Si je vous dis MG, vous me dites petit cabriolet anglais, souvent de couleur verte, avec une fâcheuse tendance à perdre de l’huile ! Certes, ce n’est pas faux, mais au 21ème siècle, MG ce n’est plus ça. Morris Garage est devenu MG Motor et appartient au groupe chinois SAIC.
Vous comprendrez donc que la MG5 que j’ai entre les mains est bien une machine chinoise, badgée du logo MG octogonal, bien connu des babyboomers et même des boomers !
Cette auto est à ce jour le seul break full électrique du marché. Cette position est enviable mais à la mode des SUV, il est assez osé de sortir un break. Vous allez voir cependant que cette voiture ne manque pas d’intérêt.
La version essayée est la version dite « haut de gamme » c’est à dire la MG5 Luxury avec un moteur PSM d’une puissance de 115 kW (156 ch) alimentée par une batterie d’une capacité maximale de 61.1 kWh . C’est la version avec l’autonomie la plus étendue. La version avec une autonomie moindre s’annonce avec une batterie d’une capacité fixée à 50.3 kWh mais plus de puissance puisque le moteur développe 130 kW ou 177 ch.
Un style classique avec une pointe de modernité
De ce point de vue, je ne vous cache pas que rien n’est révolutionnaire. L’allure de la voiture nous rappelle les breaks des marques concurrentes. Le modèle essayé dans sa livrée « Diamond red » me rappelle plus particulièrement une française connue mais aussi une germano-espagnole.
Sans être hyper moderne, ce break est plutôt bien réussi, surtout grâce à sa face avant plus actuelle qui arbore des phares à LED anguleux tout à fait dans l’air du temps. La partie arrière est plus classique puisqu’à quelques petits détails près, elle est reprise à la MG5 avant son restylage.
C’est un véhicule électrique, la calandre est donc pleine et intègre en son cente avec la trappe pour la brancher lors des recharges.
Avec ses 4,60 m, la MG5 en impose un peu. C’est un break compact mais qu’il faut malgré tout garer et je vous garantis que sur les places de recharge parisiennes, c’est un peu sport. A croire que la mairie de la capitale n’espère que des Zoé, des e-208 ou des 500e !
L’ensemble est soigné, baguettes de fenêtre, des inserts chromés un peu partout et de bonne qualité apparente, barres de toit façon alu satiné et vitres arrière surteintées sont de la partie. Cerise sur le gâteau « chinois » (cette MG5 n’est pas trop pudding !), de jolies jantes en alliage Diamantées/Noires réhaussent l’ensemble. Au final, le break présente bien et ne dénote aucunement dans l’offre automobile, électrique ou non, du moment.
La présentation ne fait pas vraiment bas de gamme comme le voudraient certains et donne un petit look cossu, pour ne pas dire bourgeois, à notre break compact.
Vous l’aurez compris, rien de révolutionnaire à l’extérieur. Si le break est homogène et assez lisse, la MG5 a un détail que les autres n’ont pas et qui interpelle. C’est le gros logo MG ! C’est un pan d’histoire automobile qui touche encore quelques passants que j’ai croisés et que j’ai entendu dire : « Ah une MG ! C’est comme ça maintenant, une MG ! »
Dans leurs regards, je pouvais lire la nostalgie et la surprise. De ce côté-là, le pari est gagné pour MG Motor qui a su relancer et faire perdurer à sa façon cette mythique marque anglaise qui, souvenons nous en, n’a pas fabriqué que des roadsters puisque la marque a eu dans un passé déjà lointain de nombreuses berlines à son catalogue.
Trêve de nostalgie, faisons un bond dans le futur et entrons dans la voiture.
A bord, il règne une sobriété de bon aloi
La version essayée était livrée avec l’option «intérieur gris simili cuir (c’est à dire du beau skaï) et tissus ». Cette sellerie est facturée 1.000€ au catalogue MG.
L’ensemble est lumineux et accueillant, sièges électriques et chauffants vous permettent de rapidement trouver une place confortable dans l’auto, le rembourrage est souple, le maintien correct même si parfois il parait discret.
