Jona Christians et Laurin Hahn, les co-fondateurs de Sono Motors, ex start up qui voudrait bien devenir un constructeur automobile, sont dans une posture plus que délicate après avoir échoué dans la levée de fonds qui était nécessaire pour passer de la session innovation-communication-séduction à la cession production.
Aussi les deux hommes tente le tout pour le tout pour sauver Sono Motors et leur monospace électrique Sion habillé de panneaux solaires dans un appel baptisé #saveSion qui prend la forme d’une opération de com’ et de crowfunding qui va durer cinquante jours, c’est à dire jusqu’au 25 janvier 2023.
Un projet « innovant » mais…
Le constructeur munichois est donc à la peine et même pire, au bord du gouffre si les fondateurs et dirigeants de Sono Motors ne parviennent pas à réunir le budget nécessaire au lancement de la production l’an prochain chez Valmet Automotive en Finlande.
Sono Motors a besoin d’au moins 500 millions d’euros pour couvrir les frais engagés depuis 5 ans. Pour trouver l’argent nécessaire, les patrons de l’entreprise font appel à ceux qui ont pré-réservé ou qui ont manifesté un intérêt pour le monospace solaro-électrique allemand.
Si on en croit les éléments fournis par l’entreprise, le portefeuille de précommandes s’établit à 21.000 véhicules pour des clients particuliers (~465 millions d’euros) auxquels pourraient s’ajouter quelques 22.000 commandes de la part de flottes d’entreprises et de sociétés de location (~600 millions d’euros). Si tout cela venait à se transformer en commandes définitives et payées par avance, l’infortune actuelle de Sono Motors serait très rapidement de l’histoire ancienne.
Ce jour, il ne reste que 46 jours pour tenter de remettre Son Motors à flots. Dans un premier temps, l’entreprise allemand espère arriver à convaincre les 3500 personnes ayant déjà une précommande de la transformer en commande ferme moyennant un acompte financier. Sono Motors précise même pour attirer l’acheteur que cet acompte ne sera encaissé que si la campagne est un succès. La société fait même savoir qu’en contrepartie de cette confirmation de commande et de l’acompte (quasiment du montant du prix du véhicule), une réduction sur le prix facturé du Sion sera proposée. Cette remise sur le prix de vente pouvant atteindre la somme de 3.000€ si l’opération séduction est un succès.
Par ailleurs, les deux fondateurs jouent sur la fibre sensible et s’appuient sur les réseaux sociaux afin d’encourager les dons mais aussi les augmentations des sommes qui ont déjà été versées.
Sono Motors compte aussi sur la « communauté » qui apprécie ce projet pour soutenir cette aventure automobile. Avec près de 48.000 Likes sur Facebook et 18.000 Followers sur Twitter, l’affaire est tout sauf gagnée.
Si on admet que les 3.500 précommandes se transforment en commandes avec gros des gros chèques, l’affaire ne sera surtout pas gagnée puisqu’il va falloir convaincre les 17.500 personnes qui ont manifesté un intéret pour le monospace noir à faire de même, et là ce n’est vraiment pas gagné.
Une chose est sure, les patrons de Sono Motors ont mal appréhendé le marché automobile mais encore plus mal ressenti les marchés financiers et les investisseurs qui sont devenus raisonnés mais aussi frileux face aux projets « high end » ou aux start up innovantes.
En 2022, l’argent ne coule plus autant, ni aussi facilement qu’avant. J. Christians et L. Hahn s’en rappellent surement puisqu’en 2019, ils avaient levé sans difficulté quelques 50 millions d’euros dans le cadre d’une opération de financement participatif. A l’heure de la crise économique et même globale, rien n’est plus pareil !
Il y a autre problème dans cette aventure Sono Motors, il s’agit de celui du prix de vente.
On se souviendra qu’au second semestre 2017, au moment de la présentation du véhicule, le constructeur allemand annonçait un prix de départ de 16.000€ dans le cadre d’une vente avec location de la batterie ou d’un achat « intégral » avec batterie incluse pour 20.000€ ou à peine mois.
L’atout prix a du séduire ceux qui pensait profiter d’un VE familial compact pour un tarif raisonnable.
Hélas, lorsque le prix définitif du modèle a été révélé en début d’année, ce fut la douche froide pour des milliers d’acheteurs potentiels qui ont vu le prix de leur rêve électrique prendre d’un coup d’un seul quelques 87% ou +14.000€ d’augmentation pour atteindre quasiment les 30.000€.
Un physique ingrat qui ne séduit guère…
… que ceux qui sont emballés par ce type de véhicule compact (4.47 m) et surtout sa motorisation électro-solaire qui annonce une puissance de 120 kW (163 ch) avec un couple maximum de 270 Nm. Le moteur électrique est alimenté par une batterie de Type LFP (Lithium Fer Phosphate) d’une capacité brute de 54 kWh qui permet une autonomie théorique WLTP de 305 km. Si on en croit le données officielles, les panneaux solaires peuvent participer pour une autonomie d’environ 110 km par semaine ou 5.700 km par an ce qui peut être intéressant pour un utilisateur qui fait aux environs de 10.000 km/an.
Entre la version initiale et le modèle qui pourrait entrer en production fin 2023, le monospace Sion a évolué et pas forcément vers le mieux. L’ensemble n’est ni gracieux ni avenant du fait de sa tenue noire mate qui masque (ou abrite) des panneaux solaires mais aussi de son design très quelconque pour ne pas dire suranné. Mettre deux écrans et poser des inserts décoratifs verdoyants ne suffit pas à rendre attrayant le Sion qui ne convaincra finalement que les convaincus par ce projet automobile et « écologique ».
Les jours heureux !
NDLA : Sachez que ce dimanche soir 11 décembre 2023, quelques 364 acheteurs ont payé l’intégralité de leur Sion. Mais il va falloir mettre le turbo « électrique » pour atteindre un premier cap qui rendra possible ce projet automobile avant 45 jours.
Via Sono Motors.