En piochant, une nouvelle fois, dans son passé, Fiat démontre la force de son histoire. Mais contrairement à la 500 qui s’est embourgeoisée, la Grande Panda entend rester dans le cadre simple et accessible de ses origines. Pas facile, surtout avec une version 100 % électrique. Et pourtant…

« C’est dans les vieux pots… ». Vous connaissez cet adage par cœur. Ces dernières années, il est réinterprété, notamment dans le secteur automobile. Ainsi, dans le sillage des R4 et R5 du nouveau millénaire lancées récemment par Renault, la Panda nouvelle génération lorgne également dans les rétroviseurs de Fiat pour attirer les plus nostalgiques d’entre nous. La marque italienne aurait tort de s’en priver au vu du succès de sa 500 depuis sa relance en 2007. Un succès tel qu’il a d’ailleurs éclipsé le reste de la gamme, au sein de laquelle seule la Panda est parvenue, en Europe, à survivre.

Le coup de la nostalgie n’est toutefois pas possible avec tous les modèles : au sein du catalogue historique de la FIAT, hormis la 500, les candidates n’étaient pas légion. Grâce à son fort capital sympathie durant ses 23 ans de présence sur le marché (1980-2003), la Panda première génération est apparue comme une évidence. Mais sur un marché peu enclin à apprécier les mini-citadines, exception faite de la 500, la nouvelle venue se devait de chercher une place à l’étage supérieur, d’autant que Fiat y est désespérément absent en Europe depuis l’arrêt de la Punto… en 2018. Ainsi est née la Grande Panda.

La Fiat Grande Panda est truffée d’astuces et d’Easter eggs

En choisissant ce segment, Fiat profite aussi, et surtout, d’une base technique existante : la plate-forme Smart-Car de Stellantis, celle sur laquelle repose déjà la récente Citroën C3. Elle permet à la Panda de grandir de façon significative (+34 cm par rapport à l’actuelle génération) pour atteindre 3,99 m, fourchette basse du segment. Malgré ses dimensions plus généreuses, la Grande Panda parvient à conserver le charme du modèle originel, grâce à un style cubique s’inspirant subtilement du trait initié par Giugiaro à la fin des années 1970. Par ailleurs, les designers, sous la houlette de François Leboine (Renault R5 Prototype en 2021), ont truffé la carrosserie de 27 logos et inscriptions FIAT : à vous de les découvrir. Mais outre cette ludique chasse aux œufs de Pâques, la Grande Panda se montre également pratique : dans sa calandre se cache un câble de recharge pour une borne 7,4 kW (type Wall Box). L’élément, proposé de série, sort et se range aisément. À noter que l’auto dispose toujours d’une prise à l’arrière gauche pour se brancher sur une prise domestique renforcée (câble en accessoire) ou une borne rapide (jusqu’à 100 kW). Cette dernière permet, selon la marque, de passer de 20 à 80 % de la charge en 27 minutes. En option, Fiat propose également un chargeur 11 kW que nous ne saurions vous conseiller. D’une part, le gain de temps de charge par rapport au chargeur 7,4 kW est limité (moins de 3 h au lieu de 3 h 40 environ). Et surtout, il condamne la prise dans la calandre : les ingénieurs se sont heurtés à la section plus importante du câble 11 kW, trop lourd et impossible à enrouler.

Une présentation simple, mais pas simpliste

À bord, la Grande Panda conserve ce mélange entre ambiance moderne et nostalgique. La présentation est simple et permet d’accéder aisément à l’ensemble des commandes physiques, notamment pour la climatisation, que Fiat a eu la bonne idée de conserver. L’agencement vertical du mobilier offre un bel espace aux occupants qui n’ont pas l’impression de voyager avec le tableau de bord sur les genoux. Le passager bénéficie devant lui d’un astucieux vide-poche surmonté d’une deuxième boîte à gants cylindrique (en plus de la version classique). Cette disposition est rendue possible par le déplacement de l’Airbag dans le plafonnier : feue la Citroën C4 Cactus aura finalement fait des émules. Côté qualité, les plastiques sont certes durs, mais au vu des tarifs pratiqués (nous y reviendrons), comment pourrait-il en être autrement ? Toutefois, la majorité des matériaux utilisés sont issus du recyclage, ce qui explique l’effet pailleté de certains éléments. L’ensemble est savamment rehaussé par des teintes vives, offrant ainsi un habitacle accueillant. Comme pour la carrosserie, les designers ont parsemé l’intérieur de clins d’œil au passé du modèle et de la marque. Soit de façon évidente, comme la petite Panda placée à côté de l’écran tactile. Soit de manière plus subtile : l’entourage de la console, située entre les deux sièges, évoque la piste au sommet du Lingotto, l’usine historique de Fiat située près de Turin. Et pourtant, cette Grande Panda n’est pas made in Italy : elle est assemblée en Serbie.

Tout ceci n’empêche pas la citadine Fiat de vivre dans son époque. Elle dispose, de série, de compteurs numériques (10 pouces) qui privilégient la lisibilité à la personnalisation. Quant à l’écran tactile, également proposé d’office, il repose sur une dalle de 10,25 pouces, offre une bonne réactivité et se connecte à Android Auto et Apple CarPlay sans fil. N’oubliez toutefois pas le câble de recharge : l’induction n’est proposée qu’en finition La Prima.

