de Sébastien.
Mais la faiblesse de la marque japonaise pourrait bien venir des deux autres équipiers. Kris Meeke est loin d’offrir une garantie tout risque. Rapide l’ Irlandais est souvent parti à la faute par le passé. Visiblement, ses débuts avec la Toy ne sont pas vraiment en rupture avec ses pires habitudes même si on sait qu’il gagnera une ou deux manches en 2019. Jari-Matti Latvala, lui, semble un peu au bout de sa route. Le Finlandais est sans doute sur la pente descendante de sa carrière. Même si son expérience est immense, il ne semble plus en mesure d’être une menace pour la jeune garde internationale qui a pris le pouvoir dans la discipline.

Un super Thierry Neuville

Face aux Toyota, c’est Hyundai qui semble en mesure d’aller enfin chercher le titre mondial pilote. Avec ce qui fut sans doute la surprise de l’intersaison : la signature de Loeb dans l’armada coréenne pour quelques rallyes de la saison. Fort de son expérience, l’Alsacien apportera une immense compétence au dispositif désormais dirigé par l’Italien Andrea Adamo.
Toutefois, l’avantage incontestable que possède la marque de Séoul est la présence de Thierry Neuville. Pour beaucoup d’observateurs, le Belge est sans aucun doute le plus rapide des protagonistes de ce championnat WRC sur toute les surfaces.
Cette saison, il semble bien qu’il ait ajouté à son talent pur, une bonne dose de patience comme en témoigne sa prestation en Corse qui le vit sous contrôle jusqu’à la crevaison d’Elfyn Evans dans la toute dernière spéciale. En un autre temps, le Saint-Vithois aurait franchi la ligne rouge perdant ainsi une manche qui s’offrait à lui. Il ne serait pas étonnant qu’à la fin de la saison, le titre aille rejoindre les Ardennes belges. A deux pas de chez l’ami Marc Duez, mais en zone germanophone même si le français de Thierry Neuville est désormais irréprochable.

Sébastien Ogier en embuscade

Le troisième larron de ce trio magique reste Sébastien Ogier revenu cette année chez PSA. Impressionnant au Mexique, Seb a souffert mille maux en Corse avant de décrocher une deuxième place qu’il jugeait lui-même assez miraculeuse.
Une raison et une seule à cette situation : la Citroën n’avance pas sur l’asphalte. On se demande bien comment les ingénieurs de la marque aux chevrons ont perdu leurs repères sur une surface qui a vu tant de victoires de la firme automobile française par le passé. On l’avait (un peu) pressenti au Monte Carlo mais cela se confirme sur l’Ile de Beauté, la C3 est à la ramasse lorsque les conditions de pistes demandent grip et rigueur de comportement. Pourtant, implacablement et avec talent, le Français a réussi à limiter les dégâts et sa deuxième place corse résonne comme un avertissement pour les adversaires : cette saison encore, le multiple champion du monde est un des plus gros candidats… à sa propre succession.

Le début de la saison 2019 d’ores-et-déjà démontre que l’année sera belle pour le WRC. Reste néanmoins à maîtriser pour l’avenir un calendrier gigantesque qui risque de mettre sous perfusion les constructeurs un peu dans la difficulté.
Pour l’instant, les grands groupes résistent aux énormes pressions budgétaires mais on l’a vu dans les autres championnats de la FIA, les changements de cap peuvent aussi brutaux qu’inexplicables.

Pour rappel

Le calendrier de la saison 2019

Les classements pilotes et constructeurs après le Tour de Corse

Thierry Neuville, l »homme en forme du moment et l’actuel premier du classement du WRC 2019

Crédits photos : FIA/WRC, Citroën Racing, Hyundai Motorsport, Toyota Gazoo Racing WRC, M-Sport.

Jean-Michel Le Roy

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