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Ferrari a un nouveau patron

On attendait cette annonce avec presqu’autant d’impatience et d’intéret qu’on guette la fameuse fumée blanche de la cheminée du Vatican qui entérine le vote des cardinaux pour la proclamation d’un nouveau pape.
Ferrari tient enfin son nouveau patron après un semestre d’incertitude du au départ imprévu et soudain de Louis Camilleri en décembre 2020.
Depuis cette démission surprise, c’était John Elkann, l’un des héritiers Agnelli qui assurait l’intérim au poste de président du prestigieux constructeur automobile italien.
L’affaire est désormais réglée puisque nous apprenons ce jour que c’est Benedetto Vigna qui prendra la direction de Ferrari à partir du 1er septembre prochain.

Qui est Benedetto Vigna ?

Benedetto Vigna n’est pas un homme du monde merveilleux de l’automobile puisqu’il vient de chez STMicroelectronics. A la lecture de la presse italienne du jour, on apprend même qu’il n’est pas vraiment connu dans le monde économique et il semble qu’on ne lui connaisse pas une passion immodérée pour l’automobile ou les voitures de sport.
B. Vigna, est un ingénieur italien âgé de 52 ans.
Il a rejoint STM en 1995 et a lancé les travaux de la société sur les MEMS (MicroElectro-Mechanical-Systems). Sous sa direction, les capteurs MEMS qu’il a développé avec ses équipes ont permis d’établir le leadership mondial de STMicroelectronics auprès d’importants équipementiers, y compris dans le secteur automobile, pour des interfaces utilisateurs activées par le mouvement.
Benedetto Vigna a mené avec succès l’introduction des microphones, des boussoles électroniques (e-compass) et des contrôleurs d’écrans tactiles, ainsi que des capteurs environnementaux, des micro-actuateurs, des capteurs pour l’automobile et des radios à très faible puissance pour l’Internet des objets.
Ses responsabilités se sont ensuite étendues aux circuits intégrés analogiques et produits RF (2011), puis aux produits de puissance intelligente pour les équipementiers et le marché de masse (2015/2016). Benedetto Vigna est également responsable de la division Imaging de STMicroelectronics depuis la fin d’année 2017.
Actuellement, et depuis plus de cinq ans, il occupe le poste de Président du Groupe Produits Analogiques, MEMS et
Capteurs. Par ailleurs. il est membre du Comité Exécutif de ST depuis le 31 mai 2018

Futur gestionnaire de la crise autour du passage à l’électrique ?

C’est fort probable et cette arrivée va soulager J. Elkann qui éprouve quelques difficultés à gérer la marche forcée et imposée par les politiques et les écologistes vers les motorisations électriques.
Le président d’Exor, la holding de la famille Agnelli, doit depuis quelques mois apprendre à vivre avec des milieux financiers aux réactions épidermiques et qui surréagissent à chaque annonce économique ou politique.
C’est donc actuellement le cas avec la volonté (en partie ridicule) de mettre la planète entière aux véhicules électriques et Ferrari découvre depuis un semestre les « affres » du recul de sa valeur en bourse.
Après avoir grimpé de plus de 370% depuis 2015, le constructeur de Maranello a vu son cours boursier baisser de près de 5.0% depuis le début de cette année 2021.
L’annonce du jour n’a rien changé à l’affaire, elle a même accentué la baisse qui est de -1.66% à 14h00. Benedetto Vigna n’étant pas un homme du sérail ni de l’automobile, les investisseurs paraissent déjà inquiets. Certes Ferrari est une entreprise comme les autres mais elle ne se manage pas comme les autres.
Le fabricant d’automobiles de sport le plus prestigieux au monde doit être préservé sans créer de vague, sans faire de coupes sombres au nom du profit et des voitures vertes… Tout cela ne s’annonce donc pas facile pour les prochaines années.

Vigna va aussi devoir être sur le pont pour accompagner la marque italienne qui est plus une entreprise dédiée au grand luxe qu’une société dédiée à faire des volumes de production dignes d’un constructeur comme Fiat ou Renault. Il va aussi devoir prendre la relève de Louis Camilleri qui était, quoiqu’on en dise, un défenseur des moteurs à combustion interne et de l’hybridation sportive et performante. On se rappellera que quelques temps avant son départ, l’ancien président de Ferrari avait clairement fait savoir qu’un grand nombre des clients de la firme de Maranello ne pouvaient pas imaginer une vraie Ferrari « Full electric ».
C’est pourtant ce qui arrivera dans quatre ans, comme l’a annoncé John Elkann en avril dernier, quand la marque présentera son premier modèle sans V6, ni V8 ou V12 mais avec un bon « vieux » moteur électrique alimenté par de lourdes batteries.

L’homme de l’avenir pour John Elkann

Avec ce choix et cette nomination, John Elkann espère peut être tenir l’homme qui permettra aux futures Ferrari d’être électriques mais aussi ultra connectées comme le veux une tendance actuelle lourde.
Les riches acheteurs des voitures de la marque vont-ils s’y retrouver et répondre présents, rien n’est moins sur et à moyen terme on pourra avoir quelques craintes sur le devenir de la firme au Cavallino rampante.
Il faut désormais laisser du temps à Benedetto Vigna pour voir dans quelle direction il va emmener Ferrari mais aussi la Scuderia. La marque est, comme quelques marques, une sorte de totem, de repère pour ne pas dire de graal et il va falloir gérer l’affaire d’ici à 2025 ou 2030 pour ne pas lui faire perdre de sa superbe.

Déchargé dans trois mois de ses fonctions de président de Ferrari par intérim, John Elkann va pouvoir reprendre avec plus de sérénité ses fonctions de président du conseil d’administration d’Exor mais aussi celles de… président du conseil d’administration du tentaculaire groupe Stellantis.
On gardera toutefois un oeil sur le devenir de Ferrari, détenu à hauteur de 33% par Exor, et les décisions prises par Vigna et peut être encore plus par Elkann qui, souvenons nous en, n’a pas fait de merveille depuis qu’il a pris les rênes de Fiat après les décès de Gianni Agnelli en 2003, petit-fils du fondateur de Fiat, puis de son frère Umberto Agnelli en 2004.

ndla : Ce n’est pas en multipliant les connectivités vers le monde, en installant des écrans HD partout et en transformant un cockpit de Ferrari en une salle de discothèque à deux heures du matin qu’on fait une belle voiture de luxe et de sport.

Via AP, Exor, LeRepubblica, Reuters.

Frédéric Euvrard

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