Le monde automobile du début des années 2000 n’est pas encore submergé par les Sport Utility Vehicle. Les constructeurs profitent du développement des marchés pour faire réellement vivre leurs gammes et proposer aux acheteurs des carrosseries très diverses. On parle alors de berlines dites Hatchback (3 et 5 portes), sedan (4 portes), de limousine, break mais aussi de coupé, de roadster, de cabriolet avec capote en toile ou en dur, de 4×4, de SUV, de ludospace, de vans familiaux et de monospaces plus ou moins grands.
En France, au début des années 2000, les deux groupes automobiles nationaux (PSA et Renault) sont à l’offensive sur ce fameux segment des monospaces (compacts et familiaux). D’une part le groupe PSA propose le Citroën Xsara Picasso et le Peugeot 806 et d’autre part Renault SA dispose dans sa gamme du fameux Scenic et bien évidemment de l’Espace. Toutefois sur ce segment des grands véhicules familiaux, les 807 et Espace commencent à avoir un peu de bouteille même si les dernières mises à jour respectives de 1999 et 2000 permettent aux deux modèles d’être bien présents, notamment en France, sur ce marché des grands monospaces. Les services de R&D des deux groupes travaillent ardemment au développement de la prochaine génération de ces deux véhicules, l’Espace IV et le 807, attendus pour les millésimes 2002 et 2003.
2002, Renault ouvre les hostilités et dévoile un séduisant Espace IV à l’allure contemporaine et au positionnement résolument Haut de Gamme. L’affaire sera d’ailleurs confirmé par la présence au catalogue du modèle V6 Initiale qui se destine à venir chasser sur le terrain des grandes berlines de luxe comme… la Renault Vel Satis, elle aussi dans la même lignée stylistique tout en disposant du même niveau de finition et du même moteur V6 3,5 L né chez Nissan.
En 2003, Peugeot s’apprête à lancer le successeur du 806, le 807. Au mois de mars de cette même année, lors du salon de Genève, la marque au lion présente au public son nouveau grand monospace et une version baptisée Grand Tourisme Concept qui se veut être la vision franc comtoise du luxe automobile dans un monospace. Ainsi nous découvrions, il y a 15 ans, le 807 GT Concept ou le 807 luxueux à moteur V6 3,0 L.
Le Peugeot 807 Grand Tourisme Concept se veut être un grand monospace qui associe élégance, sportivité et luxe à la française. Le constructeur a porté ses efforts aussi bien sur l’apparence extérieure du monospace que sur l’aménagement de l’habitacle qui fait la part belle au confort ainsi qu’à un style presqu’épuré ou à la façon suédoise [ndlr : les amateurs de Volvo auront saisi l’allusion!].
Le 807 GT se singularise esthétiquement d’un simple 807 Exclusive ou SV pullman par une livrée spécifique « rouge framboise métallisé » qui se confond avec le rouge des feux arrières. Des barres de toit longitudinales, un entourage de prise d’air ainsi que des joncs latéraux et de bouclier Av en aluminium satiné apportent une discrète touche d’élégance. On pourra trouver un peu de sportivité dans les grilles de calandre et pare choc façon nid d’abeilles. Des phares au xénon complètent la dotation de série et doivent permettre au 807 Grand Tourisme Concept de tailler la route avec une bonne visibilité même en pleine nuit. Le constructeur a donné une apparence dynamique à son monospace en abaissant la garde au sol sol de 50 mm et en le posant sur des jantes alu spécifiques à 7 branches en 18 pouces. Enfin, un discret logo V6 et un toit vitré panoramique complètent l’apparence de ce 807 luxueux.
De… l’espace pour quatre !
Qui dit voiture de luxe dit souvent « de la place » pour les jambes des passagers voyageant au rang 2. C’est ce qui se passe avec le Peugeot 807 GT Concept qui propose un espace à voyager pour seulement 4 passagers. Ainsi l’habitacle offre 4 sièges individuels avec accoudoirs, tous équipés des mêmes systèmes de réglages électriques et d’un chauffage individuel.
L’habitacle associe sans faute de goût le cuir de couleur safran avec des inserts en bois véritable et un mobilier partiellement noir. On notera que les sièges revêtus de cuir sont élégamment finis avec 6 oeillets qui semblent être faits en aluminium. Une épaisse moquette assortie finit d’apporter une touche confortable même si elle ne paraît pas aussi douce que celle en laine de mouton des Shetlands dont savent s’équiper quelques grandes berlines anglaises !
