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Marwan Khiat, designer Skoda, nous parle de la nouvelle Octavia

Profitant, il y a quelques semaines, du lancement de la quatrième génération de la berline et du Combi (break) Skoda Octavia, nous sommes allés à la rencontre de Marwan Khiat.
Le designer, qui officie depuis de nombreuses années au sein du bureau de style Skoda, a notamment en charge la création et le développement des habitacles c’est à dire du mobilier des véhicules de la firme automobile de Mladà Boleslav.

TA : Bonjour Marwan Khiat, comme toujours, ravi de reprendre contact avec vous lors de l’événement important qu’est cette fois-ci le lancement de la nouvelle Skoda Octavia, un modèle très important pour votre marque.
Avant d’aborder la voiture nous allons commencer, si vous le permettez, par une question qui vous concerne directement et que beaucoup de passionnés se posent :
Qu’elle est une journée type d’un designer chez Skoda ?
Bonjour à vous, et bien écoutez c’est une journée assez normale qui ressemble à beaucoup d’autres.
C’est vrai que le travail de désigner automobile sonne souvent comme “dreamjob” et les gens pensent que c’est un travail diffèrent des autres. Mais en fait c’est exactement le même processus et la même routine que dans tous les domaines créatifs.
Nous avons des journées très focalisées sur la recherche de tendances, des journées durant lesquelles nous dessinons beaucoup, des journées de suivi de maquette et des journées où nous devons se remettre en question. Mais je l’avoue qu’une journée type est très fréquemment un mix de tout cela. C’est pour cela que le métier assez excitant et pas monotone du tout.

TA : Passons maintenant à cette nouvelle Octavia, quatrième génération de la nouvelle ère Skoda, quelles ont été les directives et les lignes de conduite qui ont orientés ce renouvellement ?
MK : C’est très simple, pour nous c’est complètement une nouvelle voiture. Bien sûr nous avons une stratégie design que nous développons et mettons en valeur pour garder l’ADN de l’octavia et de Skoda. Cependant pour nous l’Octavia devait être ce qu’une Skoda doit faire au mieux, une parfaite combinaison d’un fonctionnalisme Skoda avec une approche plus émotionnelle. Continuer sur un design cristallin qui permet à l’Octavia de se distinguer plus qu’auparavant. Une discrete perfection.
TA : Quelles ont été les plus grosses contraintes en termes de design sur cette nouvelle Octavia ?
MK : Le cœur du métier d’un design industriel est majoritairement de jouer et de trouver les bons compromis entre des contraintes techniques et le design que nous voulons développer. L’industrie automobile excelle en cela. Je n’ai pas en tête une contrainte en particulier qui prend le dessus mais l’octavia n’échappe pas à ces règles. C’était un grand puzzle de contraintes à dompter pour arriver au design que vous avez aujourd’hui. Je pense que nous avons réussi notre mission.
TA : Depuis 1996, l’Octavia évolue stylistiquement d’une manière presque logique (avec succès), est-elle devenue pour vous la « Golf » de Skoda (pour nous c’est le cas) ?
MK : Vu le nombre de ventes de l’Octavia pour Skoda, la comparaison peut être facilement faite. C’est clair que pour nous, en tant que designer, et pour Skoda, l’Octavia est une voiture très importante. C’est l’icône de la marque ou dans certains pays presque dans chaque famille une Octavia est présente. Le nombre de ventes le confirme.
Pour nous c’est vraisemblablement un des modèles les plus importants.

TA : Elle est dans la droite ligne de la Superb, est-ce une volonté de « monter » en gamme ou une harmonisation du design de la gamme ?
MK : C’est une harmonisation de la gamme. L’Octavia se dote de ce renouvellement de design qui est plus émotionnel et répond aux demandes de nos clients. Nos voitures sont plus élégantes et cela se voit.  
TA : Avec ces lignes modernes, acérés et dynamiques, ne craignez-vous pas que la nouveauté prenne des clients à la Superb ?
MK : Pas du tout. Ce n’est pas le même produit. Avec l’Octavia en segment C/D, nous sommes dans un segment clairement différent de celui de la Superb qui est dans le E. Ce sont deux voitures différentes qui répondent à des besoins bien distincts. Nous gardons cependant une qualité, une élégance et une âme qui est la même.
TA : Les lignes rigides et dynamiques (ce n’est pas du tout une critique) de la nouvelle Octavia mais aussi de l’ensemble des Skoda sont-elles appelées à perdurer comme signature esthétique Skoda ?
MK : Oui, ce que l’on peut voir sur la nouvelle Octavia est ce qui deviendra par le futur des critères essentiels dans l’AND du design de la marque : des lignes dynamiques, des volumes généreux avec des surfaces tendues et bien sûr l’approche cristalline que vous connaissez déjà. C’est une continuité logique de ce que nous avons déjà présenté dans le passé et ce que nous allons présenter dans le futur.
TA : La calandre de l’Octavia s’est encore agrandie, une impression encore plus accentuée par la nouvelle forme des optiques, est-ce vraiment une tendance lourde en ce moment et pensez-vous avoir atteint une taille maximum chez Skoda ? Et quelle est le but de cela ?
MK : Concernant ce point précis, la réponse est très simple. En tant que designer, le plus important pour nous c’est les proportions et le caractère que nous voulons donner au véhicule. La calandre Skoda est un élément important dans le langage design de la marque. Sa forme, sa taille, ses lamelles verticales sont des éléments-clés. Pour nous la taille de la calandre sur L’octavia est juste parfaite par rapport aux proportions de celle-ci. C’est impossible de dire si la calandre va être plus grande ou plus petite dans le futur. Tout dépendra du design brief et des proportions du véhicule.

