L’affaire s’est ébruitée hier en début de soirée. Elle est officiellement confirmée ce matin, le chef de l’état prend « la voiture par la prise de recharge » et annonce de nouvelles mesures en faveur des véhicules électriques et à destination de ceux qui souhaitent en faire l’acquisition.
Bien évidemment, ces annonces se font le jour de l’ouverture du Mondial de l’Auto Paris 2022 et à quelques heures de la visite du président Macron à l’exposition qui se tient Porte de Versailles.
Prenons donc quelques instants pour voir de quoi il retourne exactement.
Augmentation du Bonus écologique
Emmanuel Macron a dit :
« Nous voulons rendre la voiture électrique accessible à tous, nous allons même porter le bonus écologique de 6.000 à 7.000€ pour la moitié des ménages, les plus modestes« .
Attention toutefois à cette annonce qui a ses limites tant pour le prix du VE que pour sa durée dans le temps.
Cette prime pour l’achat d’une voiture électrique semble être rétroactive puisque le Ministère de l’économie précise qu’elle est valable depuis la mi-août pour les véhicules électriques neuf d’une valeur inférieure à moins de 47.000€. Par ailleurs, la période de facturation possible aux clients est prolongées jusqu’au 30 juin 2023 mais seulement pour les véhicules commandés avant le 31 décembre 2022.
Autant dire que le chef de l’état compte plus sur l’effet d’annonce et quelques milliers d’acheteurs qui verront ici un effet d’aubaine financière (ou fiscale) dans cette subvention à l’achat de 7.000€. On notera aussi qu’Emmanuel Macron ne s’est pas appesanti sur les conditions de revenus nécessaires pour profiter de cette augmentation de 1.000€du bonus écologique. Il y a fort à parier qu’elle touche les ménages les moins aisés financièrement, c’est à dire ceux qui n’achètent pas de VE habituellement mais plutôt des voitures thermiques d’entrée de gamme ou des véhicules d’occasion.
Pas sur que cette mesure aide à la vente de 1.000€ permette l’achat d’une Peugeot e-208 ou d’une Renault Mégane E-Tech 100% électrique déjà hors de portée financière pour des ménages aux petits budget.
On pensait que la mesure aurait des contraintes et notamment celle de la provenance du véhicule électrique. Il semble qu’il n’en soit rien et ainsi les voitures venues de Chine vont pouvoir profiter à plein de cette mesure. Emmanuel Macron demande simplement qu’on renforce la préférence européenne et que les français fassent le choix de l’achat de voitures fabriquées en Europe, c’est à dire les plus chères.
Comme il n’y a rien d’impératif, on aura notamment une pensée pour MG Motor et à sa berline MG4 qui pourrait voir son tarif d’accès, bonus écolo déduit, passer de 22.990€ à seulement 21.990€ jusqu’à la fin de l’année. A suivre dans les prochaines heures ou prochains jours.
Puisqu’on parle de Bonus écologique, rappelez vous qu’au 1er janvier 2023, il passera de 6.000€ à 5.000€.
Un bouclier pour les bornes
Le président a ensuite annoncé que les bornes de recharge profiteront de l’extension du bouclier tarifaire à partir du 1er janvier 2023. Le chef de l’état dit vouloir que les prix restent raisonnables aujourd’hui et il veut s’assurer qu’ils le resteront demain. On ne sait pas si cela concerne l’ensemble des opérateurs du secteur ou certains types de bornes. Il se murmure que les bornes « rapides » seraient exclues du système mais là encore des précisions sont attendues de la part des services du ministère de l’économie.
On gardera toutefois à l’esprit qu’actuellement chez certains énergiciens présents le long de nos routes et autoroutes, le prix du » kilomètre électrique » est déjà plus onéreux que le prix du « kilomètre thermique » et plus particulièrement diesel.
Le VE à 100€ par mois
Le président Macron a évoqué sa fameuse promesse de campagne qui annonçait un véhicule électrique pour 100€/mois.
Prévue initialement en 2022, reportée plus fois pour des « raisons techniques », le mécanisme d’aide à l’utilisation d’un VE semble pointer à l’horizon de fin 2023.
Emmanuel Macron assure vouloir mettre en place son dispositif de leasing de VE à 100€ par mois dès l’an prochain même si pour l’instant aucun projet n’a encore vu le jour. Emmanuel Macron a toutefois pris soin de préciser quelques modalités et de dire :
« Les précommandes seront prises pendant le deuxième semestre de l’année 2023 et les premières livraisons de véhicules électriques auront lieur durant les premiers mois de 2024 ».
A voir et surtout à voir pour quelle auto électrique ? Si c’est pour disposer d’une Dacia Spring (fabriquée en Chine) aux performances globales limitées à un usage urbain ou péri-urbain, il y a fort à parier que l’impact soit faible.
Par ailleurs, on relèvera qu’un ménage qui a déjà de la peine à boucler sa fin de mois et qui possède une auto en état de circuler n’a aucun intéret à se passer de 100€ par mois uniquement pour rouler dans un mini VE.
Relocalisons la production automobile
Le chef de l’état s’appuyant sur des souhaits du gouvernement a clairement fait savoir qu’à cause de la crise économique, énergétique et écologique actuelle, il fallait avoir la volonté de faire revenir en France la production automobile des marques nationales.
Le palais de l’l’Elysée a clairement fait savoir qu’il fallait relocaliser l’ensemble de la chaîne de production automobile électrique en France et ceci, de la production de batterie au recyclage complet des véhicules qu’ils soient thermiques, hybrides ou électriques.
Le président de la République a par ailleurs redit que son objectif de fabrication « made in France » était fixé à 2.0 millions de véhicules à l’horizon 2030, contre seulement 1.3 million l’an passé.
C’est un gros challenge pour les groupes Renault et Stellantis qui sont très largement installés hors de l’hexagone.
Mise en place d’un Fonds Vert
Le président a dit :
« Ce qui est insupportable pour nos compatriotes, c’est quand ils ont le sentiment que la ville leur est interdite. Il faut donc aider et accompagner accompagner les ménages qui ont les véhicules les plus polluants pour les aider à changer leurs véhicules et accéder au centre-ville, en lien avec les collectivités territoriales et les employeurs. »
Pour nous aider à accepter et à supporter les fameuses ZFE, Emmanuel Macron fait savoir que 150 millions d’euros du Fonds vert seront affectés vers les Zones à Faibles Emissions (ZFE), pour accompagner les nouvelles et futures interdictions de circulation des véhicules les plus âgés dans les zones urbaines ou périphériques.
Nos vies d’automobilistes vont donc être « changées » par cette mesure qui ne fait que confirmer la mise en place des ZFE dans les villes.
Bien qu’en retard de 30.000 bornes sur son plan initial qui en prévoyait 100.000 sur le territoire, le chef de l’état n’a pas vraiment évoqué le problème de la recharge électrique que ce soit en milieu urbain ou rural . On imagine que l’état préfère laisser tout un chacun (entreprises, collectivités locales, particuliers) prendre en charge le problème et en se débrouillant pas ses propres moyens.
Un épineux dossier à suivre dans les prochaines semaines.
Via Les Echos.
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