A la veille du Mondial de l’Automobile de Paris 2022, Olivier Lombard, le créateur du projet Hopium disait :
» Hopium a des points communs avec Tesla. »
Début mars 2023, nous en sommes bien loin puisqu’il apparait que depuis de nombreux mois l’entreprise créée par l’ancien pilote est sous la contrainte de grandes difficultés financières. Certains évoque une trésorerie réduite à quelques dizaines de milliers d’euros alors qu’en 2021, on parlait de 4.9 millions d’euros.
Bella Machina mais Machina en grande difficulté
Après l’importante session communication du début d’automne autour du Mondial de Paris, le buzz créé par la pseudo commande de 10.000 autos passée par la banque Crédit Agricole qui s’est fait à bon compte un joli coup de com’ et de greenwashing, le retour à la réalité est difficile puisqu’Hopium joue actuellement sa survie.
La conjoncture économique n’étant pas favorable aux investissements à risque, la future firme automobile est à la peine pour se financer et avancer dans son projet de grande berline fonctionnant à l’hydrogène
Fin septembre 2022, Hopium avait annoncé qu’il comptait implanter son site de production non loin de Vernon dans l’Eure sur l’axe Paris-Rouen. Depuis cette période, la région Normandie représentée par son président Hervé Morin, était plus ou moins la caution morale, économique et politique de l’entreprise.
Désormais, elle est le bailleur de fonds d’Hopium puisqu’elle vient de lui accorder un prêt à taux zéro d’un montant de deux millions d’euros afin de poursuivre son activité ou pour tenter de se relancer car cette somme est très nettement insuffisante pour mener à bien l’ensemble du projet qui aurait besoin de 500 à 800 millions d’euros. Ces deux millions vont surtout permettre aux dirigeants d’aller à la recherche d’investisseurs potentiels et de maintenir une couverture médiatique nécessaire au XXIeme pour exister.
Ce prêt est remboursable au bout de 18 mois. On assure du coté de la région Normandie que cette somme doit permettre à Hopium d’avancer rapidement ses recherches pour sa pile à combustible hydrogène pour que la possible future marque soit en première ligne dans quelques années quand le marché de la voiture à hydrogène décollera, s’il décolle un jour !
Cet argent frais devrait aussi permettre l’embauche de 28 nouveaux salariés ce qui serait un bon signal en direction des investisseurs. Hopium compte aussi sur un fonds d’investissement américain dit alternatif baptisé LDA Capital qui a promis la somme de 50 millions d’euros sur 3 ans.
Si cela est bien, nous sommes encore très loin du compte pour passer de l’état de projet à celui de réalité industrielle et économique.
Chez Hopium, on a déclaré
Sylvain Laurent, le directeur général d’Hopium a dit après l’annonce de l’aide de la région :
« C’est une très bonne nouvelle pour le déploiement de notre stratégie R&D. Cette aide va permettre de multiplier nos investissements. Elle permettra dès demain à nos équipes d’accélérer pour que notre pile à combustible hydrogène voie le jour avant la fin de l’année 2023 ».
Philippe Baudillon, directeur général délégué d’Hopium d’ajouter :
« Nous tenons évidemment à remercier la région Normandie qui nous accompagne depuis de nombreux mois. Ce soutien apporte un élan supplémentaire à Hopium pour atteindre ses objectifs. Nous sommes très heureux de pouvoir compter sur la région Normandie dans notre développement mais également de participer au plan Normandie hydrogène qui nous considérons comme un projet d’avenir majeur ».
Une chose est sure, malgré les annonces des dirigeants d’Hopium, ce n’est pas cette année que nous verrons un prototype avancé et roulant de la berline Machina surtout qu’une partie des constructeurs automobiles, sauf BMW et Toyota, ne croit pas à l’hydrogène sauf peut être pour le monde du poids lourd.
Pour s’en convaincre, il suffit de lire la déclaration de Xavier Chardon, le PDG de Volkswagen Group France à nos confrères de Presse-Citron pour comprendre que l’hydrogène n’est pas la bulle d’air vantée et attendue par certains et par Hopium.
On ajoutera que le réseau de recharge embryonnaire n’aide pas au développement de cette technologie aux rendements actuels peu intéressants et énergivores.
Ci dessous, pour vous faire une idée, la carte de France des stations.
Le dossier Hopium est à suivre non pas dans 12 ou dans 18 mois mais plus surement d’ici à l’été ou la rentrée tant la situation parait tendue pour ne pas dire ingérable. En effet, cette aide régionale ne permet aucunement à l’entreprise de vivre et d’avancer, tout juste de ne pas se noyer et disparaitre en plein hiver tout en lui octroyant une nouvelle chance de trouver quelques fonds d’investissement « bienveillants » qui ne manqueront pas d’air et d’argent pour financer ce projet qui pourrait bien disparaitre si aucune solution viable n’est pas rapidement trouvée.
Via AP, Hopium, Presse-Citron, PQR, LaTribune.