TA : Avec presque 4.70 m l’Octavia est définitivement entrée dans le segment D, est-ce un choix délibéré pour faire de la place à la Scala ou est-ce lié à une demande de la clientèle… ou tout simplement pour offrir plus d’habitabilité dont un coffre plus imposant ?
MK : Pour nous l’Octavia n’a pas changé de segment. Skoda se positionne tout le temps un poil plus haut dans le segment si on regarde les tailles des véhicules en général. Ayant la même plate-forme que le Golf vous comprendrez mieux ce que je dis. Par rapport à l’ancienne les quottes sont presque les mêmes. Donc pas de changement de stratégie pour nous. L’Octavia et la Scala restent à leur place respective.
TA : Au moment de la conception de cette Skoda Octavia, avez-vous envisagés un autre type de carrosserie mis à part ceux qui sont habituellement proposés ?
MK : Non pas du tout, nous restons fidèle à nos principes et modèles.
TA : La nouvelle planche de bord de l’Octavia parait s’inspirer de celle de la Golf 8, cela parait logique puisque les deux modèles sont construits sur la plateforme MQB mais ne trouvez-vous pas que cette montée en gamme « technologique » l’éloigne de sa volonté d’être accessible, pratique et simple ? Est-ce la fin du « Simply Clever » et donc de la philosophie des années 2000 de Skoda ?
MK : Pas du tout. C’est clair que partager la même plate-forme nous donne des contraintes d’architecture mais en matière d’accessibilité, de praticité et de simplicité nous gardons notre cap. Nos intérieurs sont en premier lieu des espaces de vie que nous traitons dans une simplicité pour amener une habilitée parfaite et une utilisation facile des espaces.
La montée en gamme technologique comme vous le dites n’est plus considéré aujourd’hui comme tel proprement dit. Surtout si nous parlons de connectivité, de nouveaux modes d’utilisation et de nouvelles technologies. Cela est juste une réponse naturelle vu les tendances actuelles en matière de connexions vers l’extérieur et technologie qui sont de plus en plus démocratisées.
C’est le « Simply Clever en mode 2.0 » si vous voulez.

TA : Y a un élément dans l’habitacle qui a fait beaucoup parler, et cela avant même la présentation officielle de l’Octavia, grâce aux sketchs qui ont été dévoilés quelques jours avant, il s’agit du tout nouveau volant à deux branches qui n’est pas commun, pourquoi avoir choisi cette configuration qui est bien plus classique et qui peut aussi dérouter certains clients habitués aux volants trois branches de Skoda ?
MK : C’est toujours intéressant de voir les commentaires juste après un changement. Je pense que si internet existait dans le passé nous aurions lu exactement les mêmes commentaires quand certaines marques sont passés des 4 à 3 branches.
Je pense que nous avons un des meilleurs volant sur le marché. En premier lieu nous voulions avoir des vrais boutons poussoir. Pour nous c’est hyper important pour l’utilisation. Un équilibre entre les écrans tactiles et boutons poussoir est primordial dans un intérieur de voiture. En deuxième lieu nous voulions un volant aérien et léger, d’où énormément de 3D et de vide entre les branches et l’airbag.
Les deux branches accentuent l’horizontalité de nos tableaux de bord et offriront dans le futur plus de possibilités de différenciation.
Je pense que nous avons ici un volant qui sera très bien apprécié dès les premiers essais. J’en suis sure.
TA : L’Octavia en version hybride arrivera en 2020 sur le marché, sur les photos officielles on la découvre avec des roues « aérodynamiques » noircies, est-ce un impératif (déjà vu chez d’autres constructeurs) marketing pour signer cette version hybride ou un vrai choix de designer ?
MK : Un des points essentiels dans la mobilité électrique est l’autonomie. Cette dernière est fortement liée aux quotients aérodynamiques du véhicule. Sachant que moins de résistance à l’air nous donne plus d’autonomie. Ces roues « pleine » jouent un rôle très important dans ce domaine.
En tant que designer, cette jante quasi pleine nous ouvre un terrain de jeu très intéressant qui nous fait passer d’un univers 3D vers un univers ou le graphisme et la 2D sont de rigueur. C’est très « challengeant » pour nous et nous aimons cela.
TA : L’Octavia 2020 aura-t-elle un équivalent « full electric » dans les prochaines années et dans le cadre du programme EV très ambitieux du groupe VW ?
MK : Nous commençons une nouvelle page de l’histoire Skoda qui est nous focaliser sur ce que l’on appelle désormais la mobilité électrique.
Beaucoup de modèles découleront de cette nouvelle stratégie comme vous pouvez l’imaginer. Avec l’Octavia nous nous inscrivons dès à présente dans cette stratégie en pressentant dans un future proche un véhicule hybride électrique qui sera sous la ligne iV que Skoda a déjà présenté avec le Vision iV et la Superb iV.
TA : Les évolutions de la gamme Octavia prévoit-elle réellement le retour des versions RS et Scout ?
MK : Je pense que vous avez déjà une idée de la réponse donc je laisserai ce point ouvert pour les semaines et les mois à venir.
TA : Nous avons commencé avec vous et nous allons donc finir avec vous, quelles sont vos ambitions et sur quel type de voiture ou projet vous aimeriez-vous travailler ? 
Vu mon caractère je pousserai toujours mes ambitions plus haut. Je pense que c’est la clé de la réussite. Du moment où il y aura du challenge et des réponses à des besoins précis je serai de la partie. Pour l’instant Skoda répond très bien à mes attentes donc je suis bien.
TA : Merci Marwan Khiat pour ces explications et précisions ainsi que pour le temps que vous nous avez accordez en cette période de lancement.

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