Une fois installé à bord, vous avez un volant légèrement typé sport qui intègre sur ses branches les commandes usuelles comme le téléphone, la gestion du système média et l’ordinateur de bord. Malheureusement, la matière du volant n’est pas très agréable et un peu râpeuse, mais ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas non plus les mains marquées après quelques heures de conduite !
Face à vous, vous avez deux écrans : l’afficheur de vitesse d’une taille de 7 pouces (18 cm) et l’écran d’info divertissement qui, quant à lui, est tactile et mesure 10,6 pouces ou 27 cm.
La planche de bord est soignée avec ses inserts façon alu brossé et est réhaussée d’un jonc bleu qui ceinture l’habitacle.
La console centrale, elle aussi habillée d’alu brossé, adopte un style aérien, comme autoportée. Au-delà d’être esthétique, elle est très pratique et fonctionnelle. Les connexions USB en-dessous, le sélecteur de vitesses au-dessus (R/N/D/P) avec la sélection des modes, le frein de parking et l’«autohold» au-dessus. Un bouton « mystère » est logé ici aussi, le KERS, qui est en fait le mode de récupération d’énergie comme nous l’avons connu sur certaines voitures de course et des sportives. Les rangements sont suffisants et certains se ferment, ce qui permet de garder une voiture bien rangée.
L’avant de l’habitacle est accueillant et on y trouve vite ses aises et on peut en dire autant des places arrière. L’assise est confortable et je vous assure que j’ai logé deux grands d’1m90 qui ne se sont pas sentis à l’étroit pendant notre voyage. Il y a donc de la place au rang 2 de ma MG5.
Pour nos plus jeunes voyageurs qui ont un téléphone greffé à la main, la présence de ports USB à l’arrière les rassurera et permettra d’éviter la panne sèche qui les priverait d’une bonne séance de TIK TOK…
Un Break, c’est aussi un coffre. Celui-ci a un volume de 479 dm3 ce qui est correct pour la catégorie. Une fois les sièges baissés, le volume atteint 1.367 dm3. On regrette un seuil de chargement un haut, une ouverture de coffre pas assez large et des sièges qui n’entrent pas totalement dans le plancher une fois rabattus. A l’usage et avec l’habitude cela ne sera pas génant que chez certains concurrents.
Si l’intérieur est plutôt soigné et fonctionnel, il manque malgré tout un peu de « joie de vivre » dans l’ambiance à bord. Il manque, par exemple, des éclairages intérieurs plus funs et plus fins ou encore une sélection d’ambiance comme on pourrait en trouver ailleurs. Une sellerie réhaussée de quelques touches de couleurs ne serait pas un mal !
Bien heureusement, le prix et le niveau d’équipement de l’auto gomment cette impression d’austérité.
Dans la version Luxury essayée, je dois constater que la dotation est plutôt bonne, beaux écrans, climatisation automatique, jantes alu, caméra 360°, régulateur de vitesse, Carplay, sièges électriques et chauffants, quatre vitres électriques, ouverture du coffre électrifiée… Que demande le peuple puisque la MG5 Luxury propose de série bien plus que le nécessaire !
On profitera de l’occasion pour constater que la version de base (Confort) est déjà bien pourvue. Elle compte par exemple les jantes alliage 16 pouces, le régulateur de vitesse auto adaptatif et l’écran 10.6 pouces, la clim’ et bon nombre d’équipements qui rendent les deplacements quotidiens ou le voyage agréables.
Tout cet équipement électronique à la mode est particulièrement simple à utiliser, ergonomique et la navigation se fait via l’écran tactile ou par les boutons situés sur le volant pour ce qui est de l’écran du combiné de bord.
Ce qui est agréable est que l’on arrive facilement à l’information voulue, les écrans concernant la gestion de l’électricité sont simples et efficaces. Il n’y a pas d’informations dans tous les sens, on détermine instantanément le pourcentage de batterie restant, qui évolue directement en fonction du mode de conduite choisi ou imposé et l’utilisation de la clim et de la ventilation par exemple, est directement accessible mais… (voir plus loin !)
L’aide au stationnement qui se présente sous la forme de caméras avant et arrière et surtout de caméra 360° est bien pensée. Au-delà des vues habituelles, il est possible de sélectionner un angle de vue en particulier en touchant l’écran. C’est très pratique pour se garer dans les places exiguës sans abîmer les belles jantes brillantes ou les coins, pas toujours visibles, des boucliers avant et arrière.
