… et ce n’est qu’un début !
Le cabinet américain d’analyse économique AlixPartners annonce dans son étude annuelle 2019, l’arrivée d’une rude période pour le monde automobile.
Entre baisse des ventes et donc baisse de la production, explosions des investissement financiers dans l’électrique et la voiture autonome mais aussi un climat mondial anxiogène et les problèmes environnementaux, l’industrie automobile mondiale entre cette année dans une période de crise qu’AlixPartner estime d’une durée d’au moins cinq ans.
Depuis quelques mois, après une année 2018 exceptionnelle (trop ?), l’industrie automobile voit ses profits et ses marchés plonger, et ce, au point de menacer les entreprises du secteur les plus faibles ou les plus mal préparées.
AlixPartners, est clair, tous les signaux sont passés au rouge depuis six mois.
Dans l’étude publiée hier 26 juin, le cabinet assure que la baisse des ventes mondiales sera de l’ordre de 3.0% cette année, essentiellement à cause de la contraction du marché chinois. Mais AlixParnters l’assure, 2019 n’est qu’un amuse bouche et la période 2020-2025 risque vraiment d’être très chaotique avec tout ce que cela implique.
Laurent Petizon le dit haut et fort : « Dans les prochaines années il va y avoir des mariages mais il va aussi y avoir des enterrements. »
Selon lui le secteur automobile pourrait vivre une période bien plus difficile que la crise de 2008-2009.
Les analystes annoncent que cette année la production parviendra, au mieux à 90 millions de véhicules produits contre 93 millions en 2018 ce qui n’est pas rien.
Toujours selon l’étude, il faudra attendre l’année 2023 pour voir le secteur automobile se relancer doucement et encore rien est assuré. 2024-2025 paraissent des dates plus réalistes mais il faudra attendre 5 ou 6 ans pour le vérifier.
Une chose est sure, depuis onze ans c’est la première fois que les trois principaux moteurs de la croissance automobile mondiale seront soit en stagnation ou pire, en déclin.
Si la Chine va voir, dans les prochaines années, son marché se contracter (ce qui n’avait pas été le cas en 2008-2009), celui des Etats Unis va suivre le même chemin pour, au minimum, les trois prochaines années.
Le marché européen devrait pour sa part reste stable mais sans aucune progression. En effet, si certains pays vont voir leur marché se réduire, d’autres les verront légèrement progresser. Cet effet de balancier fera que le marché automobile du vieux continent restera quasiment étal durant les prochaines années.
Si quelques marchés régionaux pourraient croître dans les prochaines années ils ne seront pas suffisants pour compenser.
Il y a d’autres facteurs qui vont s’ajouter
AlixPartners précise clairement que l’étude 2019, comme les précédentes, ne prend en compte que les éléments économique, industriels, financiers pour définir ses perspectives pour le monde automobile.
Laurent Petizon explique qu’à ces éléments « objectifs », il faudra ajouter le réel impact d’un brexit dur, des guerres commerciales, des guerres armées, les problèmes environnementaux et l’angoisse qu’ils créent ou la « normitude aigüe » (ou l’opposé) de certains états.
Georgeric Legros, un des dirigeants d’AlixPartners, précise qu’à l’heure de la baisses de ventes, de la diminution des marges et de la forte hausse des besoins d’investissement, les rendements du capital investi fondent et ce, aussi bien pour les fournisseurs que pour les constructeurs automobiles.
Un autre facteur important de la crise qui s’installe doucement est en partie lié à là surcapacité industrielle chinoise en matière automobile. Le cabinet d’analyse estime que depuis 6-9 mois le fameux taux d’utilisation de l’appareil de production est passé sous le seuil des 70%.
Nous savons tous que lorsque celui ci s’approche des deux tiers (66.66%), la situation devient fragile pour les sociétés car elle ouvre la porte à des arrêts de fabrication, des fermetures de sites industriels voire même à la cessation d’activité de certaines marques.
