Essai : Le Maserati Levante Trofeo c’est du costaud !

Mais si, un SUV sportif ça existe, le Maserati Levante Trofeo V8 !
Jusqu’alors, 460 ch étaient le maximum disponible chez Maserati sur les hauts de gamme de feu les GranTurismo ou GranCabrio et ce, V8 atmo. Avec un V6 biturbo, le SUV Levante devait, lui, se contenter de 430 ch.
Une motorisation tonique et une puissance déjà bien appréciable pour le commun des conducteurs ou des amateurs de… SUV dynamiques.
Toutefois, poussé par la concurrence, Maserati se devait de faire encore plus fort dans la catégorie de ceux que l’on doit désormais nommer les « SUV Sportifs », n’en déplaise aux amateurs de supercars, GT, roadsters et autre berlines sportives.

Dans cette catégorie ou la démesure semble de mise, on retrouve le cousin Alfa Romeo Stelvio (510 ch), le Range Rover SVR (575 ch) et son cousin le Jaguar F-pace SVR (550 ch), le Mercedes GLE 63 AMG (585 ch), le Porsche Cayenne turbo (550 ch), le BMW X5M Compétition (625 ch), les anecdotiques Lamborghini Urus (650 ch) et Bentley Bentayga (635 ch), sans oublier l’ubuesque Jeep Grand Cherokee Track Hawk et ses 700 ch.

Tout cela en restant avec des motorisations uniquement thermiques, les futures hybridations permettront certainement d’en offrir encore plus, si cela ne coûtent pas trop cher en taxes ! C’est ainsi que la Maserati de route la plus puissante jamais fabriquée par l’usine de Modène se trouve être une nouvelle version de son SUV : la Levante Trofeo qui annonce 580 ch. et, surtout, un couple conséquent de 730 Nm disponible dès 2 500 tr/min.

Les chiffres annoncés de la Trofeo sont impressionnants. 4,1 secondes pour le 0/100 km/h et également 34.5 mètres pour l’arrêt complet à cette allure Avec 300 km/h revendiqués celui-ci se place résolument parmi les SUV les plus rapides du monde. Pour obtenir ces résultats sur le Levante, le premier SUV Maserati, que l’on connait depuis le salon de Genève 2016, le moteur V8 de 3 800 cc à 90°, issu de feu la Quattroporte GTS, a été revu sur bien des points : arbres à cames, soupapes, pistons et bielles générant une nouvelle forme des chambres de combustion plus favorable, deux turbos de type « Twin-Scroll » (à double étages) et, bien entendu, une cartographie adaptée à tout cela. Cette nouvelle cartographie permet un nouveau mode de conduite qui vient s’ajouter aux traditionnels « Normal, I.C.E., Sport et Off Road », le mode » Corsa une fonction exclusive à la Trofeo. Lorsque ce dernier est actif le changement de vitesse est plus rapide, la hauteur de caisse change et s’abaisse grâce à la partie pneumatique de l’amortissement (soit 35 mm plus bas que la normale), et le mode le plus sportif des amortisseurs Skyhook est activé.
La boite de vitesses est la bien connue ZF AT8 utilisée par bien d’autres constructeurs. La transmission utilise le système Q4 également monté sur les cousines Alfa Romeo Stelvio. Rappelons qu’en conditions de pilotage normales, le Q4 fournit 100% du couple du moteur aux roues arrière. Sur les surfaces glissantes ou non adhérente, ou en cas de perte de traction à l’arrière, le système peut modifier le couple avant/arrière de 0 :100% à 50 :50% en seulement 150 millisecondes. De plus, toutes les versions de la Maserati Levante sont dotées d’un différentiel mécanique à glissement limité (LSD) de 25 % sur l’essieu arrière. Ainsi en virage le système répartit plus de couple sur les roues extérieures en appliquant une légère force de freinage sur les roues intérieures, constituant ainsi un palliatif aux trains arrière directionnels que l’on peut retrouver sur la concurrence. Enfin, pour finir, Maserati a intégré à son ESP un système de contrôle intégré (IVC). Celui-ci sert à diminuer précisément la tendance au sous-virage des SUV.

