Irrationnelle, provocante, déraisonnable, insensée, mais tellement démentielle qu’elle ne peut que développer cette séduction vénéneuse de ces objets mécaniques qui peuvent, au choix, vous emmenez au paradis ou en enfer.
Si le nom de Delage ne dit sans doute rien ou pas grand-chose aux jeunes générations d’automobilistes, il aura suffi du projet fou de Laurent Tapie pour l’insérer dans toutes les têtes des passionnés.
Jusqu’alors les Bugatti étaient les reines de la démesure automobile aussi bien en termes de technologie, de puissance comme de prix. Avec Delage c’est la résurrection d’une autre marque française très ancienne car fondée par Louis Delage en 1905 et qui, orientée sur le segment des autos de prestige, glorifié par des autos de course de haute technologie pour l’époque et, ce, jusqu’en 1954, monte encore d’un cran dans la démesure automobile.
En effet la Delage D12 c’est 1.115 ch pour seulement 1.300 kg, un moteur atmosphérique à 12 cylindres en V de 7.600 cm3 soit le plus gros moteur atmosphérique jamais produit en France depuis fort longtemps, un prix astronomique de deux millions d’euros, une vitesse maximale fixée à 360 km/h et une production prévue de seulement 30 exemplaires !
Tout cela vient de l’envie du constructeur de faire ressentir les sensations d’une Formule 1 dans une auto homologuée pour la route, un peu comme avec une Caparo T1 britannique ou une Hulme F1 née en Nouvelle Zélande.
Pour cela les choix techniques sont ceux de la reine des sports mécaniques : la même architecture mécanique, une monocoque et une crash box en carbone, des jantes à effet aérodynamique également en carbone, des suspensions contractives, et… deux places ! Mais, afin de conserver une surface frontale réduite, elles ne sont pas côte à côte mais, dans l’axe, l’une derrière l’autre comme dans un avion de chasse, c’est prestigieux, ou comme dans une Renault Twizy ce qui l’est moins…
La D12 est hybride, le monstrueux V12 est couplé à un moteur électrique de 82 kW ou 112 ch. Plusieurs modes de conduite sont possibles, totalement électrique pour la ville (!), hybride pour la route, hybride afin d’obtenir une puissance maximum pour les sorties sur circuit, et mixtes avec 432 configurations possibles.
On ne pénètre pas dans la Delage D12 par de classiques portières mais en soulevant une verrière, une nouvelle référence à un avion de chasse. Les amateurs du genre se souviendront alors de la Tramontana qui se la jouait comme un avion (de chasse) sans ailes.
A l’intérieur, dans le petit cockpit, le siège sera moulé sur le corps du conducteur, idem pour le volant avec ses mains et les repose- pieds et pédales adaptés. On nretrouve un tableau de bord très technologique ou très aviation, le luxe et les belles matières en plus.
Avec cette D12, Dela a dans l’idée d’établir comme référence le meilleur temps absolu sur le circuit du Nürburgring et, s’il vous prend l’envie de vous y frotter avec votre propre Delage D12, vous pourrez même le faire accompagné du son du système audio ultra haut de gamme Focal. Toutefois les amateurs de belles mécaniques préféreront les vocalises rageuses du moteur 12 cylindres 7.6 L qui doit savoir donner de la voix.
Alors, rêve ou cauchemar ? Je vous laisse le choix…
Photos : A.Berson pour The Automobilist
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