La séance du dimanche avait été une véritable partie de poker menteur.
Chaque protagoniste avait décidé de ne rien dévoiler de sa vitesse maximale alors ce fut une véritable partie de cache cache. Il suffisait d’aller pointer les scores sur les radars. Entre dimanche et mercredi après midi, les gaps étaient spectaculaires !
Tout est affaire de temps chronométrés mais aussi de vitesse de pointe cachée !
Songez donc : Si les Toyota culminaient péniblement un peu au dessus des 330 km/h lors des préliminaires, mercredi après midi à peine les essais libres engagés, les deux nipponnes éclataient le mur des 340 kilomètres/heure. Il suffisait d’ailleurs d’aller se poster un peu avant la chicane Ford pour voir que dimanche les ténors laissaient très longtemps le pied sur le frein. Juste le temps de se recaler sur les 3 min 30 sec définies par toutes les écuries de pointe comme limite à ne pas dévorer sous peine de rectification de la balance des performances.
Il en fut tout autrement lors de la première mi-séance du mercredi. D’’entrée, les Peugeot puis les Toyota passaient sous les 3 min 29 secondes. Benton Hartley se permit même un sulfureux 3 min 28 secondes 375.
Les deux Peugeot elle-aussi haussaient le ton même si quelques pépins venaient encore handicaper quelque peu les plannings d’essais et leurs imposaient de rester à bonne distance des ténors.
S’il y avait une marque discrète, c’était bien Ferrari. Jamais en début de séance on vit les voitures italiennes en haut de la feuille des temps.
Les spécialistes manceaux aiment cette discrétion. On sait en effet que lors de ce type d’essai chaque vibreur chahuté, chaque survirage massacreur de liaison au sol, chaque traumatisme imposé à l’auto se fera, à un moment ou un autre lourdement sanctionner durant la course. La nuit mancelle a une terrible mémoire de chaque énervement des pilotes et des mécanos.
Pour Porsche, c’était un peu plus compliqué. « On se rend bien compte que les Ferrari en tout cas sont plus vite que nous. Surtout en Vmax. « Le constructeur allemand ne cachait pas son inquiétude d’autant que le retour de Porsche impose un comportement exemplaire. « Nous le savons bien, quand on s’appelle Porsche au Mans, on vient pour gagner« .
Lorsque vint le temps de la « vraie » qualif, celle qui définissait les huit voitures par catégorie qui pourraient le lendemain jouer le haut de grille lors de la redoutable « Hyperpole ». On vit même Jaminet se cracher dans les mains pour que sa Porsche soit de la fête.
Un coup d’oeil sur les temps réalisés durant les essais libres
Ferrari Corse à la fête
C’est alors que Ferrari fit parler la poudre. 3 min 25 sec 213 et des « brouettes » pour les deux Ferrari 499P qui sont passées devant les deux Toyota. Suivaient les deux Porsche 963 de Mako et Jaminet, puis les deux Cadillac V-LMDh de Bourdais et Bamber. Tout cela dans une poignée de dixième. Pour l’Hyperpole de jeudi, on vavoir ce que l’on va voir et ça risque de se bagarrer ferme entre toutes les équipes qui voudront aller chercher la pole mais aussi une place dans le TOP 4.
En catégorie LMP2, les huit équipes qualifiées sont Jota, Wrt, Prema, Idec, Vector, Cool Racing Team Turkey et la deuxième Prema.
En GTE AM, les deux Ferrari 488 GTE Evo d’AF Corse ont tout explosé, la Corvette officielle, les Aston Vantage ORT by TFT, celle du GMB Racing, encore deux Ferrari 488 GTE Evo du Kesssel Racing ainsi qu’une autre d’AF Corse.
On notera que 5 des 8 autos présentes pour l’Hyperpole sont des autos de Maranello. Sans détour, on pourra presque dire que le WEC réussit bien mieux à la firme de Maranello que la F1.
Il y a toutefois une ombre à ce tableau. Pas une seule des Porsche 911 RSR engagées dans la course mancelle ne participera à la fête ce jeudi soir. Mais comme on dit du côté de Stuttgart : « C’est à la fin de la foire… »
La dernière séance de nuit vit une belle prestation des Porsche Penske. Une grosse frayeur vint mettre la pression chez Toyota avec une des deux voitures qui effectuait un tour du rond point du virage de Mulsanne, sans trop de dommage mais qui fit passer un gros frisson chez les très nombreux spectateurs présents alors qu’il était déjà fort fort tard.
Les classements des TOP 8 de chacune des catégories (Hypercar, LMP2, LM GTEam)
Tableaux : ACO/24 Heures du Mans