Esthétiquement, le Trofeo se distingue des autres Levante par un certain nombre de spécificités. Au premier coup d’œil on remarque les superbes roues de 22 pouces en aluminium forgé « Orione » chaussées de très sportifs pneus Continental Sport Contact 6 en 265/35 avant et 295/30 arrière qui annoncent la couleur et écartent immédiatement toute idée de balade hors du macadam ! Au-travers de ces jantes on peut distinguer les gros étriers de freins Brembo à 6 pistons pinçant des disques de 380 mm à l’avant. On note également la lame inférieure avant, les ouïes latérales, les inserts de jupes latérales ainsi que l’extracteur arrière en fibre de carbone, les deux extracteurs de chaleur du capot moteur, le trident inscrit Trofeo sur le montant arrière de l’habitacle, sans oublier la calandre avant à double barreaux offrant une finition noir brillant. L’intérieur donne une impression de luxe à l’italienne, mélangeant le cuir pleine fleur à l’alcantara et aux inserts carbone, habillage des portes compris. Les appuie-têtes sont siglés Trofeo, la célèbre montre ovale symbolique trône au milieu de la planche de bord recouverte de cuir surpiqué. La console centrale est occupée par un écran tactile de 8.4 pouces à haute résolution compatible avec Apple CarPlay et Android Auto, et qui comprend une radio numérique, le Bluetooth et la navigation satellite. Si les ajustements ne sont pas encore millimétrés comme la concurrence allemande, la finition est des plus honnête et l’ensemble vous transporte bien loin de l’austérité clinique de ces dernières. Pour être complet il faut également noter que le Levante Trofeo est équipé d’un système audio de 1280 W, 17 haut-parleurs Bowers & Wilkins Premium Surround Sound.

Une fois bien calé dans les sièges réglables de toutes les manières possibles, il est temps de s’occuper de ce que l’on peut ressentir entre le volant et ce siège. La mise en route du moteur annonce bien des choses. Non pas qu’il envahisse l’habitacle, les glaces double vitrage y veillent, mais on ressent cette présence que l’on attend d’une Maserati : la passion des moteurs qui chantent. Première surprise, de la part d’une auto qui annonce une certaine sportivité, la circulation tranquille avec le mode « Normal » sélectionné, s’effectue dans un confort bien agréable, le moteur ronronne comme un gros chat au coin du feu, les suspensions filtres efficacement les accidents du bitume et même les pneus, pourtant aux carcasses certainement très rigides, restent d’un niveau sonore « bien élevé » ! Le mode « Sport » offre déjà un autre visage, la réponse à l’enfoncement de la pédale d’accélérateur se fait plus précise, la direction s’affermit et le moteur commence à vocaliser avec une poussée vigoureuse. Néanmoins le Trofeo ne se transforme pas pour autant en shaker et amorti réellement, aussi bien en détente qu’en compression. Mais essayer une Maserati sans sélectionner le mode « race » serait oublier tout le passé sportif de la marque. Dans le but de descendre le centre de gravité, la hauteur de caisse diminue alors de 35 mm et tout devient plus rapide, plus précis. Les mouvements de caisse, roulis, plongée, sont contenus, le moteur, (valves d’échappement ouvertes), réjouit l’oreille « à l’italienne », la BVA ZF est plus réactive et le châssis fait preuve d’une belle rigidité permettant, entre autres, des entrées de virage en freinage dégressifs sans sous virage excessif et avec un placement plutôt précis. Il ne faut cependant pas oublier que l’on a affaire une auto de 2 170 kg, de 5.02 mètres de long et dans lequel le pilote est assis à peu près à la hauteur du toit d’une McLaren ! Si les décélérations sont réellement puissantes, il faut composer avec une pédale au touché souple, progressif demandant un enfoncement vigoureux, plus que celui de certaines allemandes à l’attaque immédiate. Quant au moteur, quelle réussite, chaque remise en vitesse plaque pilote et passager au fond du siège avec un son digne des meilleurs moments de la scala de Milan, l’aiguille du compte-tours se précipite vers les 7 000 tr/min et ce dès les 3000 tr/min, un vrai bonheur !
Il vient alors à l’esprit d’emmener ce Trofeo sur un circuit afin de pouvoir l’exploiter pleinement. Et oui, tout en alliant la polyvalence propre à ce genre de véhicule, les SUV sportifs ça existe, le Levante Trofeo en est un bel exemple !
Avec un tarif de base de 170.200€ sans les options possibles, la Carte Grise et l’inévitable malus, le Maserati Levante Trofeo ne se croisera pas à tous les coins de rue, c’est le prix de l’exclusivité et d’une certaine idée de la passion pour l’automobile.

Maserati France avait fait les choses en grand pour cette session et ce fut un agréable moment.
Ainsi un long partenariat avec les champagnes Laurent-Perier a permis, d’une part, d’être reçu au Château de Louvois non ouvert au public mais aussi de procéder à un essai très tonique sur une route privatisée au milieu des vignes avec le concours d’un pilote pro et des commissaires de la FFSA.

photos : Cathy Dubuisson