Au delà de ce premier cercle d’impact, on gardera à l’esprit la mise au chômage durable ou provisoire de plusieurs centaines de milliers de salariés qui… de fait, ne seront plus des acheteurs.
Cette situation ressemble fort au retour d’un cercle infernal ou de l’affaire du chat qui se mord la queue bien connue des économistes.
Le CO2 à la façon européenne, une plaie…
… ou quand les amendes pour non respect des objectifs de CO2 vont pénaliser lourdement les constructeurs européens, notamment dans les domaines de la R&D et de l’investissement industriel pour les futures technologies et usines « écologiquement » acceptable. Là encore, l’affaire du chat et de sa queue refait surface.
AlixPartners assure que 2021 ne sera que le début des problèmes financiers pour les marques.
Plutôt que de foncer tête baissée dans le tout électrique, le tout autonome il aurait fallu vendre pendant encore de nombreuses années plus de diesels « new gen », se lancer la chasse aux kilos et relancer le marché des petites voitures pour baisser les émissions de CO2 pour aller en douceur vers le véhicule électrique.
Le monde automobile a, pour différentes raisons (écologie punitive rampante, autophobie politique, mises en place de normes et de projets sans concertation, manque de cran des dirigeants automobiles face aux politiques), fait exactement l’opposé de ce qui aurait du être fait et il risque de le payer cher durant les années 2020 à 2030.
AlixPartners pointe aussi du doigt, la course irraisonnée vers l’électricité automobile mais aussi vers l’intelligence automobile qui doit conduire à l’autonomie dans quelques années [ndla : AlixPartners fait comprendre à demi mot que l’autonomie de conduite est une sorte de chimère inatteignable mais elle fait bien sur la carte de visite des constructeurs…]
L’électricité pour tous, pas forcément la panacée
Les analystes estiment que d’ici à 6 ans, c’est une soixantaine d’usines automobiles qui devraient être fermée ou réaffectée à d’autres productions, notamment celles de batteries et de moteurs électriques… si d’une part les matières premières sont là et à des prix acceptables et d’autre part si la demande de la clientèle est bien présente. En effet, ce ne sont pas des mini marchés comme ceux de la Norvège ou de l’Islande qui aideront à imposer les VE dans le monde.
Si les véhicules électriques viennent à s’imposer durant la prochaine décennie, le système industriel automobile mondial va réellement devoir s’adapter et faire avec la disparition annoncée de certaines productions qui ne sont pas nécessaires au pays de la fée électricité.
Si on parle beaucoup des constructeurs (donc certains vont disparaître avant 10 ans), on ne doit pas oublier l’impact de cette crise annoncée sur les sous traitants et les équipementiers.
Ceux-ci ont massivement investi ces dernières années dans des usines en Chine, en Asie et dans d’autres pays à bas coûts de production. Toutefois, à la vue de ce qui est annoncé, ils vont probablement devoir fermer des centaines de sites dans les prochaines années par la faute d’une évolution du marché ou/et d’une baisse de la demande mondiale.
Le plus difficile est à venir
Bref, les années qui arrivent s’annoncent comme une plus ou moins grosse sanction pour les marques automobiles. Celles-ci semblent avoir plutôt mal anticipé l’avenir (tout le monde s’est jeté sur les deux mêmes domaines en 5-6 ans), préférant surfer sur des années de bénéfices colossaux et des tendances ou modes pas toujours nécessaires pour faire évoluer cet important secteur de l’économie mondiale dans le bon sens (durabilité, écologie, croissance renouvelée et différente).
De la casse, des pleurs, des gros conflits, des rachats et de la tristesse sont à venir dans le monde, pas aussi merveilleux que ça, de l’automobile.
Beaucoup ont préféré aller droit dans le mur (de gré ou de force) plutôt que de jour le consensus général, le temps et les discussions, il va désormais falloir passer à la caisse et ça va faire mal au porte feuille et à l’orgueil des marques.
Un gros et long dossier à suivre dans les prochaines années.
Via Alix Partners.
Crédit photo : SinoConcept.
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