Autre chose d’appréciable, la voiture n’est pas sur-assistée, pas de remise en ligne à outrance, pas de trucs qui bipent dans tous les sens, bien que toutes les sécurités et ADAS actuelles soient bien présentes sur la MG5
On mettra toutefois deux bémols mineurs pour ce ce break. D’une part, le système Carplay ne fonctionne qu’avec une connexion filaire et sur le modèle essayé, malgré un câble neuf, les déconnexions furent nombreuses.
D’autre part, le système de climatisation n’a pas une ergonomie idéale et comme sur beaucoup de voitures modernes, il faut entrer dans un menu de l’écran tactile, puis tatonner un peu pour affiner les réglages, autant dire qu’au début, il vaut mieux faire cela une fois le véhicule arrêté. A l’usage et dans la durée, cela devient plus facile ou intuitif.
Mais là je chipote un peu car l’ensemble est très bien présenté, bien fini et très complet et apporte grandement sa part à l’expérience de conduite qui arrive sans tarder.
L’expérience de la route et des consommations
Bien installé derrière le volant comme vu plus haut, la prise en main de la voiture est assez facile et rapide. Un doigt sur le bouton Start et hop, la voiture est démarrée dans un silence quasi absolu. On tourne la grosse molette sur D et c’est parti ! La voiture démarre automatiquement en mode Confort, activé par défaut par le système de gestion de la MG5.
Par mesure d’économie et de réalisme de consommation, je me câle sur le mode Eco. La voiture est totalement chargée et le tableau de bord m’annonce fièrement 440 km d’autonomie, de quoi voir venir notamment dans le cadre d’une utilisation quotidienne mixte, d’autant que cette autonomie, même si elle s’approche plutôt des 400 kilomètres est plutôt bien respectée.
Attention, toutefois avec le mode Eco. Si il permet de gagner des kilomètres, il anesthésie le caractère de la MG5 et de fait le conducteur qui n’aura alors guère de plaisir au volant. On préfera largement le mode Confort même si c’est au détriment de quelques kilomètres d’autonomie.
Bien entendu, sur autoroute, il faudra viser les 260 km ou réduire sa vitesse pour espérer passer les 300 km entre deux recharges.
Sur autoroute, l’ordinateur de bord affichait une consomation de l’ordre de 22-23 kWh/100 km, ce qui permet, en pratique aux environs de 260-270 km entre deux passages à la borne de recharge. Sur route, le bilan est plus favorable puique le break MG5 s’est contenté de 16 kWh/100 km, voire même 15 kWh/100 km avec le pied très léger permettant alors d’espacer les recharges de 380 ou 385 km.
Ce qui est appréciable avec cette MG5 est qu’on oublie que c’est une électrique. On est simplement dans une voiture actuelle. L’autonomie confortable permet par ailleurs de ne pas avoir l’œil sans cesse sur la jauge d’énergie
En mode Eco, la voiture part tranquillement sans peiner et nous n’avons pas du tout l’impression de lourdeur notamment grâce à son poids total presque contenur de 1.562 kg, combiné à son moteur de 115 kW. Lorsque l’on met le curseur sur le mode Sport, ce n’est plus la même limonade. La sensation d’accélération nerveuse pour ne pas dire « proche de la vitesse lumière » est bien là !
Mais d’où sort cette sensation avec uniquement 115 kW ou 156 ch ?
C’est en partie du à la magie de la fée électricité. En effet, si on revient sur des mesures de l’ancien monde, ici le 0 à 100 km/h se joue en 8.3 secondes ce que seules des thermiques équivalentes mais plus puissantes savent faire. Mais je crois que cela devient politiquement incorrect de parler de ça. En bref, on a quand même de quoi s’amuser un peu avec cette auto. Le « un peu » est important car en mode Sport associé avec un conduite dynamique, la jauge d’énergie descend bien plus vite qu’en mode Eco.
Revenons sur terre, la MG5 c’est un break et il a toutes les qualités du break, avec une position de conduite assez haute, de la place et un volume suffisant ce qui ne gâche rien. Etonnamment la position de conduite surélevée pourrait faire croire qu’on est au volant d’un SUV ou d’un break surélevé façon Audi Allroad ou Volvo Cross Country.