Toujours à l’intérieur, on découvre un tableau de bord qui se veut à la fois luxueux et sobre. En effet, celui-ci marie le noir sur sa partie supérieure, le cuir safran en partie basse et le bois verni pour les couvercles des deux boites à gants. L’ensemble se veut de bon goût et agréable visuellement.
Les plus attentifs auront aussi remarqué que Peugeot avait fait le choix de proposer le « classique » ensemble porte instruments fait de trois compteurs ronds (avec fonds blancs et graphisme revisité) en lieu et place du combiné trapézoïdal qui intégrait entre le compte tours et le tachymètre le (lent) système de navigation, l’ordinateur de bord et quelques autres fonctions. Pour finir avec la partie avant du 807, on notera la présence d’un habillage mixte cuir noir/bois verni sur le volant du monospace sochalien.
En accédant à l’arrière du 807 Grand Tourisme par les deux portières coulissantes électriques, on découvre un vaste espace dédié aux deux passagers qui fait la part belle au confort, à l’aisance et à la clarté. Cela est essentiellement du à la luminosité apporté par le très toit vitré, les grandes vitres latérales et la prédominance du beige dans l’espace à voyager. Si on se penche avec attention sur la dotation en équipements, on découvre la présence d’une belle console centrale habillé de cuir et recouverte d’un tablette couvercle mobile en bois. Cet élément du mobilier intègre dans sa structure deux repose-pieds, un réfrigérateur et un lecteur CD/DVD qui permet aux passagers de profiter de la diffusion de films ou de musiques sur deux écrans LCD de 13 pouces mobiles (et surtout inclinables…) intégrés au dos des sièges avant. Enfin, ici et là quelques pièces métallisées (alu satiné et chrome) finissent de donner un esprit Haut de Gamme et voyage en 1ere Classe.
Avec le moteur V6 3,0 L
Pour assurer son standing et le confort de ses passagers, le 807 Grand Tourisme Concept fait l’impasse sur les motorisations HDi et s’offre un « gros bloc moteur atmosphérique », le V6 24 Soupapes PSA qui cube 2.946 cm3 associé à une BVA.
Si le moteur annonce une puissance suffisante de 208 ch à 6000 trs/min et un couple moteur de 285 Nm à 3750 trs. Cette motorisation associée à une très (trop?) classique BVA4 manque toutefois d’allant pour emmener les près de 1.800 kg du monospace. Elle permet tout juste au véhicule sochalien de passer le cap des 200 km/h (Vmax : 205 km/h) et d’atteindre la barre des 100 km/h en 10,5 secondes. Nous sommes bien loin des performances d’un Renault Espace IV propulsé par l’excellent et dynamique V6 3,5 L de 245 ch qui autorise le monospace de Billancourt à aller chercher les 230 km/h et d’abattre le 0 à 100 km/h en 8,0 secondes. La BVA4 à l’ancienne paraît un peu dépassée dans sa gestion et si, on en croit nos confrères d’AutoPlus dans essai du 807 V6 réalisé en mai 2003, la boite de vitesses se la joue à l’américaine et semble préférer la conduite coulée pour ne pas dire cool à la conduite dynamique ou à l’européenne !
On éludera le chapitre des consommations et émissions de ce 807 à moteur 6 cylindres mais sachez toutefois que le niveau des rejets de CO2 est très largement supérieur à celui d’une Ferrari 488 GTB millésime 2018 à moteur V8 fort de 670 ch !
Hélas cette version du 807 restera un «One-off» et n’aura aucun dérivé sur un modèle de série de la gamme 807 produite entre fin 2002 et 2014. Seules les versions SV Pullman Pack et Exclusive 3.0 V6 s’approcheront un peu de l’esprit du 807 Grand Tourisme Concept tout en se voulant plus familiales et capables de transporter 6 ou 7 personnes sans boiseries ni toit panoramique ou grand espace pour allonger les jambes.
Ndla : Le 807 était produit dans l’usine de Sevelnord pour les 2 marques du groupe PSA (Peugeot et Citroën) et celles du groupe Fiat (Fiat et Lancia). La production du Peugeot 807 fut de 197.919 exemplaires et celle du C8 de 151.000 unités.