Malgré les réticences, pour ne pas dire l’opposition de plusieurs pays européens, l’Union Européenne semble prendre (au moins pour l’instant) la route qui mène vers la fin de la commercialisation des véhicules à moteurs thermiques en 2035.
Les ministres européens valident la date de sortie du thermique
Ainsi, lors de la réunion qui se tenait hier et même tard cette nuit à Luxembourg, les 27 ministres de l’environnement des pays de l’Union Européenne ont validé la proposition de la Commission européenne présentée en juillet 2021 dans le cadre du paquet « Climat Fit for 55 » qui met fin à la commercialisation des véhicules thermiques (mais aussi hybrides et hybrides rechargeables) à partir de 2035.
On nous rappelle à l’occasion de cette approbation européenne que l’automobile et le monde du transport terrestres représentent 15% des émissions des CO2 totales émises dans l’Union européenne.
Les députés européens vont désormais se saisir du dossier pour débattre autour cette proposition d’arrêt de la commercialisation des véhicules thermiques en 2035 et discuter des éventuels amendements proposés ici et là.
Si, dans les pays où l’on fabrique des automobiles et chez les constructeurs on commence à se réveiller et à bouger… comme la cavalerie, c’est à dire avec retard, on gardera à l’esprit que dans cet épineux dossier les politiques ont pris de l’avance sur le monde industriel et automobile et… que Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur a conseillé aux constructeurs de perdurer dans la production de moteurs thermiques tout en les priant de les exporter hord de l’UE.
On en déduira donc que la pollution atmosphérique, comme le nuage de Tchernobyl, s’arrête aux frontières, que cette décision européenne va sauver l’atmosphère de la planère et surtout que nos élus et politiciens ont encore une vision à court terme soumise à certains lobbies qui ont exercé une pression très importante depuis le Dieselgate by Volkswagen en 2015 plutôt que d’être pragmatique ou enclin à des discussions vers une transition énergétique douce, certes plus lente mais probablement plus acceptable et efficace que celle de la contrainte dure et… financière qui nous tombe dessus.
Les 27 ministres de l’environnement ont pris en compte des demandes ou amendements demandés par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Italie.
L’amendement appelé à tort « Ferrari », discuté par les députés le 8 juin dernier, qui permet aux constructeurs commercialisant en Europe moins de 10.000 véhicules/an d’obtenir une exemption de cinq années supplémentaires [ndla : le fin du thermique passe donc ici de 2035 à 2040] est validé.
Les minsitres ont aussi donné leur accord pour les carburants synthétiques ou les motorisations hybrides rechargeables si et seulement ces nouvelles technologies permettent d’atteindre l’objectif de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules qui les utiliseront.
Ces propositions d’amendement sans réelle portée semblent avoir été acceptées pour que nos politiciens se donnent une bonne conscience autour d’une décision politique et historique qui embarque la filière automobile européenne vers le zéro carbone mais surtout vers un risque économique et social dont on ne connait pas la portée.
Réactions officielles (molles ou convenues)
Agnès Pannier-Runacher, la ministre française de la Transition énergétique, qui présidait la réunion des ministres européens, a déclaré sur le sujet :
« Cela constitue un grand défi pour notre industrie automobile. Il s’agit d’une nécessité face à la concurrence chinoise et américaine qui a largement misé sur les véhicules électriques considérés comme l’avenir de l’industrie.Ces décisions prises en amont vont réellement permettre une transition planifiée et accompagnée pour ce secteur industriel. »
Xavier Horent, le délégué général de Mobilians (anciennement CNPA) a déclaré à suite de cette réunion des 27 ministres de l’environnement :
« A la demande de quelques pays, dont l’Allemagne et l’Italie dont on a vu les positions au cours des dernières 72 heures, les Vingt-Sept ont cependant accepté d’envisager un possible feu vert à l’avenir pour des technologies alternatives comme les carburants synthétiques ou motorisations hybrides rechargeables si celles-ci permettent d’atteindre l’objectif de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules.
C’est une bonne nouvelle, sur le fil, sous présidence française de l’Union européenne. La porte est ouverte, même si c’est timidement et tardivement, pour laisser la compétition entre les technologies jouer son rôle. Enfin ! Tout reste cependant à faire, dans le contexte économique actuel, le processus de décision n’étant pas encore à son terme, et sur fond de la nécessité d’une reconquête industrielle qui est absolument primordiale pour notre souveraineté ».
On prendra acte de sa déclaration, toutefois on reste surpris par sa position qui est plus celle de l’état français que celle d’un représentant du secteur automobile.
On se dira même qu’avec Mobilians, le Conseil National des Professions de l’Automobile est simplement devenu le représentant du monde de la mobilité durable ou de demain que l’état et certaines ONG veulent nous imposer à coups de pédales et de contraintes vertes.
Cette affaire va se discuter encore longtemps notamment à cause de la prédominance des chinois sur ce marché de l’électrique mais aussi à cause des problèmes d’approvisionnement en minerai et en semi-conducteurs sans parler du coût quasi prohibitifs des VE et de l’insuffisance des infrastructures de recharge qui risque d’être en Europe un frein important au développement de la mobilité électrique voulue par les dirigeants et les lobbyistes à tendance écologique !
Via AP, AutoInfos, Mobilians.