Pour ce qui est de l’amortissement de l’auto les fans d’allemandes apprécieront car l’ensemble est plutôt ferme et l’agréable contrepartie, quand on est au volant, est que la voiture accuse peu de roulis dans les virages.
La direction est sûre et précise, remonte suffisamment d’informations même si certains effets de couple se font parfois sentir mais sans jamais devenir génants. Il en est de même pour le freinage. L’ESP est bien sur de rigueur, toutefois sur route mouillée, je me suis fait un peu surprendre par la gestion de la puissance délivrée aux roues motrices. On pourra se poser la question de savoir d’où vient le problème car cela ne semble pas lié aux pneumatiques Michelin et à leurs qualités notamment sur sol humide. Est ce l’effet conjugué de la pluie et du couple moteur ? Possible même si avec 280 Nm, il n’y a pas de quoi être débordé.
Le break prend bien ses appuis et une fois placé sur son train, le train arrière suit sans encombre et sans causer d’appréhension au conducteur. Bien sur l’auto n’est pas vive comme une sportive mais elle enchaine sans problème dans les lacets de la route. Sage et facile sur petite route, le break MG5 fera parfois sentir sa masse et un coté « près du sol » du aux batteries dans le plancher.
Enfin, on notera un soin particulièrement apporté à l’insonorisation. Quel que soit l’environnement, la voiture avance dans un silence appréciable pour un véhicule de cette gamme.
Et si nous passions à la pompe ?… pardon, à la borne de recharge. Pour ceux qui n’utilisent pas ou peu une voiture électrique, sachez que lorsque l’on trouve de quoi se charger, on se charge, et ce même si l’on a encore de l’autonomie.
Paris est assez bien loti en bornes diverses et variées, en surface ou en souterrain. Et vous pourrez assez facilement recharger en 7 ou 11 Kw/h, ce qui permet en un temps raisonnable de grapiller quelques pourcents supplémentaires de capacité électrique pour quelques euros. Attention, l’auto mesure quand même 4,60 m et l’opérateur parisien propose des petites places, adaptées à des citadine et non à des autos qui mesurent plus de 4.40-4.50 m.
Pour finir, après avoir lutté quelques minutes pour faire entrer la voiture dans la place, le câble fourni était trop court pour atteindre la borne, positionnée à l’arrière du véhicule, c’est ballot et il faut donc penser à bien positionner sa voiture pour recharger en toute quiétude.
J’ai eu l’occasion d’utiliser un chargeur en courant continu et d’apprécier avec ce mode la rapidité de recharge. Le chargeur utilisé délivrait 40 kW jusqu’à 80% de la charge. Donc, lorsque vous arrivez quasiment vide (à 12-15%), il vous faudra un peu plus d’une petite heure pour recharger 80% de la batterie. Les 20 % restant rechargent moins vite pour ne pas abîmer la batterie.
MG annonce un temps de charge à 80 % en 40 min, ce qui doit être possible avec le chargeur adéquat (jusqu’à 87 kWh) que l’on trouve sur l’autoroute ou chez certains opérateurs.
MG fournit une application bien faite pour se connecter à la voiture. Le suivi de la charge est particulièrement ergonomique et clair. Instantanément, vous pouvez suivre votre charge, contrôler l’état du véhicule, retrouver votre voiture et la verrouiller à distance.
La MG5, un choix electro-raisonnable !
Cette voiture électrique familiale fut une bonne surprise.
Le break répond à un vrai besoin et de l’avoir électrifié est une très bonne idée oubliée par tous les autres constructeurs présents sur le segment des compactes électriques.
Le rapport qualité/prix proposé par MG est excellent puisque le modèle présenté est en vente à partir de 28.490€, aide de l’état déduite. La qualité de fabrication est au rendez-vous, reste à voir ce que cela donnera dans le temps, mais MG Motor y a pensé puisqu’en plus du reste, la voiture est garantie 7 ans ou 150.000 km
Je ne parlerai pas d’affaire du moment, mais le choix peut être judicieux pour qui veut passer à l’électrique sans trop faire de compromis et surtout sans casser sa tirelire !
Photos : Romain Ruzal pour The Automobilist.
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