Une citadine habitable, mais ferme

En devenant Grande, la Panda nouvelle s’offre une habitabilité très correcte, notamment aux places arrière. L’espace réservé aux jambes des passagers est suffisant, et les caves à pieds sont parfaitement logeables, même lorsque les sièges avant sont au plus bas. À cela s’ajoute une garde au toit acceptable, notamment grâce à une banquette située proche du plancher. Revers de cette médaille, la position se révèlera peu confortable sur les longs trajets, d’autant que l’assise manque de longueur pour soutenir sous les cuisses et qu’elle affiche une certaine fermeté. Ces dimensions accrues bénéficient également au coffre qui propose un volume de 361 l (valeur en litres d’eau) permettant d’embarquer deux valises cabines et quelques accessoires. La banquette est fractionnable et rabattable, pratique pour un déménagement impromptu, mais il faudra faire avec un plancher loin d’être plat et un seuil de chargement un peu haut.

La Fiat Grande Panda offre un moment de douceur

Insérer une classique clé pour démarrer la Grande Panda : Fiat ne serait-il pas allé trop loin dans le côté vintage ? Si cet élément est présent sur la finition Red, le haut de gamme La Prima disposera bel et bien d’un démarrage mains-libres, contrairement à nos modèles d’essai. Les premiers tours de roues s’effectuent dans la dense circulation marseillaise. Malgré une puissance et un couple modestes (83 kW ou 113 ch et 120 Nm), la Grande Panda affiche une belle vivacité grâce à une bonne réactivité à l’accélération, ainsi qu’à sa direction, quelque peu légère. La douceur de l’électrique sied parfaitement à l’ambiance sereine de la voiture. Devenue citadine polyvalente, la Panda n’hésite désormais plus à s’attaquer aux enchainements de virages de la route des Crêtes, pour rejoindre La Ciotat, sur laquelle elle ne donne aucun signe « d’essoufflement ». Sa fermeté relative lui assure une belle stabilité (Citroën a conservé pour sa C3 la suspension à butées hydrauliques). Tout ceci avec modération, bien sûr : cette Panda électrique reste une citadine qui n’a aucune velléité sportive. Néanmoins, elle sait se montrer dynamique en cas de besoin : ses relances sont franches et permettent de s’insérer aisément sur voie rapide ou de dépasser en toute sécurité. C’est lors des manœuvres que la Panda se montre la moins à son aise : le rampage manque ainsi de fluidité, obligeant à donner un petit « coup de gaz » pour placer la voiture, et il faut parfois s’y reprendre à deux fois pour valider le passage entre les marches avant et arrière.

Quant au bouton C placé au niveau du sélecteur, il est directement repris à la Citroën C3. Il agit à l’inverse de la commande B disponible sur les autres modèles électriques de Stellantis : en l’activant, le conducteur réduit l’intensité du freinage régénératif. En raison de son emplacement, cet équipement, proposé de série, sera peu utilisé. Par ailleurs, la différence entre les deux modes est trop subtile pour faire varier de façon notable l’autonomie de la voiture, annoncée à 320 km. Ce rayon d’action peut apparaître limité, mais il est suffisant pour une utilisation urbaine et périurbaine de la Grande Panda.

La Fiat Grande Panda est électrique, mais pas que…

À voiture simple, gamme très simple. Ainsi, la Grande Panda électrique est disponible en deux finitions : l’offre Red affichée à 24 900 € (climatisation manuelle, radars de recul, teinte rouge Passione…), et le haut de gamme La Prima proposé à 27 900 € (climatisation automatique, caméra de recul, teinte jaune Limone…). Le catalogue Grande Panda accueillera d’autres propositions dans les mois à venir. Si une nouvelle version électrique à l’autonomie réduite était dans un premier temps prévue, Nicolas Levêque, responsable marketing Fiat France, nous affirme que les choses ont changé : désormais, « une batterie plus grosse est prévue, pas plus petite ».
Pourtant, une Grande Panda électrique à moins de 20 000 € aurait été un message fort face à la concurrence, notamment chinoise. Toutefois, Fiat envisage une autre stratégie : animer sa gamme avec des promotions régulières en s’appuyant, le cas échéant, sur les incitations fiscales existantes. Et cela dès le lancement. Ainsi, en France, la Grande Panda électrique bénéficie déjà d’une remise de 2 000 € qui peut se cumuler avec le bonus écologique 2025 (jusqu’à 4 000 €, selon les conditions de ressources). Le ticket d’entrée de cette version électrique peut descendre à 18 900 €, soit exactement le prix de la future Grande Panda Hybrid. En effet, s’appuyant sur la plate-forme multi-énergie Smart-Car, Fiat ouvre la palette de motorisations de sa citadine à l’offre hybride 48 V reposant sur le 3-cylindres 1.2 l 100 ch associé à la boîte robotisée à double embrayage, déjà présent sous le capot de la 600 Hybrid. Cette version est prévue pour juin 2025.

Notre avis sur la Fiat Grande Panda électrique

Avec cette Grande Panda, Fiat refait le coup de la Topolino : en partant d’une base similaire à celle utilisée par Citroën, les Italiens proposent un produit bien plus attractif. Son style séduisant attire le regard. Son ambiance vintage rassurante colle parfaitement avec sa douceur de conduite électrique relaxante. Ses astuces surprenantes devraient donner à réfléchir à des modèles, pourtant plus chers. Quant à son prix catalogue, s’il n’est pas le mieux placé du marché, Fiat sait se montrer commerçant… Et si vous recherchez une citadine à la polyvalence accrue, la future version hybride pourrait vous convenir.

Photos : Florian Chopin pour TA.

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