Si James Bond ne meurt jamais, le constructeur automobile Borgward meurt deux fois.
Après une première disparition au début des sixties, la marque s’éclipse une seconde fois au crépuscule de cette difficile année 2022.
Une existence mouvementée
La firme créée en 1919 par l’allemand Carl Friedrich Wilhelm Borgward en 1919 avait connu la réussite et le succès durant les année 1950 avant de disparaitre dans une première faillite en 1961.
En 2005, C. Borgward, le petit-fils du fondateur et K.L. Knöss annonçaient la renaissance de la marque.
En 2008, avec l’aide d’un gros investisseur chinois, Foton Motors, un constructeur d’automobiles, d’autobus, de tracteurs et de camions, les deux hommes font savoir qu’ils fondent la société Borgward Group AG à Lucerne en Suisse.
Sept ans plus tard, au Salon de l’automobile de Genève 2015, la marque ne présente alors rien si ce n’est un élégant coupé Isabella bicolore et il faudra attendre le fameux salon de Francfort 2015 pour découvrir le SUV BX7 qui passe presqu’inaperçu à cause de la bombe du Dieselgate qui vient d’exploser lors de l’ouverture de la réputée exposition allemande.
La vraie vie de Borgward ne démarre donc pas sous les meilleurs auspices.
Toujours en 2015 et comme pour faire oublier la présence chinoise, Borgward installe son siège social en Allemagne, à Stuttgart très exactement. Un peu plus tard, la marque annonce l’ouverture un «brand center» (shoiw room sensé annoncer ce que seront les concessions de la marque) qui est le premier puisqu’une trentaine sont prévus en Europe.
En 2016, Borgward fait même savoir qu’une usine européenne qui doit être construite à Brême en Allemagne.
Si, entre 2017 et 2019, quelques dizaines de milliers de SUV sont vendus, l’affaire ne décolle pas et on alors est très loin des 800.000 unités fabriquées chaque année qui avaient été annoncées lors de la relance de la marque.
Quand l’état chinois et les normes européennes s’en mêlent
En 2020, l’affaire ne va pas bien du tout et les chinois de Foton Motors décident d’arrêter les frais. Tout est arrêté ou presque. Les bureaux de Borgward sont vidés, les lignes téléphoniques coupées et la dernière maintenance du site internet n’est plus assurée. Ca sent la mort !
A cette époque, Borgward n’est déjà plus que l’ombre de lui même malgré une refonte du projet et l’arrivée des BX3, BX6, BXi7 et BX5 qui étaient des SUV certes classiques mais plutôt bien conçus.
En Allemagne, la marque ne démarre pas du tout et demeure quasi invisible sur le marché face aux pros des SUV que sont Audi, Volkswagen, BMW et Mercedes-Benz.
A la rentrée 2020, l’annonce des nouvelles normes européennes Euro7 pour 2025 finissent de doucher Foton Motors, qui a déjà cédé une partie de Borgward à deux sociétés en 2019 dont 67% à Ucar, une société chinoise spécialisée dans le covoiturage. Les chinois laissent alors la marque à la dérive.
Entre les années 2016 à 2018, le constructeur automobile a subi des pertes s’élevant à 565 millions de dollars, et l’année dernière, c’est a dire en 2021, il aurait perdu beaucoup plus à cause des méventes de ses 4 SUV. Si les Borgward étaient vendus comme des véhicules allemands, on gardera à l’esprit que les modèles étaient produits en Chine. Par ailleurs, dès début 2020, Borgward, pas encore solide, a pris de plein fouet la crise sanitaire liée au Covid-19 et les fameuses mesures » Zéro Covid » imposées par les dirigeants du pays.
Alors que la marque pensait conquérir l’Union Européenne, dès 2020, seul un représentant installé au Duché du Luxembourg représentait la marque en Europe, ce qui était très insuffisant pour que l’entreprise soit viable.
L’ex gamme de SUV Borgward.
Ainsi, la société Borgward vient d’être déclarée en faillite et ses dirigeants vont essayer d’obtenir une décision favorable du tribunal allemand compétent pour, au minimum, vendre ses actifs restants afin de couvrir une partie de ses créances.
Via Autocar, ANE, AP.